La maladie de l’œdème, également appelée entérotoxémie à E. coli, est occasionnée par les souches d’E. coli productrices de shigatoxines qui possèdent le facteur d’adhérence F18. Celles-ci produisent leurs toxines après fixation sur les récepteurs correspondants dans l’intestin. La toxine occasionne alors des lésions aux vaisseaux sanguins, entraînant une accumulation de liquide dans les tissus environnants (œdème). Les localisations typiques de ces œdèmes sont les paupières, le front, la paroi de l’estomac, le canal biliaire ou encore les cordes vocales.
Symptômes
L’affection touche principalement les animaux dans les deux semaines suivant le sevrage. Outre des cas de mort subite, on observe chez les animaux affectés des symptômes nerveux tels que démarche chancelante, convulsions et mouvements de pédalage en position latérale. La maladie de l’œdème classique ne s’accompagne ni de diarrhée ni de fièvre. Sa létalité est élevée. En cas d’évolution bénigne, la maladie se traduit uniquement par une diminution des gains journaliers, donnant des animaux chétifs. Le diagnostic est posé sur la base des symptômes cliniques, des modifications pathologiques, de même que sur la détection d’E. coli F18 et de la shigatoxine dans les fèces.
Mesures en cas d’apparition
A titre de mesure immédiate en cas d’apparition aiguë, tous les porcelets devraient être traités par voie orale avec des médicaments efficaces contre E. coli. Dans ce cas, la colistine reste le médicament de choix. Les lésions des vaisseaux sanguins étant irréversibles, un traitement antibiotique demeure souvent sans succès chez les animaux présentant déjà des symptômes.
Prophylaxie
Outre l’optimisation de l’aliment de sevrage (ajout d’acides organiques), les principales mesures prophylactiques sont l’utilisation de verrats homozygotes résistants à E. coli F18 ainsi que la vaccination des porcelets allaités. En Suisse, deux vaccins sont actuellement autorisés (Ecoporc Shiga et Vepured). On peut les utiliser chez les porcelets durant la première semaine de vie. Ils entraînent une réduction tant de la mortalité que des symptômes cliniques.
La bonne génétique
Au cours des derniers mois, un grand nombre d’exploitations de production de porcelets d’engraissement sont passées à une génétique Duroc, dans le but de réduire l’apparition du syndrome hémorragique intestinal (SHI) dans les exploitations d’engraissement en aval. Il en a découlé une recrudescence d’entérotoxémies à E. coli, car on n’a pas veillé à utiliser des verrats résistants homozygotes. Avec son programme d’élevage, Suisag réalise un travail important dans ce domaine depuis 2011, grâce au génotypage systématique et à la sélection.
Dans la station d’IA de Suisag, 100 % des verrats IA Grand Porc Blanc, Landrace et Premo sont homozygotes résistants à E. coliF18. Le nombre de Duroc homozygotes résistants dépasse légèrement les 50 % et cette valeur est d’environ 76 % pour le Piétrain (Suisseporcs Information 2/2022). En résumé, l’utilisation d’animaux résistants aux E. coli 18 (truies et verrats) prévient la fixation des colibacilles sur la paroi intestinale des porcelets. C’est le meilleur moyen de prévenir l’apparition de la maladie de l’œdème.