Les besoins en minéraux des chèvres différant de ceux des moutons, leur approvisionnement pour chaque élément, et par conséquent les symptômes associés, varient aussi.
Cabris et agneaux
Chez les animaux juvéniles, la carence la plus fréquente est celle en vitamine E / sélénium. Elle se manifeste par un manque de vitalité entre le premier et le dixième jour de vie. Dès lors que les agneaux et les cabris sont instables sur leurs pattes, les chances de succès du traitement s’amoindrissent fortement. A titre prophylactique, la mesure la plus efficace reste d’assurer un apport en sélénium à la mère : l’apport d’un minéral contenant du sélénium en cours de phase tarie, soit environ six semaines avant la mise bas, assure un approvisionnement indirect des jeunes. Les besoins des chèvres et des moutons sont de respectivement 0,4 mg et 0,2 mg par jour durant la phase tarie. Si l’on prend un minéral spécifique pour cette phase, lequel contient généralement environ 50 mg / kg de sélénium, il en faut donc environ 10 g et 5 g. Ces minéraux sont également fortement dosés en vitamine E. Les minéraux pour moutons exempts de cuivre contiennent pour leur part environ 30 mg de sélénium, ce qui requiert un apport quotidien d’au moins 8 g de minéraux.
Carence en cuivre chez la chèvre
Chez les cabris, la carence en cuivre se traduit par des symptômes semblables à ceux d’une carence en vitamine E / sélénium. On veillera donc aussi à cet effet à assurer un apport de cuivre aux chèvres taries. Cet oligo-élément est responsable du développement du système nerveux central : une carence chez les animaux juvéniles provoque des altérations au niveau de la mœlle épinière, tels que troubles de la mobilité, voire une paralysie des membres postérieurs. Mais la carence en cuivre peut aussi toucher les chèvres adultes. Ici, les symptômes ne sont pas aussi évidents : pelage hirsute, poil clair, perte de poids et troubles de la fertilité ont été observés.
La teneur en cuivre du fourrage de base dépend fortement de la nature du sol et du stade de coupe : plus le sol est acide, plus la teneur en cuivre est faible, et plus la plante est âgée, plus la teneur en cuivre du fourrage de base diminue. Cela vaut par ailleurs de manière générale pour tous les minéraux. Cependant, il existe une corrélation positive spécifique à cet élément entre la teneur en protéines et celle en cuivre de la plante. A noter que les chèvres ont une capacité à résorber le cuivre deux fois moins bonne que celle des moutons, raison pour laquelle elles ont des besoins doubles, soit 18 mg par jour.
Formation de croûtes
L’apparition de croûtes sur les paturons, un pelage clairsemé, la formation de lunettes, la chute de poils autour du museau sont tous des indices d’une carence en zinc. Cet oligo-élément est en effet essentiel à la formation et au renouvellement des cellules de la peau et des poils. Comme pour toute carence en minéraux, il faut aussi s’attendre à une baisse des performances. La chèvre a besoin d’environ 125 mg de zinc par jour, dont deux tiers environ peuvent être couverts par le fourrage de base et le concentré. Il faut donc fournir un minéral d’une teneur de 4000 mg / kg en quantité quotidienne d’environ 10 g par animal et par jour pour couvrir intégralement les besoins.
L’excès qui mène à la carence
Tous les éléments interagissent entre eux et influent sur leur résorption réciproque. En fin de compte, une carence peut donc résulter d’un apport excessif d’un autre minéral. Le meilleur exemple chez les petits ruminants est la carence en zinc et en cuivre consécutive à un surapprovisionnement en fer. Dans ce cas, il n’y a d’autre solution que d’accroître les apports de zinc et de cuivre. L’analyse des fourrages grossiers peut contribuer à déterminer le fourrage incriminé. L’excès de calcium entraîne pour sa part également une carence en zinc et en cuivre. La composition botanique joue ici un rôle : les prairies riches en légumineuses et en autres herbes ont une teneur en calcium cinq fois plus élevée. C’est pourquoi l’approvisionnement en minéraux doit absolument être calculé en fonction de la base fourragère voire, idéalement, sur la base d’analyses des fourrages grossiers.
Une carence peut résulter d’un apport excessif d’un autre minéral.
Douloureux calculs
Les engraisseurs d’agneaux comme les éleveurs de béliers connaissent bien le problème des calculs urinaires : l’animal se tient debout jambes écartées et comprime sa paroi abdominale en gémissant. Souvent liés à un excès de phosphore dans la ration, ils sont très douloureux et peuvent avoir une issue mortelle. Là aussi, des mesures de prévention appropriées, principalement alimentaires, s’avèrent nécessaires : plus la fréquence d’affouragement est faible, par exemple, plus le risque de formation de calculs est élevé. Le facteur le plus important reste néanmoins le rapport Ca :P, qui devrait être d’au moins 2 : 1. Plus il est faible, plus le risque d’apparition de calculs urinaires s’accroît. Il faut en tenir compte lors de l’affouragement d’aliments pauvres en calcium tels que l’ensilage de maïs ou le foin de graminées. Un apport excessif en magnésium peut également réduire l’absorption du calcium et donc réduire le rapport Ca :P. Enfin, si la ration n’encourage pas la rumination, la diminution de la production de salive entraîne également une baisse de l’excrétion de phosphore.