Vous prenez votre retraite après avoir dirigé Aviforum pendant 20 ans. Quelle a été l’évolution du marché des œufs et de la viande de volaille ?
Dans l’ensemble, elle a été très satisfaisante : la part indigène des œufs et des poulets consommés en Suisse est passée d’un peu moins de 40 % à près de 65 %. Par une information bien étayée et systématique des consommateurs et des consommatrices, les organisations de production et de commercialisation ont réussi à justifier la différence de prix en regard des produits importés sur la base des différences au niveau de la garde.
Les producteurs et productrices suisses d’œufs ont bâti leur crédibilité en faisant de la production en volière une invention suisse et en se lançant de leur propre initiative dans l’élevage SST et SRPA. Quant aux producteurs et productrices suisses de poulets, ils se sont aussi clairement démarqués des produits importés. Enfin, l’élevage des animaux dans des exploitations agricoles familiales est une autre spécificité suisse importante.
Quels ont été les jalons posés par Aviforum durant cette période ?
Le premier jalon a été la mission que s’est donnée la fondation de continuer à exister. Il y a eu une profonde réorganisation et l’intégration des « organisations du Concept directeur » au sein du Conseil de fondation.
Le jalon suivant a été la construction du premier poulailler expérimental SST en 2009 et de la halle d’engraissement des poulets SST en 2010 ; tous deux ont également suscité la curiosité des pays voisins et ont permis de réaliser des essais dans des conditions de terrain suisses.
Par ailleurs, pour les deux derniers poulaillers de la ferme expérimentale datant des années 1966 / 67, les jours sont comptés. Autre jalon important, Aviforum soutiendra prochainement la production d’œufs suisse avec un nouveau poulailler d’élevage et de ponte moderne. Pour ce dernier, une autorisation exceptionnelle pour la production d’œufs bio a pu être obtenue auprès du chef du DEFR, le conseiller fédéral Guy Parmelin.
Enfin, il convient également de mentionner – parce que cela me tenait particulièrement à cœur – la profession d’aviculteur / avicultrice CFC. Les professions qui délivrent moins de 100 diplômes par an n’auraient plus d’avenir, me suis-je laissé dire. Mais en notre qualité d’organisation professionnelle, nous avons fait en sorte que cette profession existe toujours aujourd’hui, et ce, en collaboration avec nos formateurs ou formatrices, et grâce au soutien des cantons à forte proportion d’élevage de volailles.
Comment la branche avicole va-t-elle évoluer ces prochaines années ?
Les événements des trois dernières années ont remis en question – ou tout simplement fait disparaître – de nombreux piliers connus et fiables.
Ma grande confiance dans la filière avicole repose sur ses acteurs et actrices, qui ont toujours su s’adapter aux nouvelles réalités de même qu’aux nouvelles directives et qui ont élaboré des pistes pour l’avenir. Les deux aliments que sont les œufs et la viande de volaille conserveront leur grande importance même dans le cadre de nouvelles théories alimentaires. Rien n’est plus constant que le changement. Avec des partenaires convaincus et actifs, c’est exactement ce qui rend l’avenir captivant.