Parmi les informations dont nous sommes submergés quotidiennement, nous retenons 10 % de ce que nous lisons, 50 % de ce que nous entendons et 90 % de ce que nous avons fait et vécu. Dans le dernier article de notre série « Communiquer, oui, mais correctement », nous effectuons une brève rétrospective et retranscrivons une nouvelle fois les meilleurs conseils de nos experts. Nous en profitons aussi pour envisager l’avenir, où une chose est certaine : passer personnellement un moment à la ferme ne laisse personne indifférent. Kurt Schmid, expert en communication au bénéfice d’une grande expérience dans le secteur publicitaire, estime que la communication liée à l’agriculture recèle un énorme potentiel : « La nourriture est un sujet émotionnel, raison pour laquelle de nombreux consommateurs et consommatrices s’intéressent à la manière dont les denrées alimentaires sont produites », ex-plique-t-il. La plupart des gens sont donc très réceptifs lorsque des membres d’une famille paysanne évoquent leur quotidien de manière authentique.
Favoriser le dialogue par une écoute active
Pour pouvoir bien raconter, il faut savoir bien écouter. Judith Pfefferli estime que cette capacité est primordiale dans le cadre de son travail quotidien. Depuis plus de quinze ans, cette responsable de garderie et enseignante en travaux manuels accueille des enfants dans sa ferme et discute alors avec leurs parents : « Ecouter une mère de famille m’expliquer pourquoi elle fait ses achats en Allemagne me permet de mieux lui montrer pourquoi les légumes ou la viande suisse sont plus chers. L’écoute est indispensable à tout dialogue ouvert », affirme Judith Pfefferli.
Maja Mogwitz est agronome et jeune entrepreneuse. Fille de paysans, elle sait qu’une discussion demande de l’énergie et la volonté de se surmonter. Selon elle, il faut accepter le fait que l’on ne puisse pas influencer son interlocuteur. Elle conseille par conséquent d’en tirer soi-même les conséquences et d’être toujours ouvert au dialogue. Lorsque les discussions s’enveniment, Bauer Willi, qui s’est fait connaître bien au-delà des frontières allemandes avec son blog, recommande de retourner la balle à son interlocuteur. Par exemple en lui demandant comment un éleveur peut construire une stabulation confortable pour son bétail lorsque le prix du lait est bas.
Cinq conseils pour attirer les visiteurs à la ferme
- Poser des affiches au bord de la route, inciter les passants à se rendre à la ferme.
- Une table de pique-nique ou un zoo avec des animaux de la ferme est une invitation à venir à la ferme. Pourquoi ne pas proposer des sirops ou des gâteaux faits maison ?
- Réfléchir à ce qui rend la ferme aussi particulière et organiser un événement à ce sujet en invitant des gens du village.
- Les familles sont souvent heureuses de disposer d’un but d’excur sion durant le week-end. Elles apprécient les initiatives telles que Visites d'étables ou des événements comme la journée Portes ouvertes à la ferme.
- Consacrer du temps aux personnes qui se rendent à la ferme. Beaucoup de gens ne connaissent pas l’agriculture et apprécient de vivre des moments de vie typiques de la ferme, comme rentrer les vaches du pâturage, par exemple.
Associer les produits à une histoire
Heidi Burren gère le magasin « Burren’s Burehofmärit » aux confins de la ville de Berne. Pour connaître plus précisément les désirs de ses clients, elle s’efforce de les servir elle-même. « Les clientes et les clients qui font leur achat à la ferme doivent en retirer une utilité supplémentaire. C’est pourquoi nous faisons tout notre possible pour répondre à leurs besoins. Pour qu’ils reviennent, nous devons dépasser leurs attentes », explique Heidi Burren. Pour bon nombre de magasins à la ferme, l’année 2020 a été excellente. Au cours de cette année particulière marquée par des moments difficiles et un sentiment d’incertitude lié au coronavirus, la clientèle a apprécié le contact direct assuré dans le cadre de la vente à la ferme. Il semble que la vente directe se soit imposée comme une contre-tendance à la vente en ligne et que les clients apprécient le fait de pouvoir associer les produits qu’ils achètent à un visage.
Accueil sympathique à la ferme
Les agricultrices et les agriculteurs qui ne font pas de vente directe ont eux aussi accueilli davantage de visiteurs cette année. Les écoles ayant fermé pour un certain temps, les familles ont cherché des activités de loisirs et se sont rendues à la ferme du village pour la visiter. Les vacanciers ont par ailleurs passé leurs vacances d’été en Suisse. La météo clémente a incité beaucoup de monde à faire du sport à l’extérieur. Les visiteurs apprécient les fermes qui sont dotées d’une belle place de pique- nique extérieure ou d’un zoo avec des animaux de la ferme. Il leur arrive alors de discuter avec l’agricultrice ou l’agriculteur travaillant à la ferme. Les entreprises agricoles qui s’annoncent pour participer au programme Visites d’étables sont mentionnées sur une liste disponible sur Internet. Les paysannes et les paysans proposant ces visites peuvent décider des horaires d’ouverture.
S’adapter aux besoins individuels
Il vaut la peine de réfléchir à ce qui fait la spécificité de la ferme et d’y organiser des événements comme une cueillette de cerises, un ramassage de carottes ou encore une fête du jus de pomme au cours de laquelle les enfants presseront des jus de fruits frais, qu’ils consommeront ensuite. Les agricultrices et les agriculteurs qui sont d’avis que de tels événements sont trop gourmands en temps ont plutôt intérêt à opter pour des événements organisés au niveau national. Des événements comme la journée Portes ouvertes à la ferme ou le Brunch à la ferme du 1 er août sont l’occasion de faire de la publicité au niveau national. Les paysannes et les paysans qui participent à l’organisation de ces événements sont par ailleurs soutenus dans la planification et la communication.
Le contact direct procure de nombreux avantages : lorsque leurs clients ont des questions, les agricultrices et les agriculteurs peuvent partager leurs expériences et résoudre des malentendus. Les personnes qui font leurs achats à la ferme apprécient qu’un membre de la famille paysanne soit présent et leur donnent des conseils sur la manière de préparer certains légumes. Ce genre d’échanges permet de fidéliser la clientèle et contribue à véhiculer une image positive de l’entreprise agricole et de l’ensemble de la branche.
Communiquer, oui, mais bien
En 2020, le LID (service d’information et de communication agricole) présente dans la Revue UFA, dans le cadre de sa série « Communiquer, oui, mais correctement », comment les agricultrices et les agriculteurs peuvent promouvoir l’agriculture auprès de la population grâce à une communication adéquate. Vous trouverez des conseils utiles à ce sujet sur www.lid.ch.