Les besoins alimentaires des poules changent considérablement au moment d’entrer en phase de ponte. Les jeunes pondeuses nécessitent une densité nutritionnelle accrue afin de favoriser leur croissance malgré la consommation d’aliment encore limitée. En cours de rotation, avec l’augmentation de l’ingestion et la baisse de la production d’œufs, la densité nutritionnelle peut être réduite sans compromettre les besoins nutritionnels, pour autant que l’on n’omette pas d’accroître la teneur en calcium. Les poules plus âgées, dont le métabolisme est plus lent et qui produisent des œufs plus gros, ont en effet besoin d’une teneur en calcium (Ca) plus élevée, car elles ont plus de peine à résorber ce minéral.
Il importe de ne pas faire concorder un changement d’aliment avec d’autres traitements.
A noter qu’il est judicieux, pour assurer une utilisation efficiente des ressources et limiter les dépenses, de ne pas suralimenter les poules, car le surplus de nutriments, tels que le phosphore ou l’azote, sont rejetés dans l’environnement avec les excréments et l’urine ou métabolisés par l’animal à un coût élevé. Cependant, compte tenu des risques liés au changement de composition, toute transition alimentaire constitue un facteur de stress.
Les besoins sont déterminants
Le moment précis du changement d’alimentation varie selon différents facteurs, raison pour laquelle il doit être adapté à chaque exploitation. Avant le pic de ponte, les poules reçoivent généralement un aliment de démarrage (également appelé aliment de 1 re phase), avec une teneur en protéine brute d’environ 17 %. Pour les hybrides brunes ou les animaux dont l’ingestion est faible, un aliment avec une teneur en protéine brute supérieure à 18 % est vivement recommandé.
Le passage de la 1 re à la 2 e phase d’alimentation se situe entre la 32 e et la 45 e semaine. Les hybrides brunes nécessitant plus de protéines et étant plus sensibles aux changements, l’aliment de démarrage leur est généralement distribué plus longtemps. Les aliments des phases 2 et 3 contiennent pour leur part une quantité accrue de calcium, afin de préserver la solidité des coquilles. Avec l’expérience, les aviculteurs·trices savent quand la qualité des coquilles commence à baisser et planifient leurs achats d’aliments en conséquence.
Une autre possibilité consiste à fournir un supplément de grit calcaire si le changement de phase intervient tardivement, par exemple lorsque la demande d’œufs de grande taille est forte. La teneur accrue en protéine soutient la taille des œufs, tandis que le grit calcaire supplémentaire aide à préserver la solidité des coquilles. Il est également important, pour préserver le foie, de veiller à ce que les animaux n’accumulent pas trop de graisse. Des cures hépatiques régulières peuvent contribuer à maintenir la santé de cet organe et soutenir le métabolisme. Le passage à la 3 e phase d’alimentation intervient entre la 50 e et la 60 e semaine environ, lorsque l’ingestion d’aliment atteint environ 120 grammes par jour. Pour les hybrides brunes, ce changement survient généralement plus tard voire pas du tout, sauf en cas de rotation prolongée.
Changement d’aliment uniquement pour les animaux en bonne santé
Un changement d’aliment n’a de sens que si les animaux sont en bonne santé et légèrement suralimentés, et qu’ils présentent une ingestion suffisante ainsi que des performances situées dans la fourchette cible. Il est important de ne pas faire concorder un changement d’aliment avec d’autres traitements tels que la vaccination ou la vermifugation. Une semaine d’intervalle est recommandée pour permettre aux animaux de récupérer.
Il est par ailleurs préférable de mélanger les aliments pendant la phase de transition. Lorsqu’un seul silo est disponible, le nouvel aliment peut être introduit plus tôt pour proposer un mélange pendant deux ou trois jours. Les additifs stabilisateurs d’intestin comme UFA-Antifex, généralement utilisés quelques jours avant le changement d’aliment et pendant une semaine au maximum, peuvent contribuer à adoucir la transition alimentaire et à réduire le stress. Après toute transition, les poules ingèrent environ deux à trois grammes de plus, car elles compensent en partie la densité nutritionnelle réduite.
Adapter la stratégie au troupeau
Il n’existe pas de stratégie unique pour réussir l’alimentation par phases. La méthode doit tenir compte de l’hybride gardée, de l’objectif de production et de la capacité d’ingestion des animaux. Evaluer régulièrement les animaux et la production facilite la détermination du moment optimal ou nécessaire du changement d’aliment. En conclusion, deux choses essentielles sont à retenir : tout changement d’aliment ne doit se faire qu’avec des animaux en bonne santé et ne peut concorder avec d’autres traitements.