Matthias Brander (16 ans) apprécie son maître d’apprentissage. « Toni ne m’a pas seulement donné des instructions : il m’a surtout toujours expliqué pourquoi il faisait ainsi. » La transparence pratiquée dès le début par son maître d’apprentissage l’a rapidement aidé à se sentir à l’aise dans cette ferme de 26 ha située dans le Toggenburg. Grâce à cela, il a été très rapidement capable de traire de manière autonome, de distribuer de l’herbe en vert aux 36 vaches qui composent le troupeau ou encore de reprendre du foin au pont roulant en hiver, par exemple. Matthias Brander a aussi appris ce dont les truies ont besoin pour que leurs porcelets affichent de bons accroissements, aidé à cueillir des fruits en automne et secondé son patron en hiver pour des travaux de bûcheronnage.
Engagement réciproque
En tant que fils d’agriculteur, il est parfaitement conscient que chaque exploitation a des objectifs différents. Les expériences réalisées au cours de sa première année d’apprentissage permettent à Matthias d’effectuer de précieuses comparaisons avec sa place d’apprentissage actuelle.
Toni Huber, maître d’apprentissage« Un formateur qui n’aime pas travailler ne peut pas s’attendre à ce que ses apprentis s’engagent pleinement. »
Toni Huber souhaite que les jeunes qu’il forme à devenir de futurs agricultrices et agriculteurs apprennent à agir de manière autonome. « En tant que maître d’apprentissage, on doit expliquer pourquoi on fait les choses de telle ou telle manière. » Il attend de ses apprenti(e)s qu’ils / elles manifestent de l’intérêt : « Je trouve important que les jeunes viennent vers moi et qu’ils me posent des questions. Je leur consacre alors très volontiers du temps. » En tant que formateur, Toni Huber estime que son rôle de modèle est une condition incontournable à un tel engagement réciproque. « Un maître d’apprentissage qui n’aime pas travailler ne peut pas s’attendre à ce que son apprenti s’engage pleinement. »
Ouverture d’esprit
Les époux Huber savent ce que c’est que d’avoir des apprentis. Matthias Brander est le 29 e apprenti formé sur le domaine. Lors de la conclusion du bail, la commune souhaitait que la famille Huber continue à proposer une place d’apprentissage sur le domaine en fermage. Après avoir racheté l’exploitation, les Huber ont perpétué cette tradition avec leurs quatre filles.
Ils ont alors remarqué que les apprentis n’appréciaient pas seulement le fait de pouvoir donner des coups de main efficaces sur l’exploitation. « La formation est également l’occasion d’un échange mutuel », affirment les époux Huber. A leurs yeux, un formateur doit faire preuve de la même ouverture que celle qu’il attend de ses apprenti(e)s. Les deux parties y trouvent leur compte. « En règle générale, les ap-prenti(e)s ont réalisé des expériences sur l’exploitation de leurs parents. Cela peut aussi être précieux pour notre propre structure. » Au fil des nombreuses années où des appren-ti(e)s ont été formé(e)s, il est régulièrement arrivé que des idées venues de l’extérieur soient appliquées sur le domaine.
Aussi un travail de parent
Les Huber sont accueillants et veillent, dès l’arrivée de l’appren-ti(e), à ce que les membres de la famille nouent des liens avec lui / elle. Trudi Huber explique qu’il lui est aussi arrivé de réconforter des ap-prenti(e)s lorsque leur famille leur manquait ou qu’ils / elles avaient des soucis. Dans certains cas, il a fallu contacter les parents.
Toni Huber, maître d’apprentissage« Les apprentis entendent beaucoup de choses relevant de la sphère privée. »
Les Huber estiment tous deux que ce « travail de parent » est une condition incontournable pour que l’apprentissage soit un succès. Pour eux, ce rôle ne se limite pas aux discussions prévues dans le cadre de la formation d’apprentissage. Dans une exploitation, il arrive toujours qu’il y ait de la casse et que certaines choses ne se voient pas. Toutefois, selon Toni Huber, lorsque la relation est bonne, les jeunes sont davantage prêts à annoncer des dégâts de moindre importance. « Quand le lait d’une vache souffrant d’une mammite est dirigé par erreur dans le tank à lait, il est essentiel que je sois informé, afin d’éviter les conséquences qui s’ensuivent.
