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Production animale

Planifier des temps de repos, un élément décisif

Plus le temps passe, plus l’attention accordée à la phase tarie croît. C’est que pendant ce temps où la production de lait cesse, la vache peut régénérer ses tissus mammaires et combler les carences en minéraux occasionnées lors de la lactation. En d’autres termes, elle peut se reposer. Quiconque veut des vaches saines, fécondes et à longévité élevée doit donc faire attention dès cette phase.

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(Photo: UFA SA)

Publié le

Chef su secteur marketing, UFA SA

Spécialiste bovins, UFA SA

La phase tarie renferme un potentiel important de prévention des maladies métaboliques, ce qui explique pourquoi d’autres nations laitières s’intéressent également de près au sujet. Indépendamment de la structure de l’exploitation ou du système de stabulation, tous les agriculteurs·trices gardant des vaches laitières peuvent mettre en œuvre des mesures appropriées pour une gestion optimale de la phase tarie. L’objectif est toujours le même : que la vache mette au monde un veau sain et vif ainsi que prévenir tout trouble métabolique tels que fièvre de lait ou cétose.

En bref

  • On peut prévenir la majeure partie des troubles métaboliques par une gestion optimisée de la phase tarie.
  • L’ingestion élevée de MS constitue la priorité absolue pendant la phase tarie.
  • Pour la prophylaxie de la fièvre de lait, on peut mettre en œuvre soit la stratégie du bilan cations-anions, soit celle de l’entraînement au calcium.

Une bonne préparation

Le début de la phase tarie comporte déjà quelques embûches dont il importe d’être conscient. Une phase tarie couronnée de succès se prépare au cours du dernier tiers de la lactation. Il convient par exemple de surveiller de près la condition corporelle des vaches. Sur ce plan, des études récentes menées en Allemagne montrent que le BCS (« body condition score », soit la note de l’état corporel) optimal pendant la phase tarie se situe entre 3,0 et 3,5. Les vaches trop grasses présentent en effet un risque accru de cétose et de troubles de la fertilité. C’est là que débute le cercle vicieux : les vaches qui prennent du retard à porter en raison de leur état d’embonpoint trop élevé présentent à nouveau un risque accru d’engraissement en fin de lactation. Les vaches dont le BCS est bas au moment du tarissement affichent pour leur part un risque réduit de cétose, car elles ont moins de graisse corporelle à dégrader. Cependant, il ne faut pas viser un BCS trop bas, car les animaux concernés présentent également une fécondité réduite et produisent nettement moins de lait lors de la lactation consécutive.

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Une ration de phase tarie devrait toujours être calculée par un spécialiste en alimentation.

(Photo: UFA SA)

Les soins aux onglons font également partie de la préparation au tarissement. Aucune vache ne doit boiter durant la phase tarie. On constate aujourd’hui encore que la plupart des maladies des onglons surviennent au cours des 120 premiers jours de lactation. Le parage des onglons permet pour l’essentiel de soulager la sole, ce qui réduit le risque d’ulcères correspondants. La condition corporelle a elle aussi une incidence sur les pieds : les vaches au BCS bas (inférieur à 2) n’ont pas assez de graisse au niveau des glomes et sont plus sujettes aux ulcères de la sole ou à la maladie de la ligne blanche. Il convient de noter qu’une boiterie en phase de démarrage réduit la performance de lactation de 900 kg en moyenne. Il existe aussi des minéraux de phase tarie qui ont une action ciblée sur la santé des onglons et qui fournissent les oligoéléments importants comme le zinc, le manganèse et le cuivre. Proposés sous forme de composés organiques, ils garantissent une résorption sûre dans l’intestin, sans interactions au niveau de la panse.

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Une vache en bonne santé avec un veau en bonne santé, tel est l’objectif de l’alimentation optimisée en phase tarie. 

(Photo: Hansueli Rüegsegger)

Ingérer, ingérer, ingérer

L’ingestion de matière sèche (MS) constitue la priorité absolue pendant la phase tarie : de nombreuses évaluations et études montrent que les vaches taries qui affichent une ingestion élevée sont moins sujettes aux troubles métaboliques et fournissent en outre une production laitière plus élevée. Il existe différentes possibilités pour maintenir une ingestion élevée : il s’agit en premier lieu de veiller à ce que le fourrage présenté soit toujours appétant, ce qui exclut d’office les refus de crèche ou le vieux foin. En deuxième lieu, il convient d’éviter un changement complet d’aliment lors du tarissement. C’est pourquoi il peut être intéressant de diluer la ration avec de la paille. En particulier, diluer une ration mélangée avec de la paille hachée court et de bonne qualité est une solution optimale par exemple pour les exploitations qui ont trop peu de vaches taries pour préparer une ration distincte. Cette opération peut notamment se faire à la main avec une fourche, que ce soit dans une étable à stabulation libre ou entravée. Enfin, on peut recourir à des aliments complémentaires pour phase tarie contenant des levures vivantes, lesquels sont aussi adaptés pour atteindre la densité nutritionnelle requise d’une ration de phase tarie.

