Outre la valeur cible classique qu’est la numération cellulaire théorique moyenne du lait de tank, le pourcentage de mammites cliniques, le pourcentage de vaches affectées par des problèmes de mamelle au sein du troupeau et le nombre de vaches éliminées en raison d’une mauvaise santé de la mamelle sont des informations essentielles pour les vétérinaires en vue d’une appréciation préalable de la santé des mamelles au sein d’une exploitation. Le tableau 1indique les chiffres clés les plus importants, les valeurs cibles les concernant et les résultats obtenus par une exploitation (exploitation A). Les autres chiffres clés obtenus et analysés dans le cadre du contrôle laitier mensuel dans l’exploitation A sont mentionnés dans le tableau 2.
Coûts élevés
Dans l’exploitation A, la numération cellulaire théorique moyenne du lait de tank est trop élevée et se traduit par un nombre de mammites cliniques nettement trop important. Par ailleurs, le nombre de vaches éliminées en raison d’une santé de la mamelle insuffisante est trop important par rapport à la taille du troupeau. Au vu des chiffres clés, le problème de santé de la mamelle rencontré par cette exploitation réside en premier lieu dans la fréquence trop élevée de mammites cliniques.
Les coûts de traitement des mammites et les coûts supplémentaires pour les serviettes servant au nettoyage des trayons et pour les produits de traitement ou pour les équipements techniques comme les décrocheurs automatiques, par exemple, sont généralement connus. Les coûts secondaires et les recettes non réalisées pour cause de problèmes de santé de la mamelle sont en revanche rarement connus. L’exploitation est confrontée à des coûts de santé de la mamelle relativement élevés (voir tableau 3a/3b).Pour évaluer ces pertes, on se base sur des estimations théoriques qui dépendent de plusieurs facteurs. Les coûts d’une mammite clinique dépendent beaucoup du stade de lactation, des agents pathogènes responsables et de l’âge de la vache.
Visite d’exploitation
Après avoir été contacté, il est important que le vétérinaire puisse se rendre sur l’exploitation concernée pour se faire une image réelle de celle-ci. D’une part, parce que l’expérience démontre qu’il est impossible de tirer des conclusions s’appliquant à tous les cas, et d’autre part, parce qu’il est indispensable de vérifier et d'évoquer sur place les plus importants facteurs de risque spécifiques à l’exploitation. La visite d’exploitation des vétérinaires du cabinet tbb rindest toujours divisée en plusieurs parties :
- Prendre connaissance des questions en suspens et discuter des objectifs de la visite d’exploitation
- Identification du germe pathogène dominant
- Mode d’élevage et environnement des vaches
- Contrôle de l’affouragement
- Contrôle de la technique et du travail de traite
- Discussion finale incluant une première analyse de la situation et des propositions d’optimisation
Dans la plupart des cas, la visite d’exploitation entraîne d’autres clarifications et analyses. Le rapport final n’est rédigé que lorsque toutes les clarifications ont été apportées. Il est directement discuté avec le ou la chef(fe) d’exploitation. La première visite donne souvent lieu à une deuxième, pour évoquer les solutions mises en pratique et les progrès réalisés. L’intervalle des suivis varie selon les exploitations et est défini en commun. Le déroulement de la visite dépend de la situation et du problème à l’origine des numérations cellulaires élevées et du nombre important de mammites. Cette façon de procéder implique d’intégrer d’autres prestataires auxquels l’exploitation a affaire, comme les techniciens de traite ou le spécialiste en affouragement.
Mesures dans l'exploitation
L’exploitation A produit selon les directives de la production intégrée et atteint une moyenne d’étable de 8200 kg de lait (performance sur 305 jours). Pendant la période où elles pâturent, les 33 vaches passent la moitié de la journée au pâturage et bénéficient d’une ration partiellement mélangée à l’étable. L’exploitation est par ailleurs équipée d’un DAC (distributeur automatique de concentrés) à deux composants. Un état de la situation a été réalisé sur place et des solutions ont été proposées (voir tableau 4).Quatre mois plus tard, on peut tirer des conclusions relativement positives. Tant les numérations cellulaires théoriques du lait de tank que le nombre de mammites cliniques ont diminué et continuent à baisser. Depuis lors, aucune vache n’a été éliminée à cause de problèmes de santé de la mamelle. Les mesures d’assainissement nécessaires prennent souvent un an. Des tendances positives et les chiffres clés de santé de la mamelle indiquent plus tôt le succès des mesures adoptées. Dans l'exploitation A, en raison du faible taux de réinfection et de mammites cliniques, la stratégie choisie peut être poursuivie. Il est important que le ou la chef(fe) d’exploitation continue à s’impliquer et à bénéficier d’un soutien externe.
Tous les thèmes de la série
- Présentation des agents pathogènes et des coûts
- Staph. aureus dans l’exploitation : que faire ?
- Strept. uberis : le nouveau germe à problème numéro 1
- E. coli et mammites dues aux klebsiella
- Méthode concrète et mesures d’amélioration dans une exploitation pratique