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Production animale

Concept de lutte contre la dermatite digitée

Bien que les connaissances concernant la dermatite digitée (aussi appelée maladie de Mortellaro) se soient nettement développées ces cinq à dix dernières années, la pression liée à cette maladie a continué à augmenter dans de nombreuses exploitations. En Suisse, la Mortellaro n’a vraisemblablement pas encore atteint son pic. Certaines solutions permettent de lutter efficacement contre cette maladie des onglons.

Les ustensiles utilisés pour les soins aux onglons peuvent également contribuer à propager la Mortellaro.

Les ustensiles utilisés pour les soins aux onglons peuvent également contribuer à propager la Mortellaro.

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Actualisé le

Responsable du marketing & membre de la direction, UFA SA

Département de médecine vétérinaire clinique, Wiederkäuerklinik

Cheffe de ressort marketing, UFA AG

Maladies des onglons

Bien que l’on sache énormément de choses sur cette maladie, on ne sait de loin pas tout. La génétique joue elle aussi un rôle: un essai récemment réalisé par René Pijl démontre que les descendants d’une vache affectée par la Mortellaro ont 41 % de chance de contracter cette maladie. Aujourd’hui, on sait également que le risque de Mortellaro est plus élevé si la mère ou la grandmère de la vache concernée souffraient déjà de cette maladie.

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Arnaud Senn, Michel Monney (UFA), Gill Senn et Olivier Gavin.

Expériences prometteuses

Les expériences réalisées par le SSB (Service sanitaire bovin) et UFA démontrent que le « concept global pour réduire la Mortellaro » fonctionne. Ce concept est réactualisé constamment, ce qui nécessite aussi d’adapter les cinq mesures de lutte définies à cet effet. Dans les exploitations qui ont appliqué ces mesures, la pression a pu être ramenée à un niveau raisonnable. Les expériences réalisées jusqu’à maintenant démontrent qu’il est difficile, en l’absence d’un concept et d’un plan précis, de réduire la pression liée à la Mortellaro. Dans ce contexte, la documentation des mesures prises, en consignant les traitements, l’utilisation du pédiluve, etc., s’avère être une aide précieuse. Des mesures simples peuvent déjà avoir une incidence positive, quand bien même leur effet n’est pas toujours perceptible immédiatement au niveau du troupeau. Pour se faire aider, il est toujours possible de s’adresser au SSB ou à un spécialiste UFA en bétail laitier, afin de partager des conseils et des expériences à ce sujet.

Un défi pour la pratique

La communauté d’exploitation Senn-Gavin a vu le jour en novembre 2015 par le regroupement des deux troupeaux laitiers dans une nouvelle stabulation libre. Une faible présence de dermatite digitée était préalablement connue dans les deux étables entravées. « La participation aux expositions et l’achat d’animaux sont à l’origine du problème », indique Gill Senn, maître éleveur Holstein 2012. Le stress engendré par la mise en commun des animaux, l’installation d’une hiérarchie et le changement de détention en stabulation libre a conduit à une importante prolifération de la Mortellaro sur l’exploitation. Actuellement, près de 40 % du troupeau est atteint de dermatite digitée, impliquant boiteries et baisses de production. Le passage en salle de traite permet aux éleveurs un contrôle quotidien des onglons, qui sont nettoyés et traités individuellement avec un spray antibactérien (Klausol). Depuis plus d’une année, la ration mélangée, composée de foin, de regain, de pulpe de betterave, de maïs épis, de luzerne brin long, de pommes de terre et d’UFA 248 est minéralisée avec le Minex 977. Ce minéral très appétant contient le complexe Immunity, apportant une quantité supplémentaire de microéléments et d’oligoéléments ayant un effet positif sur la dermatite digitée et plus globalement sur la santé. « L’état sanitaire général du troupeau est stable, cependant une nette amélioration n’est pas encore détectable », indique Olivier Gavin, qui souhaite mettre tout en œuvre pour atteindre des résultats réjouissants.

Etapes futures

La question d’un pédiluve trotte dans les têtes depuis la construction de la stabulation. L’idée d’un bain de sabots en sortie de salle de traite a été abolie car les vaches ont la claire habitude de bouser à ce moment-là ! Les associés secondés par Arnaud Senn réfléchissent activement à la mise en place d’un pédiluve avec passage obligatoire 1 à 2 fois par semaine dans la stabulation libre. « Ceci permettrait une gestion plus simple du bain de sabots et devrait apporter un effet positif dans l’éradication de la maladie de Mortellaro », ont expliqué les deux associés.

Le concept doit être développé

Les expériences et les discussions engagées dans les exploitations démontrent que ces dernières doivent être considérées individuellement. A cette occasion, l’hygiène est et reste le facteur le plus important. Le confort des vaches laitières est un autre critère essentiel. Plus les logettes sont confortables et plus la barre de nuque est bien réglée, plus les vaches fréquentent bien les logettes et s’y couchent longtemps. Une vache qui reste couchée plus longtemps produit davantage de lait, reste moins longtemps debout (moins de poids sur les onglons) et est plus au sec. Tous ces facteurs ont des répercussions bénéfiques sur l’occurrence de la Mortellaro. Un racleur qui fonctionne souvent améliore les conditions d’hygiène. On sait en effet que plus les onglons sont sales et humides et plus les bactéries se multiplient. Ces bactéries sont une source de contamination, ce qui nous amène à évoquer la biosécurité, qui joue un rôle clé pour protéger le troupeau contre les maladies infectieuses. Mais en quoi consiste la biosécurité et comment peut-elle être mise en œuvre dans les exploitations qui sont confrontées à des problèmes de Mortellaro ?

