Dans les prairies et pâturages permanents, les stratégies pour s’adapter à la sécheresse sont extrêmement restreintes. En cas de sécheresse générale, l’irrigation artificielle représente une solution peu écologique et pouvant occasionner des conflits. Pour ces raisons, il s’agira d’améliorer la capacité du sol à absorber l’eau, en accordant une attention particulière à la formation d’humus et en réduisant le plus possible l’évaporation moyennant des peuplements végétaux denses.
Des pores grossiers
Le sol ne peut fournir suffisamment d’eau aux plantes que si son réservoir est constamment rempli par la pluie. Or les sols poreux absorbent mieux l’eau des précipitations. La structure idéale se compose de pores de tailles petite et moyenne ainsi que de pores grossiers et stables qui s’enfoncent verticalement dans le sol. Ces cavités se forment principalement sous l’action des organismes vivants du sol (p. ex. les vers de terre) et des racines épaisses qui poussent dans la terre. Les pores créés par les plantes à racines pivotantes, comme le pissenlit et le trèfle violet, peuvent dépasser deux mètres de profondeur. Ces plantes sont donc indispensables dans les surfaces herbagères. L’application régulière d’engrais de ferme et un peuplement riche en trèfle favorisent en outre la présence de vers de terre. La couche superficielle du sol doit quant à elle impérativement être grumeleuse pour que l’eau s’infiltre bien.
A l’inverse, le tassement entrave l’infiltration en réduisant l’enracinement et le volume des pores. L’eau s’écoule alors davantage à la surface, stagne puis s’évapore.
Le rôle des racines
Les variétés aux racines peu profondes comme le pâturin commun ou le pâturin annuel ne s’enracinent que dans la couche superficielle du sol. Elles ont donc besoin de pluies régulières. Les variétés aux racines profondes, quant à elles, couvrent aussi leurs besoins grâce aux couches plus profondes et aux eaux souterraines qui remontent par capillarité. Ainsi, elles résistent plus longtemps aux périodes de sécheresse. On compte parmi les plantes d’herbage aux racines particulièrement profondes (150 cm ou plus) la luzerne, le trèfle violet, la centaurée jacée, la knautie des champs et la fétuque élevée. En présence d’un rapport équilibré entre les différentes espèces et la taille de leurs racines, les réserves d’eau du sol sont mieux utilisées du fait de la faible concurrence racinaire. Par ailleurs, le sursemis permet d’optimiser la proportion de plantes à racines peu profondes et profondes.
Les plantes à racines pivotantes sont indispensables dans une surface herbagère.
Stopper l’évaporation
Une exploitation intensive des herbages accroît l’évaporation de l’eau et l’assèchement de la couche superficielle du sol. En effet, lorsque la hauteur de la végétation diminue, la température et la vitesse du vent au niveau du sol augmentent. Ainsi, sur les sites menacés par la sécheresse, il convient de respecter une hauteur de coupe d’au moins 8 cm. Par ailleurs, le fait de réduire l’intensité d’exploitation favorise un enracinement plus profond. Plus les racines s’enfoncent dans le sol, plus les plantes ont d’eau à disposition (environ 20 mm / m 2 d’eau en plus). La surface herbagère est ainsi approvisionnée en eau pendant environ sept jours.
L’intérêt des mélanges
Plus la composition d’un mélange est variée, plus celui-ci pourra s’adapter à des conditions changeantes sur une même parcelle et sur plusieurs années. C’est le cas par exemple lorsqu’une parcelle est tour à tour utilisée pour l’affouragement en vert, pour la production de foin et pour la pâture. En revanche, un mélange qui sera seulement ensilé et coupé au stade idéal peut contenir moins de variétés. A noter cependant que les semis purs de graminées, par exemple, sont très exigeants en termes de fumure, tandis que les semis purs de luzerne le sont en termes d’emplacement. Les mélanges, quant à eux, ont des rendements plus stables, sont moins sensibles aux maladies et offrent plus de flexibilité en ce qui concerne le moment d’utilisation et la fertilisation.
Notre conseil
Trouver le bon mélange
Le catalogue des semences UFA 2023 offre un aperçu complet des différents mélanges de semences et contient le détail des compositions. Les nouveaux mélanges doivent être adaptés aux changements climatiques (période de végétation plus longue) et aux phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresse). UFA King Gold est un produit encore récent dans l’assortiment des mélanges sur trois ans. Il est adapté aux terrains relativement secs et contient donc de la fétuque élevée et de la luzerne.
A noter que les mélanges de cultures fourragères sont toujours prévus pour une certaine durée d’utilisation. En cas d’utilisation prolongée, les diverses espèces ont du mal à survivre, ce qui se traduit par un couvert végétal lacunaire et des pertes de rendement. Dans de tels cas, il est intéressant d’interrompre l’exploitation en surface herbagère et de revenir à la rotation.