Smart-Farming
Lancement de Swiss Future Farm
Le Smart Farming et la numérisation de l’agriculture progressent dans le monde entier. Pour que les praticiens puissent en retirer un réel avantage, GVS Agrar, AGCO Corporation et le centre BBZ Arenenberg ont fondé Swiss Future Farm, une institution installée sur l’exploitation d’essai d’Agroscope à Tänikon. Swiss Future Farm sera inaugurée les 21, 22 et 23 septembre prochains.
Appliquer les nouvelles technologies
Les partenaires de Swiss Future Farm souhaitent mettre activement en pratique les opportunités liées à la numérisation sur l’exploitation de Tänikon. Outre les technologies qui existent déjà, tels les systèmes de guidage automatique et le contrôle de sections, l’inauguration de Swiss Future Farm sera l’occasion d’assister à une foule d’innovations intéressantes. La nouvelle moissonneuse-batteuse Fendt Ideal sera présentée pour la première fois en Suisse. Avec son dispositif de réglage entièrement automatique, cette moissonneuse-batteuse illustre bien les potentiels de la numérisation.
Utiliser les données de manière plus efficace
Variodoc permet à l’agriculteur d’enregistrer les données des champs directement depuis son tracteur. Les données enregistrées sont ensuite transférées dans le logiciel de gestion d’exploitation. La simplification de la documentation et l’amélioration de la gestion sont des objectifs importants qui recèlent encore un réel potentiel. A l’avenir, les capteurs, drones, images satellite, etc. en tout genre gagneront en importance et fourniront de nombreux résultats. Il s’agit de mettre à la disposition des agricultrices et des agriculteurs des outils simples à utiliser, qui les aident à réaliser les travaux exigeants qu’ils doivent accomplir et à préserver l’environnement.
Grande inauguration les 21, 22 et 23 septembre 2018
A l’occasion de l’inauguration de Swiss Future Farm à Tänikon, un grand nombre de technologies sera présenté. Plus de 100 machines et technologies seront présentées sur dix postes de démonstration pratique et de vulgarisation. Venez assister de près à l’agriculture du futur !
www.swissfuturefarm.ch
Actuellement, la numérisation de l’agriculture est un thème récurrent. La numérisation s’est pourtant solidement ancrée dans notre quotidien, et depuis longtemps. Sur www.comparis.ch(2016), on constate que 78 % des Suissesses et Suisses âgés de 15 à 74 ans possèdent un smartphone. Pour bon nombre de gens, il est tout simplement impensable de renoncer à cet appareil. Mais quel est l’avenir de la numérisation dans l’agriculture ?
Peser au moyen du smartphone ?
La numérisation s’est également imposée dans l’engraissement bovin. Le service de pesée UFA utilise, via le logiciel « Toro », un système d’aide à la décision qui estime notamment la date d’abattage idéale des taurillons. A cette fin, les collaborateurs du service de pesée se rendent tous les trois mois sur les exploitations concernées, avec une balance mobile.
Les choses pourraient changer à l’avenir car il est souvent peu pratique de transporter une balance de 400 à 500 kg d’une exploitation à l’autre et d’un lot à l’autre. C’est d’autant plus vrai que la plupart des agriculteurs disposent eux-mêmes d’un smarthone. A l’avenir, les producteurs devraient pouvoir scanner leurs animaux à l’aide de leur smartphone en utilisant une appli réservée à cet effet et déterminer ainsi euxmêmes le poids de ces derniers. Ces données pourraient être enregistrées automatiquement dans le système Toro. Cette méthode présenterait l’avantage de pouvoir estimer plus souvent le poids si nécessaire durant les quelques jours qui précèdent le vêlage. Ce système permettrait aussi d’optimiser l’affouragement ou de créer des groupes en fin de période d’engraissement.
Bientôt commercialisée
Il n’y a pas nécessairement lieu de craindre que le contact avec l’animal disparaisse. Actuellement, la mesure optique des animaux à l’aide d’un appareil mobile implique toujours que l’agricultrice ou l’agriculteur se tienne à proximité de l’animal. L’entreprise hongroise Agroninja a développé un tel système pour les bovins laitiers et de race à viande. Ce système devrait être commercialisé au troisième trimestre de cette année. Un appareil maniable de scannage 3-D (Wuggl GmbH) servant à l’estimation du poids sur la base de critères optiques a été développé à l’intention des engraisseurs porcins. Cet appareil a été primé lors de la SuisseTier 2017, où un prix spécial lui a été décerné dans le cadre du concours de l’innovation. L’entreprise suisse Ingenera utilise elle aussi un scanner 3-D pour estimer le poids des animaux.
