Paysannes, agricultrices, chercheuses et employées de l’administration, de la formation et du conseil se sont réunies du 23 au 25 mars à l’Inforama Rütti à Zollikofen lors de la quatrième édition de «Les femmes dans l’agriculture». L’évènement international en langue allemande, organisé par l’Inforama, la BFH-HAFL, Agridea et l’Université de Berne, a eu l’honneur d’accueillir quelque 120 personnes du Tyrol du Sud, d’Autriche, d’Allemagne et de Suisse. Une occasion pour échanger des connaissances scientifiques et appliquées, et discuter de la multitude des réalités de la vie au féminin dans l’agriculture.
L’un des principaux sujets abordés a été la sécurité sociale des femmes qui aident dans l’exploitation familiale du conjoint. Les expertes évaluent la situation en Allemagne comme bonne et moderne, car l’épouse d’un agriculteur est automatiquement assurée pour la retraite ainsi qu’en cas d’accident ou de maladie. En Autriche et dans le Tyrol du Sud en revanche, ces types d’assurances sont très complexes. En Suisse enfin, ces prestations sont aujourd’hui accessibles uniquement moyennant l’exercice d’une activité salariée ou indépendante.
De nombreux rôles, peu de reconnaissance
Les femmes endossent de multiples rôles dans l’agriculture: collaboratrices, responsables d’exploitation, copropriétaires, mères, femmes au foyer, employées à l’extérieur, et bien d’autres encore. La charge qui pèse sur leurs épaules est importante. Or, la reconnaissance fait souvent défaut, qu’elle soit financière ou seulement verbale, et les filles ont moins de chances que leurs frères de reprendre l’exploitation parentale. «Consciemment ou non, les femmes sont souvent encore cantonnées dans les rôles classiques de la mère, de la femme au foyer et de la paysanne qui donne un coup de main, ceci en raison des structures et des traditions sociales, institutionnelles mais aussi familiales», explique Sandra Contzen, coorganisatrice de l’évènement et sociologue rurale à la BFH-HAFL. «Et elles assument ici une fonction centrale: ce sont souvent elles qui initient les changements, que ce soit pour la conversion à l’agriculture biologique ou le lancement d’une nouvelle branche de production rentable.»
Les choses sont en train de changer
Les présentations et discussions ont montré avec force que la situation évolue. Vers une meilleure égalité des sexes, vers une gestion plus équitable de l’exploitation et une collaboration plus accrue au sein du couple, et vers la possibilité pour une femme de gérer une exploitation sans devoir épouser un paysan. Cette évolution s’est également manifestée à travers la participation engagée de jeunes agricultrices et étudiantes d’agronomie et d’autres disciplines. «Elles sont ressorties de l’évènement renforcée dans leur conviction de poursuivre leur chemin, tout en sachant qu’elles ne sont pas seules», conclut S. Contzen.