Les deux temps de la phase tarie

Pour un approvisionnement optimal de la vache à goutte, la période tarie devrait être considérée en deux phases distinctes : la première est la phase « far-off », qui s’étend du tarissement jusqu’à trois semaines avant le vêlage. La seconde est la phase « closeup », qui couvre les trois semaines précédant le vêlage. Pour chaque stade, l’animal a des besoins en nutriments spécifiques et quoi qu’il en soit nettement supérieurs à ce que peut offrir un foin écologique. Indépendamment du système d’alimentation choisi, le fourrage doit couvrir les besoins requis (cf. tableau).

Les minéraux essentiels

Un approvisionnement adapté permet de prévenir efficacement l’hypocalcémie (fièvre de lait). Ce trouble métabolique sert souvent de porte d’entrée à d’autres maladies secondaires telles que la cétose, le déplacement de la caillette ou la métrite. Les principaux minéraux pour la phase tarie sont le calcium, le magnésium et le potassium.

Avec le début de la production laitière, les besoins en calcium sont presque multipliés par trois. La fièvre de lait est la conséquence d’une incapacité de la vache à mobiliser suffisamment de calcium, entraînant sa paralysie. On parle ici d’hypocalcémie clinique, qui touche environ 15 % des vaches à partir de la quatrième lactation. L’hypocalcémie subclinique (non visible) est en revanche beaucoup plus répandue. Si elles ne sont pas paralysées, les vaches affectées ne sont pas en pleine forme pour autant : elles ingèrent moins de nourriture que ce que l’on souhaiterait, souffrant de troubles tels que rétention placentaire ou cétose. Cette affection touche 40 % des vaches à partir de la troisième lactation et 50 % dès la quatrième.

Indispensable à la synthèse de la parathormone et de la vitamine D3, le magnésium est également un minéral important dans la prophylaxie de la fièvre de lait. Une carence en cet élément réduit la mobilisation du calcium à partir des os, de même que la résorption du calcium au niveau de l’intestin.

Souvent présent en excès dans les fourrages grossiers, le potassium est un minéral particulièrement décisif en Suisse. En cas d’excès, le bilan cations-anions (BACA) augmente, car cet élément a un effet basique.

BACA ou entraînement au calcium

Avec un BACA réduit en phase « close-up », soit inférieur à 150 mEq / kg MS, la vache est placée dans un état métabolique acide, qui stimule la mobilisation du calcium et du phosphore à partir des os. S’il n’est pas possible de réduire le BACA en dessous de cette valeur, une alimentation pauvre en calcium – désignée par le terme d’entraînement au calcium – est recommandée durant toute la phase tarie (moins de 40 g Ca par animal et par jour). Dans les deux cas, le choix de la bonne stratégie se base sur des analyses de fourrage grossier. Les exploitations qui distribuent des fourrages grossiers à forte teneur en calcium par exemple doivent mettre en œuvre la prévention de la fièvre de lait par une réduction du BACA. Il est essentiel de bien distinguer les systèmes BACA et d’entraînement au calcium et de se décider pour l’un ou pour l’autre.

Dans la pratique, le BACA peut être déterminé de deux manières : d’une part, au moyen d’analyses des fourrages grossiers qui, très précises, servent à la planification ; d’autre part, à travers la mesure du pH urinaire des vaches taries. Celui-ci doit se situer en-dessous de 7,0 deux semaines avant le vêlage. S’il est supérieur à cette valeur, le risque de fièvre de lait est plus élevé. Il existe de grandes variations de BACA au sein des ensilages d’herbe ou des fourrages secs, principalement influencées par la teneur en potassium. Si l’on veut réduire le BACA, la première mesure à prendre est de réduire la teneur en potassium de la ration. Ce faisant, il convient de veiller au fait que les besoins en calcium augmentent avec la baisse du BACA, car il en découle une mobilisation et une résorption accrues du calcium. Ainsi, pour un BACA de 150 mEq / kg MS, les besoins en calcium sont d’environ 5 g / kg MS. 

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