Des systèmes qui n’impliquent pas de gros investissements
Bien que ces systèmes ne soient pas encore commercialisés sur le marché ou qu’ils soient peu répandus, tout porte à penser qu’ils fourniront bientôt des résultats utilisables dans la pratique. Il convient par ailleurs de relever que ces systèmes n’impliquent pas l’acquisition d’équipements techniques supplémentaires onéreux. La simplicité d’utilisation et l’exactitude des estimations de poids décideront de l’introduction de ces systèmes dans la pratique.
Vache laitière : pâture ?
Au XVIII e siècle, dans les régions alémaniques, certains éleveurs avaient déjà essayé de garder leurs vaches à l’étable toute l’année. Cette pratique résultait surtout de la volonté de produire plus de fumier, un fertilisant qui jouait un rôle encore plus important en grandes cultures avant l’invention des engrais du commerce. D’autres raisons s’y ajoutèrent par la suite, comme la possibilité de distribuer, de manière simple, une ration fourragère constante et de haute qualité. Aujourd’hui encore, bon nombre d’exploitations ne disposent pas d’un aperçu détaillé des volumes et de la qualité des fourrages verts récoltés et pâturés.
Les consommateurs souhaitent que les bovins puissent pâturer
Depuis quelques années, en Europe, la pâture est une pratique qui bénéficie d’un regain d’intérêt. Outre les souhaits des consommateurs en matière de bien-être animal, l’intérêt pour la pâture s’explique aussi par le faible niveau du prix du lait versé aux producteurs et par les coûts d’affouragement élevés des systèmes où le bétail est exclusivement nourri à l’étable.
Par ailleurs, on cherche de plus en plus à évaluer automatiquement les quantités et la qualité des fourrages verts disponibles, pour optimiser les rendements des herbages et l’affouragement des vaches laitières et pour que ces dernières puissent continuer à pâturer.
Fourrages: qualité et quantité
En Suisse, la production laitière est traditionnellement basée sur les herbages. Dans ce domaine également, les outils numériques peuvent contribuer à optimiser la production. Concernant l’affouragement du bétail laitier, il est important de savoir quelles sont les quantités d’herbes consommées au pâturage et quelle est la qualité de l’herbe à disposition. Les volumes de repousse peuvent être estimés à l’aide d’un herbomètre. Pour déterminer la qualité, comme la teneur en protéine brute par exemple, il faut prélever des échantillons d’herbe et les analyser en laboratoire. Outre la charge de travail et le coût financier, l’obtention de résultats implique d’attendre un certain temps.
Aide numérique
Les systèmes numériques peuvent résoudre ce problème. Certains herbomètres automatisés sont déjà reliés à une banque de données et à un système d’aide à la décision. Grasshopper, produit par True North Technologies en Irlande, en est un exemple. Cet herbomètre à assiette de construction simple est équipé d’un dispositif électronique qui enregistre les points de mesures sur la base de la géolocalisation. Dès que l’agriculteur retourne dans une zone couverte par le wi-fi, les données sont téléchargées automatiquement au sein d’une banque de données dans le cloud. Ce système est déjà commercialisé pour un prix raisonnable. Des experts planchent actuellement sur un instrument de mesure de la qualité de l’herbe à l’aide du système proposé par Grasshopper.
HarvestLab 3000 TM (John Deere, USA), est un autre produit déjà commercialisé. Ce système est bien connu pour être installé sur les ensileuses. Cet appareil peut également être utilisé en tant que laboratoire portatif et mesurer en l’espace de quelques secondes les teneurs des échantillons d’herbe. Le drone conçu pour estimer la croissance et la qualité des herbages est un outil de gestion des prairies dont l’introduction commerciale en est encore aux premiers balbutiements.