Il est aussi très important d’en discuter avec l’apprenti(e) pour qu’il / elle puisse corriger sa méthode de travail le cas échéant », affirme Toni Huber. En revanche, lorsqu’un (e) apprenti(e) ment ou qu’il / elle ne veut pas respecter les règles, il est primordial de réagir et de discuter avec les parents, estime ce maître d’apprentissage expérimenté. En trente ans, les Huber ont dû poser un ultimatum à deux apprentis : « Dans un cas, nous avons intégré les parents à la discussion et avons réussi à retourner la situation. Dans un autre cas, nous avons résilié le contrat en cours d’apprentissage. »
Viser une bonne relation
Ces expériences ont incité les Huber à être plus vigilants au moment de recruter un (e) apprenti(e). Depuis, ils ont cessé de donner la priorité à la première personne qui se présente. « Au moment de faire un choix définitif, nous continuons cependant à nous fier à notre intuition », affirment les Huber, en expliquant que la performance de travail n’est pas le seul critère. « Les apprenti(e)s entendent beaucoup de choses qui ne regardent pas nécessairement les autres. Quand on vit sous le même toit, on ne peut pas tout cacher. » Il est d’autant plus important d’avoir un bon contact et de pouvoir dire les choses franchement.
Au cours de son apprentissage, Matthias Brander a apprécié la communication directe pratiquée par la famille Huber. La planification du travail et des congés, pour lesquels il a aussi son mot à dire, en fait aussi partie. Matthias Brander a déjà pris ses quartiers dans sa deuxième exploitation d’apprentissage, où il met à profit le bagage de connaissances acquis en première année. S’il le souhaite, les portes du domaine de Füberg lui sont toujours ouvertes.
Conditions à remplir en tant que maître d’apprentissage
Formation
Selon l’article 12 de l’ordonnance sur la formation, un formateur doit au moins satisfaire aux exigences minimales suivantes :
- a Diplôme avec niveau examen professionnel,examen professionnel supérieur ou école supérieure ;
- b Titre de niveau haute école ou haute école spécialisée et au moins deux ans d’expérience professionnelle dans les domaines d’activité correspondants.
Cours pour formatrices / formateurs
Le cours de formateur professionnel doit être suivi au cours des deux premières années où l’exploitation forme des apprentis. Des informations plus détaillées sont disponibles sur le site Internet des centres de formation agricoles.
Prévention des accidents
Le cours Agri Top du service de prévention des accidents dans l’agriculture doit être effectué au cours des deux premières années où l’exploitation forme des apprentis.
Conditions au niveau de l’exploitation
Les objectifs mentionnés dans le plan de formation pour le métier d’agricultrice / d’agriculteur doivent pouvoir être enseignés sur l’exploitation d’apprentissage. Cela suppose que la formatrice / le formateur soit suffisamment présent sur l’exploitation et implique des infrastructures, des machines et diverses conditions au niveau de l’exploitation.
Exigences supplémentaires
Il convient d’assurer un logement rationnel comprenant des installations sanitaires, de bons repas nourrissants ainsi qu’une intégration à la vie familiale. Les exigences concernant le logement et les repas ne s’appliquent que si ces prestations peuvent être proposées et qu’elles sont mentionnées par contrat.
Informations supplémentaires à ce sujet
Les centres de formation agricoles des cantons concernés se chargent de l’organisation et du déroulement de la formation continue de formatrice ou de formateur. Des informations détaillées à ce sujet sont disponibles sur leur site Internet.
- Le partenariat OrTra AgriAliForm du champ professionnel de l’agriculture et des chevaux www.agri-job.ch
- Centre suisse de services Formation professionnelle | orientation professionnelle, universitaire et de carrière (CSFO) www.formationprof.ch
- Service de prévention des accidents dans l’agriculture (Agri Top) www.bul.ch/fr-ch