Editorial : L’ADN ne ment pas – même à la pause de dix heures

Lors de la réunion de rédaction où nous avons discuté des sujets à traiter dans la présente édition, j’ai d’abord ressenti une certaine nervosité à l’idée d’aborder celui de l’édition génomique : il me faudrait aborder un domaine extrêmement complexe, qui non seulement soulève de nombreuses questions, mais suscite également de fortes émotions. C’est également mon cas puisque j’ai travaillé dans la recherche génétique ; je connais donc bien ce sujet.

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Rédactrice Revue UFA

Ce qui m’a toujours fascinée, c’est la précision des analyses ADN, révélant les moindres détails. J’en ai fait l’expérience lors d’un cours où j’ai analysé mon propre ADN. Les participants au cours et moimême devions détecter par ACP (amplification en chaîne par polymérase) un gène impliqué dans la formation des protéines (présent chez tout être vivant). Avant le test, nous avons reçu pour consigne de ne rien manger. Mais la faim l’emportant sur ma volonté de respecter cet impératif, j’ai finalement grignoté rapidement quelques crackers aux céréales. Pour le test, on nous a distribué un tube contenant un liquide avec lequel il fallait se rincer la bouche tout en mâchouillant l’intérieur des joues. A la fin de l’expérience, tous avaient reçu un document avec une ligne noire attestant la présence du gène – sauf moi, qui en avais deux : la seconde ligne provenait de l’ADN des céréales que j’avais mangées peu avant.

Les analyses génétiques fonctionnent donc avec une grande précision lorsque le gène cible est connu. C’est précisément cette connaissance qui trouve son application dans l’édition génomique : elle permet d’opérer des modifications ciblées au sein de gènes identifés – des altérations qui pourraient théoriquement résulter de mutations naturelles. Car celles-ci ne sont pas si rares : une étude sur la plante Arabidopsis thalianaa montré que la transmission des génomes parentaux aux descendants entraîne environ deux mutations aléatoires par génération. Cependant, ces altérations, qui sont le fruit du hasard, n’apportent pas de réel avantage – ni pour la plante elle-même, ni pour l’agriculture. C’est là que l’édition génomique se distingue : celle-ci permet des ajustements ciblés du génome des plantes pour stimuler des attributs spécifiques, comme la résistance aux maladies ou une productivité accrue. Et cela, à une vitesse que la sélection naturelle ne pourrait jamais atteindre. Il est bien entendu légitime de s’interroger sur les erreurs que l’édition génomique pourrait engendrer. Cependant, les risques ne cessent de diminuer avec les avancées réalisées grâce à la recherche. Si cette technologie devait un jour être utilisée en dehors du cadre de la recherche, j’espère vivement que des directives claires et raisonnables seront élaborées, garantissant transparence et équité.

En vous souhaitant une lecture instructive et captivante sur le sujet de l’édition génomique avec l’article "L'édition génomique décryptée".

 

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