« On y est enfin », déclarent Mark E. Zahran, CEO de Yasai, la startup spécialisée dans l’agricul ture verticale, et Daniel Schwab, Category Manager Légumes chez fenaco Produits du sol et responsable du projet d’agriculture verticale. Après plus d’un an de planification et d’installation, les deux hommes se réjouissent de la première récolte de la ferme pilote située à Niederhasli (ZH) : du basilic indigène tout frais, cultivé sans produit de protection des plantes et avec une faible consommation d’eau. Tout cela en plein hiver grâce à la technologie de pointe déployée dans cette localité zurichoise.
En octobre 2020, fenaco a annoncé sa décision de collaborer avec Yasai et d’investir un demi-million de francs dans l’installation pilote de la start-up. Cet engagement allait permettre à fenaco Produits du sol d’étudier les avantages d’une nouvelle méthode basée sur la culture en étages, qui vise à augmenter la productivité de manière significative tout en économisant de grandes quantités d’eau et en réduisant, voire en supprimant les produits phytosanitaires. La production en intérieur permet en outre de cultiver les plantes 24 heures sur 24 et 365 jours par an, de sorte que la part de légumes et d’herbes aromatiques suisses devrait augmenter. Cet engagement s’inscrit dans l’objectif coopératif de fenaco : soutenir les agricultrices et les agriculteurs suisses dans le développement économique de leurs entreprises. « Il s’agit aussi d’étudier et de mettre en place de nouveaux domaines d’activité », explique Daniel Schwab. « La clé d’une exploitation rentable réside dans l’ajustement et l’automatisation des processus. Nous produisons encore à petite échelle, mais petit à petit, nous serons en mesure d’augmenter nos quantités. » Des propos confirmés par Mark E. Zahran : « Pour l’instant, nous produisons du basilic. A partir de mars, nous ferons aussi de la menthe et de la coriandre. Nous prévoyons également d’étoffer notre assortiment avec des légumes-feuilles, voire des baies. »
Daniel Schwab, Category Manager Légumes chez fenaco Produits du sol« La clé d’une exploitation rentable réside dans l’ajustement et l’automatisation des processus. »
Bien que l’agriculture verticale expérimentée à Niederhasli n’en soit qu’à ses balbutiements, elle pourrait bien, un jour, conquérir le monde. L’installation pilote hautement automatisée se compose en effet de modules qui peuvent être assemblés pour former des installations de production de n’importe quelle taille. Yasai prévoit de vendre ce système dans le monde entier, par exemple dans des régions pauvres en eau ou en surfaces agricoles.
Le soutien d’un géant de la vente
Le commerce de détail a été rapidement informé du projet et Coop a pu acheter les premières récoltes : depuis le 24 janvier, le basilic produit à Niederhasli est vendu dans plus de 70 filiales de Zurich, Bâle et Lucerne. « Pour nous, c’est un moment décisif », confie Mark E. Zahran. « Maintenant que nous avons franchi l’étape de la faisabilité technique, nous devons réussir à convaincre les consommateurs·trices ». Le jeune entrepreneur sait que la tendance actuelle lui est favorable : on observe en effet une augmentation de la demande en aliments issus d’un mode de production durable, c’est-à-dire qui consomme peu d’eau et se passe de produits chimiques de synthèse.La recherche et la promotion de l’innovation ont aussi pris le train en marche : le projet initial est devenu un projet de recherche « Innosuisse ». Grâce à des prestations d’une valeur de près d’un million de francs, Yasai s’emploie désormais à optimiser tous les processus de la ferme verticale modulaire en collaboration avec des spécialistes de la ZHAW, d’Agroscope et de fenaco. Objectif : améliorer le rendement, la qualité, la durabilité et la rentabilité de l’installation dans le cadre de différents processus de travail.
Mark E. Zahran, CEO Yasai« Les nouvelles technologies et la production conventionnelle se complètent à merveille. »
Potentiel pour les agriculteurs·trices suisses
Qu’en est-il cependant du potentiel de cette nouvelle forme de production pour l’agricul ture suisse ? « Nous pensons que les nouvelles technologies et la production conventionnelle se complètent à merveille », affirme Mark E. Zahran. « Il nous reste toutefois encore quelques obstacles à franchir », fait remarquer Daniel Schwab. L’équipe a dû renoncer à l’idée de convertir des étables désaffectées à l’agriculture verticale. « Cette nouvelle technologie ne se prête qu’à des bâtiments d’une certaine taille et surtout d’une certaine hauteur. Or, dans bien des cas, les bâtiments agricoles ne remplissent pas ces conditions », constate Daniel Schwab. Si la mise en place n’est pas toujours aisée en zone agricole, il existe d’autres possibilités, telles que le regroupement de producteurs·trices en vue de financer et de créer une ferme verticale dans une halle industrielle inexploitée. « Les paysan·nes suisses ont l’esprit d’entreprise », affirme Daniel Schwab. « Les retours positifs me montrent qu’il existe un réel intérêt. Mais avant que les premiers innovateurs ne se lancent, la ferme pilote et le potentiel commercial doivent d’abord être validés. »Yasai et fenaco se chargent à présent du travail de persuasion nécessaire : en plus d’étudier les débouchés dans le commerce de détail, les deux partenaires proposeront bientôt des visites de leur ferme pilote d’agriculture verticale. « Les avis des personnes intéressées sont très précieux pour nous », affirme Mark E. Zahran. Une nouvelle technologie est en voie de percer sur le marché.
Faites-vous une idée
Le potentiel de l’agriculture verticale vous semble intéressant pour votre activité agricole ? Adressez-vous à la personne responsable chez fenaco Produits du sol, Daniel Schwab : daniel.schwab@fenaco.com
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