Le terrain est en pente, les sols sont trop lourds et la surface agricole utile est de toute manière trop restreinte. Il se peut que cela soit effectivement le cas. Mais l’expérience le prouve : le succès d’une exploitation dépend à raison d’au moins 60 % des capacités du ou de la chef·fe d’exploitation. Le site, la politique et le marché sont responsables des 40 % restants.
Autant de raisons de se remettre régulièrement en question et d’analyser de plus près son exploitation. La fin de l’automne et l’hiver s’y prêtent idéalement. Les conseillers·ères en comptabilité recommandent de se pencher au moins une fois par an, en détail, sur l’organisation des processus et sur la comptabilité. Des cours ou un coaching s’avèrent très utiles dans cette optique. Les participant·es y apprennent à découvrir leurs atouts personnels (voir encadré).
Réfléchir en prenant de la distance et du temps
Souvent, des moyens très simples fournissent une marge de manœuvre et du temps pour progresser et faire avancer son exploitation. Si l’on prend la peine de l’observer et de l’écouter, la nature est une source d’inspiration permanente. Une promenade prolongée à travers des contrées inconnues nous fournit de nombreux enseignements sur notre propre personnalité. Pour éviter d’être distrait de l’essentiel par les personnes qui nous accompagnent, il est préférable de faire le chemin seul.
Il en va différemment lorsque l’exploitation est gérée sous la forme d’une communauté. Dans ce cas-là, il est vivement recommandé que les partenaires se rencontrent dans un environnement neutre, bien aéré et sans lien avec leur profession pour procéder ensemble à une analyse de la situation.
Penser différemment signifie penser plus loin
La plupart des inventions et des découvertes extraordinaires résultent d’erreurs, d’une situation extraordinaire ou d’un stress. A titre d’exemple, il suffit d’évoquer l’histoire de la salade chicorée dont la culture résulte d’un hasard. En effet, les racines de chicorée ont longtemps été considérées comme des substituts au café jusqu’à ce que des agriculteurs belges les stockent dans des serres après une récolte abondante et finissent alors par découvrir, en cours d’hiver, de solides pousses blanches.
Juval Kürzi, un jeune entrepreneur, a quant à lui tiré sa motivation de la surpêche pratiquée dans les mers. Son « Rüebli Lachs » élaboré par Wild Foods GmbH, une startup fondée en 2020, est commercialisé depuis peu. Impossible de faire plus simple : des carottes suisses bio, un fumoir, des oignons, de l’huile de tournesol et voici que l’alternative au saumon fumé est prête. Qui aurait pensé qu’un tel produit parviendrait à conquérir les palais des consommatrices et des consommateurs ?
Farine issue de la meule de pierre
Nul besoin de quelque chose d’extraordinaire. Souvent, pour réussir, il suffit de faire les choses un peu différemment. Dans le village de Suchy, dans le canton de Vaud, sur les terres de sa ferme du Petit Noyer, l’agriculteur Stéphane Deytard sème plusieurs variétés de céréales au sein d’un mélange. Il moissonne lui-même sa récolte, avant de moudre ses céréales sur commande des boulangeries et des pizzerias voisines, à l’aide de sa propre installation. A cette occasion, les grains sont transformés en farine à l’aide d’une méthode ancestrale utilisant une meule en granit.
Vu le succès rencontré, Stéphane Deytard a déjà commencé à engranger des bénéfices cinq ans après avoir investi.
Stéphane Deytard estimait pouvoir amortir son investissement en 15 ans. Les boulangeries et les pizzerias ont commencé à augmenter leurs commandes après qu’elles aient remarqué que le procédé de mouture particulièrement doux permettait d’obtenir une farine de qualité exceptionnelle. Vu le succès rencontré, l’agriculteur a commencé à engranger des bénéfices cinq ans seulement après avoir investi.
Utiliser les crises en sa faveur
Nous devrions considérer les changements et les événements comme une opportunité. Pendant le confinement par exemple, les magasins pratiquant la vente directe ont été littéralement pris d’assaut par la clientèle. Si le haut de la vague est derrière nous, cette situation a néanmoins permis de démontrer qu’en cas d’événement grave, la population est prête à s’appuyer sur l’agriculture et à réaliser ses achats directement auprès des producteurs. Pour pratiquer efficacement la vente directe, les producteurs·trices devraient se regrouper au sein d’une organisation commerciale. Souvent, un local attrayant situé à un emplacement central au sein du village, la nomination d’un·e responsable et des horaires d’ouverture clairs suffisent.
L’emplacement définit la forme de commercialisation
Une exploitation éloignée de tout devra par contre opter pour une stratégie différente. Les personnes souhaitant se lancer seules dans le commerce en ligne seraient quant à elles bien inspirées de créer un site internet attrayant et de ne pas oublier d’optimiser leurs paramètres de recherche. Les cinq mots clés les plus importants doivent impérativement figurer sur la page d’accueil, Google effectuant sa recherche sur cette page. Les personnes actives sur les réseaux sociaux ont aussi tout intérêt à utiliser ces cinq mots clés.
Collaboration avec des prestataires
Toute exploitation n’est pas nécessairement en mesure de se charger elle-même de la vente et de la distribution, en plus de la production agricole. La Poste propose par exemple un service de livraison taillé sur mesure pour l’agriculture. Il existe aussi des solutions de branche complètes simplifiant grandement la collaboration au niveau régional ou la vente et la distribution (voir encadré).
Liens supplémentaires
- S’engager dans de nouvelles voies, à titre personnel, en tant que famille et avec son exploitation, Inforama (en allemand uniquement)
- Farine produite à l’aide de la meule à pierre – Ferme du Petit Noyer, 1433 Suchy (VD)
- Saumon fumé végane – Wild Foods GmbH
- Dossier sur la vente directe de la Revue UFA