Coûts et fiabilité
La question consistant à savoir lequel des outils susmentionnés sera utilisé à large échelle à l’avenir dépendra des coûts d’une part et de la fiabilité des résultats obtenus d’autre part. Les trois technologies évoquées sont toutes basées sur la spectroscopie à rayonnement infrarouge fonctionnelle (fNRIS) pour évaluer la qualité de l’herbe. A ce sujet, il convient de rappeler qu’en ce qui concerne la fNRIS, l’adaptation du calibrage aux divers types de peuplements représente un défi. Dans un pays comme la Suisse, qui se distingue par une grande diversité géographique et climatique, l’établissement d’algorithmes s’appliquant à des conditions spécifiques demande un important travail. Agroscope évalue actuellement les systèmes mentionnés plus haut et étudie les développements qui pourraient y être apportés. Le développement d’une technologie avantageuse et adaptée aux conditions suisses simplifierait beaucoup la production de lait basée sur les herbages.
Protection des plantes ciblée
Dans le secteur des grandes cultures, on assiste en revanche, aujourd’hui déjà, à des progrès importants: grâce aux technologies intelligentes, plusieurs modèles de bineuses sont déjà en mesure de travailler entre les rangs et entre les diverses plantes cultivées et d’éliminer les adventices à cette occasion. L’entreprise française Naio a commercialisé à cet effet le premier robot autonome de lutte contre les adventices. Un premier robot suisse pour la lutte contre les adventices, commercialisé sous le nom Ecorobotix, devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année. Pour la protection des végétaux, plusieurs entreprises sont en train de développer des « pompes à traiter dotées d’une vision par caméra », qui identifient les espèces d’adventices et qui réalisent un traitement plante par plante, ce qui contribue à réduire la pollution des eaux.
Les décisions basées sur les données numériques s’imposent
Dans l’agriculture, les données numériques joueront un rôle nettement plus important que par le passé. En grandes cultures, toutes les mesures culturales pourront être enregistrées directement sur le tracteur ou sur un smartphone pendant les travaux des champs. Ces mesures pourront ensuite être transmises aux organes de contrôle sous forme numérique pour attester le respect des directives. Une fois saisie, une information doit servir à un maximum d’utilisations possibles et faire office d’aide à la décision pour les exploitants. Les « montagnes de papier » contenant des informations sur ce qui a été semé et à quel moment ou sur les produits de traitement appliqués devrait donc céder la place à un système plus efficace. Malheureusement, la voie qui mène à cet objectif est encore partiellement semée d’embûches. Le système Isobus est censé remplacer les innombrables tuyaux hydrauliques et câbles entre le tracteur et les machines. Dans la pratique, on constate néanmoins que les problèmes d’incompatibilité restent fréquents, alors que la compatibilité entre les tracteurs et les machines devrait être à l’image de ce que sont les clés USB sur les ordinateurs.
Malgré tous les obstacles à surmonter, l’automatisation va s’imposer de plus en plus. Ainsi, il est tout à fait possible que dans un avenir proche, des véhicules autonomes moissonnent les céréales de manière entièrement automatisée…
Accroître la qualité et la protection des ressources
Plus les systèmes de production agricole peuvent être évalués dans toute leur complexité et mieux les divers processus peuvent être gérés et réalisés. La fumure azotée des plantes cultivées en est exemple. La combinaison des données fournies par des capteurs et les prévisions météorologiques à long terme associées à des modèles végétaux et pédologiques permettent d’optimiser les quantités d’engrais épandues et de les adapter aux besoins. Ainsi, il est possible de réduire les impacts indésirables sur l’environnement. Le système « Farmstar » (www.farms-tar-conseil.fr)utilise à cet effet des images satellites qui sont mises en valeur par une équipe d’experts d’Arvalis à Boigneville (FR). Avec 700 000 ha inscrits, les Français sont sans doute les leaders mondiaux dans ce domaine.
Les modèles de prévision décrivant le déroulement des maladies des plantes pour optimiser les interventions de traitement sont un autre exemple de technologies numériques utiles à la pratique et bénéfiques pour l’environnement (www.agrometeo.ch).
Conclusion
Les technologies intelligentes comme les smartphones auront un impact déterminant sur l’agriculture, grâce à leurs innombrables domaines d’application. Il s’agit de simplifier le travail des agricultrices et des agriculteurs tout en augmentant l’efficacité et la qualité de la production et en minimisant les impacts négatifs sur l’environnement.
AuteursDr. Christina Umstätter, responsable du groupe de recherche « Automatisation et gestion du travail » et Dr. Thomas Anken, responsable du groupe de recherche « Production numérique» chez Agroscope à Tänikon, Ettenhausen.