Adrian Joss et Fritz Bruni produisent avec succès des poulets pour Bell Suisse SA depuis huit ans. Huit fois par an, 16 500 animaux prêts à l’abattage sortent de la halle avicole de Feldweg à Uetendorf, près de Thoune. La construction de la halle a permis à Fritz Bruni, aujourd’hui âgé de 57 ans, d’assurer la pérennité de son exploitation laitière de 13,3 ha.
Adrian Joss, agriculteur« Une chaise est stable lorsqu’elle a au moins trois pieds. »
Grâce à la diversification, Adrian Joss a obtenu plus de marge de manœuvre pour l’exploitation laitière et la pension pour chevaux, structures remises en 2013, alors qu’il avait 31 ans, par les parents de sa femme Christine, qui les gère avec lui. « Une chaise est stable lorsqu’elle a au moins trois pieds », voilà son credo à cet égard.
L’aménagement du territoire fixe des limites strictes
Sur le plan de l’aménagement du territoire, la construction et l’exploitation d’un poulailler constituent un développement interne d’une exploitation agricole avec une production indépendante du sol. Une exploitation doit donc pouvoir démontrer que 70 % des besoins alimentaires (en matière sèche, MS) du cheptel de volailles peuvent être produits sur sa surface cultivée. Ni l’exploitation de Fritz Bruni ni celle d’Adrian Joss n’auraient pu remplir ces critères avec leurs branches d’exploitation existantes et les surfaces utiles disponibles.
Dans le cadre d’une communauté partielle d’exploitation, la situation était cependant différente. Cette forme de coopération permet aux agriculteurs·trices de regrouper leurs capacités de production et leurs ressources. Outre les avantages économiques offerts, cette solution aide aussi à remplir les obligations légales qu’une exploitation seule ne parviendrait probablement pas à respecter. Dans ce cas, la communauté partielle d’exploitation a permis à Adrian Joss et à Fritz Bruni de se conformer aux règles strictes d’aménagement du territoire. Parce que la part de la production indépendante du sol représentait désormais moins de la moitié de la marge brute globale des deux exploitations, seule la moitié des besoins en MS devait être couverte dans le bilan.
Des processus de travail standardisés
Outre la conformité sur le plan de l’aménagement du territoire, la communauté partielle d’exploitation offre également aux deux agriculteurs des avantages en matière de gestion du travail. Ainsi, le matin, les deux sont au poulailler et le soir ainsi que les week-ends, ils se relaient. « Les méthodes de travail font partie de la routine. Comme nous nous voyons tous les jours, les échanges se font de manière optimale », soulignent les partenaires. Une fois que l’exploitation fonctionne, le risque économique est gérable. De plus, les risques économiques plus importants sont pris en charge par le fonds de couverture des risques de l’organisation de producteurs.
Fritz Bruni, agriculteur« Après la première rotation dans le poulailler, nous gagnons déjà de l’argent »
Avec un taux d’autoapprovisionnement de presque 70 % pour la viande de volaille suisse, il faut s’attendre à ce que les prix à la production restent stables. Le seul risque qui subsiste concerne la politique agricole, un risque que Fritz Bruni et Adrian Joss sont cependant prêts à assumer dans ce marché dominant en développement. « Après la première rotation dans le poulailler, nous gagnons déjà de l’argent », résume Fritz Bruni.
Le long chemin pour obtenir le permis de construire
Techniquement, la construction de la halle avicole selon le programme SST (systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux) chez Bell n’était rien par rapport à la procédure d’autorisation de construire qui a précédé le projet, comme l’explique Adrian Joss : « Le poulailler était prêt en cinq mois, la planification a, quant à elle, duré cinq ans. » Selon le cas et le site, les craintes liées aux émissions d’odeurs et au trafic peuvent déclencher une avalanche de recours.
Leur conseil aux collègues est le suivant : « Evaluer dès le début plusieurs sites et communiquer activement et suffisamment tôt sur le projet. Si les médias frappent déjà à la porte, il ne faut pas se refermer sur soi, mais expliquer de quoi il s’agit et comment cela fonctionne », dit Fritz Bruni, tout en sachant que l’autre partie parlera de toute façon ou l’a déjà fait. Selon les deux professionnels de la volaille, il ne faut pas prévoir un budget trop optimiste dans la procédure d’autorisation de construire comme il s’agit d’un projet de longue haleine.
Des perspectives grâce à une source de revenus stable
La vue depuis le bureau sur la halle du poulailler à travers la grande fenêtre prouve qu’il est aussi possible de se lancer dans la production de volaille et même de réussir dans un environnement strictement réglementé. Grâce à leur collaboration et à une planification judicieuse, les deux agriculteurs ont non seulement assuré la pérennité de leur exploitation, mais ont également créé une source de revenus stable. Demain déjà, le troupeau laisse la place à la nouvelle rotation et à des idées qui, un jour, ouvriront de nouveaux champs d’activité.
Une production de volaille intégrée
La société Bell Suisse SA est à la recherche d’agriculteurs·trices qui s’intéressent à la production de volaille. Elle dispose d’une production intégrée où est contrôlé l’ensemble des étapes de production des œufs, des œufs à couver au produit prêt à consommer. Son service sanitaire et de conseil aide les exploitations agricoles à se lancer dans la production de volaille et accompagne les producteurs·trices dans le cadre d’un partenariat ad hoc.