La biosécurité inclut l’analyse des risques d’introduction de germes pathogènes au niveau du troupeau ainsi que la mise en place de mesures destinées à empêcher ou à réduire ce risque. Les mesures décidées doivent permettre d’améliorer le bien-être animal et la qualité des produits tout en évitant la propagation de maladies contagieuses au sein du troupeau. On parle de biosécurité interne et de biosécurité externe. La biosécurité externe consiste à empêcher l’arrivée et la propagation d’agents pathogènes provenant de l’extérieur. Cela signifie toutefois également que les maladies contagieuses subsistent sur l’exploitation (troupeau fermé). La biosécurité interne consiste à endiguer et à prévenir le développement et la transmission de maladies contagieuses au sein de l’exploitation (vache à vache, vache à remonte d’élevage).

L’estivage: une source de risque

L’automne passé, plusieurs chefs d’exploitation se sont plaints que des génisses revenant de l’alpage souffraient de dermatite digitée. En principe, la pression liée à la Mortellaro a tendance à baisser lorsque les vaches ont accès au pâturage. On peut dès lors se demander comment la Mortellaro peut contaminer un troupeau estivé à l’alpage. La seule explication plausible consiste à penser que des génisses infectées par la Mortellaro ont introduit cette maladie sur l’alpage au printemps et que les agents pathogènes ont pu proliférer dans les zones humides telles les zones boueuses entourant les bassins, contaminant ainsi d’autres génisses. En rentrant de la saison d’estivage, les génisses souffrant de Mortellaro ne doivent pas être intégrées dans le troupeau, pour éviter que la maladie se propage encore davantage. Il faut tout d’abord que les lésions aient guéri. Après l’estivage/la saison de pâture, les animaux affectés par la Mortellaro doivent être contrôlés au congrain et être traités.

Biosécurité externe

• Troupeau fermé: échange et déplacement d’animaux inclus  • Quarantaine et traitement éventuel: chez les génisses revenant de contrat d’élevage; après la saison d’estivage; après l’achat d’animaux et la participation à des expositions de bétail; avant l’intégration des animaux concernés au sein du troupeau.  • Soins aux onglons: veiller au nettoyage et à la désinfection des outils utilisés une fois le parage effectué et avant de travailler dans une autre exploitation  • Ne pas partager le congrain, les bétaillères, etc. avec d’autres exploitations; lorsque c’est impossible, nettoyer consciencieusement et à fond les outils utilisés et les désinfecter  • Lorsque des personnes externes à l’exploitation entrent dans l’étable (inséminateur, conseiller en alimentation, ongleur, vétérinaire, etc.): fournir les habits et les bottes nécessaires ou installer un pédiluve et veiller à ce que les personnes qui entrent dans la stabulation soient propres.

Réduire durablement la Mortellaro:

• Bonne hygiène et bon confort à l’étable  • Respecter la biosécurité  • Traitement immédiat des lésions actives et documentation des mesures  • Utilisation appropriée du pédiluve  • Soin fonctionnel des onglons à intervalles réguliers et documentation  • Optimiser l’affouragement en se basant sur un approvisionnement correct en minéraux et en oligoéléments

Commencer par les jeunes

Dans les troupeaux qui sont déjà affectés par la Mortellaro, la stratégie de lutte doit impérativement commencer par la remonte. Appliquer le concept de lutte uniquement aux vaches laitières et ne pas y intégrer les génisses n’a pas de sens. L’arrivée de nouvelles génisses souffrant de Mortellaro augmente la pression liée à cette maladie, ce qui empêche de résoudre ce problème à l’échelle du troupeau. C’est en seconde moitié d’hiver que la pression à l’étable est la plus élevée. Durant cette période, il faut rester vigilant et réagir rapidement en présence d’une infection éventuelle, pour éviter la propagation de cette maladie.

Biosécurité interne

• Au sein de l’exploitation, nettoyer à fond les bottes, en passant d’un groupe d’animaux à l’autre (des vaches en lactation aux veaux…)  • Contrôler les génisses d’élevage quant aux lésions liées à la Mortellaro avant de les intégrer dans le troupeau en lactation  • Retirer à temps du troupeau les animaux malades/blessés, les maintenir dans un espace réservé à cet effet et les traiter  • Nettoyer et désinfecter à fond le congrain et le pédiluve après chaque utilisation  • Lors des soins aux onglons, utiliser des matériaux à usage unique pour des raisons d’hygiène, pour autant que cela soit possible  • Nettoyer et désinfecter les ustensiles utilisés pour les soins aux onglons  • Ne pas faire pâturer des bovins avec des moutons, des porcs, des camélidés ou des chèvres

Système immunitaire

Tant chez les génisses que chez les vaches, le système immunitaire revêt un rôle central, surtout en ce qui concerne la Mortellaro. Le stress et un système immunitaire déficient ont en effet un impact important sur l’état de la peau et par conséquent sur le risque que des bactéries pénètrent dans cette dernière. Exprimé différemment, plus le système immunitaire est résistant et plus la santé animale, la qualité de la peau et, par conséquent, la protection contre les infections sont bonnes. A cette occasion, l’approvisionnement en minéraux et en substances actives joue un rôle essentiel. Un sous-approvisionnement en oligo-éléments (surtout le zinc, le manganèse et le cuivre) a un impact négatif sur le système immunitaire ainsi que sur la santé des onglons et la qualité de la peau. Ces éléments doivent être distribués sous une forme organique facilement disponible. 

AuteursHansueli Rüegsegger, responsable UFA Bétail laitier, 3360 Herzogenbuchsee

Dr méd. vét. Claudia Syring, Service sanitaire bovin, 3001 Berne Aline Bapst, marketing UFA, 1070 Puidoux

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