La neige et la superbe ferme emmentaloise construite récemment au Möschberg, sur les hauts de Grosshöchstetten dans l’Emmental, n’ont a priori pas grandchose à voir avec le rêve américain et l’immensité du Far West. Les bovins hébergés à l’étable rappellent par contre beaucoup plus cet état américain. L’étable abrite en effet 17 bovins des prairies aux longues cornes, des animaux de la race Texas Longhorn.
« Jusqu’à maintenant, nous avons eu très peu de problèmes ou de blessures graves. »
« Ces animaux sont parfaitement adaptés aux spécificités de l’Emmental : il s’agit d’une race ancienne dotée d’un excellent caractère et peu exigeante », explique Susanne Sommer. Cette race de vaches allaitantes extensive convient parfaitement à cette exploitation emmentaloise. En outre, les Texas Longhorn disposent d’une bonne fertilité, comme l’explique Jürg Keller. Les veaux de petite taille permettent généralement des vêlages faciles. Par ailleurs, l’élevage et la gestion de cette race exotique ne diffèrent pas beaucoup de ceux des autres races de vaches mères. Les cornes ne changent pas la donne : « Jusqu’à maintenant, nous avons eu très peu de problèmes ou de blessures graves. Nous ne nous faisons donc pas de soucis à ce sujet », explique l’agriculteur. Il précise aussi que la remonte naturelle fonctionne actuellement très bien, le succès d’insémination des deux taureaux présents au Moosacker Ranch étant de 100 %.
Des prairies du Texas aux collines de l’Emmental
Il y a deux ans, Susanne Sommer et Jürg Keller ont réaffecté leur étable du Moosackerhof à l’élevage du bétail en y hébergeant des Texas Longhorn. « Sur ce domaine, mon père pratiquait encore la production laitière, les grandes cultures et le maraîchage. J’ai ensuite repris l’exploitation avec mon frère et nous avons choisi de nous reconvertir à l’engraissement bovin », explique Jürg Keller. Ensuite, la famille Keller a néanmoins affermé ses terres pendant dix ans. L’étable est restée vide jusqu’à ce que les Keller envisagent de reprendre leurs surfaces pour les exploiter eux-mêmes. « Nous trouvions dommage d’avoir du terrain et de ne pas l’utiliser nous-mêmes », précise Susanne Sommer.
Moosacker Ranch
- Exploitation : Susanne Sommer et Jürg Keller, Oberthal im Emmental (activité annexe)
- Zone : zone de montagne I
- SAU : 7 ha de prairies (praires naturelles, surfaces écologiques)
- Cheptel : 17 Texas Longhorn (8 vaches, 2 taureaux), élevage et remonte
- Vente directe : Viande de bœuf, principe « Nose-totail », cornes et peaux
Lors d’un séjour de plusieurs mois dans un ranch situé dans l’Etat américain du Texas, Susanne Sommer est tombée, au sein d’un troupeau Black Angus, sur Getrud, un bovin de race Texas Longhorn. Cette visite du Far West a aussi éveillé la passion de Jür g Keller. Depuis, il était clair qu’une reprise du domaine ne se ferait qu’à condition d’élever des Texas Longhorn. Susanne Sommer et Jürg Keller ont alors établi un business plan, investi dans l’étable et acquis un troupeau composé de quelques animaux.
Pour élargir la diversité génétique disponible en Suisse, ils ont importé leurs premiers animaux d’Autriche et d’Allemagne. Susanne Sommer et Jürg Keller développent actuellement leur troupeau en se basant sur cette lignée. Les taureaux seront remplacés si nécessaire par la suite. « L’objectif prioritaire consiste à ce que cette branche d’exploitation s’autofinance. Cela prendra cependant plus d’une année. Il faudra donc continuer à faire preuve de résilience », explique Jürg Keller. Les deux éleveurs comptent garder la plupart de leurs veaux, afin de développer leur troupeau. Ils commenceront probablement à vendre la viande de leurs animaux en fin d’année 2022, voire en 2023 au plus tard.
Attendre patiemment
La liste de client·es potentiels est déjà longue. « Avec cette race spéciale et la viande slow foodque nous produisons, nous répondons à une tendance », explique Susanne Sommer avec conviction. En hiver, les Texas Longhorn sont presque exclusivement nourris au foin et à la luzerne. En été, les animaux pâturent sur les pentes entourant le Moosacker Ranch. Le fait de renoncer à l’achat de concentrés implique une durée d’engraissement plus longue. Les coûts supplémentaires seront compensés par un prix plus élevé pour la viande. « Nos client·es pourront savourer de la viande d’excellente qualité, très maigre et pauvre en cholestérol », plaide Susanne Sommer.
Le Far West dans son salon
En plus de proposer de la viande d’excellente qualité, Susanne Sommer et Jürg Keller souhaitent aussi combler les fans du Texas avec des articles rappelant cette région. Bientôt, des cornes et des peaux décoreront leurs salons. « Cette race serait assurément intéressante pour les exploitations qui souhaitent se développer dans le secteur événementiel », ajoute Susanne Sommer. « Nous n’avons pour notre part jamais pensé développer un tel concept, et ce même si nous présentons volontiers nos Texas Longhorn. »
Dans un premier temps, cette nouvelle activité continuera à être pratiquée à titre accessoire. Mais si le succès est au rendez-vous, les chef·fes d’exploitation précisent qu’ils envisagent d’augmenter leur cheptel de Texas Longhorn.
Portraits d’exploitations
En 2022, dans le cadre d’une série d’articles, le LID (Service d’information et de communication agricole) présente des exploitations agricoles suisses exceptionnelles. Ces exploitations occupent de nouvelles niches ou relèvent de nouveaux défis.
Soutien et conseils concernant le travail de relation publique et le contact avec la clientèle sur www.lid.ch ➞ Bauern (en allemand uniquement).