En production animale, l’utilisation d’antibiotiques pose des défis importants, suite à l’apparition d’agents pathogènes résistants. Une part importante de ces antibiotiques est utilisée pendant la phase d’allaitement par les exploitations engraissant des veaux et du gros bétail. Les veaux santé doivent contribuer à réduire considérablement l’utilisation d’antibiotiques. Un travail de bachelor présenté à la HAFL (Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires) en collaboration avec UFA a analysé les différences, en termes de santé animale et de performances, entre les veaux santé (VS) et les veaux conventionnels (VC). Ce travail a aussi étudié dans quelle mesure la consommation d’antibiotiques différait entre les groupes.
Essai pratique
Dans une exploitation d’engraissement, 13 veaux santé et 13 veaux conventionnels ont été séparés en deux groupes distincts et observés durant leurs 56 premiers jours de vie, de l’installation à l’étable jusqu’au sevrage. Tous les veaux étaient issus de croisements F1 entre une vache de race laitière et un taureau de race à viande. Les veaux ont été contrôlés par un vétérinaire lors de leur arrivée sur l’exploitation, pour déterminer leur état de santé. Les animaux ont été pesés à leur installation à l’étable et à leur départ pour l’abattoir, dans le but de calculer leur accroissement journalier. Volontairement, aucun des deux groupes n’a reçu de traitement médicamenteux à son arrivée à l’étable. Tous les animaux étaient alimentés au DAL (distributeur automatique de lait), chaque veau portant un collier muni d’un transpondeur. A l’aide du DAL, le nombre de visites, les quantités de lait consommées et la vitesse d’ingestion de la buvée ont été systématiquement enregistrés. Outre du lait, les veaux ont reçu un mash disponible à volonté et composé de foin, de luzerne et d’un aliment d’élevage. Une injection de fer a été administrée aux veaux lors de leur arrivée à l’étable, suivie d’une injection de sélénium une semaine plus tard. Au cours des trois premières se- maines, les veaux ont consommé un mélange à base de vitamines et d’oligo- éléments via le doseur du DAL. Les veaux ont par ailleurs été vaccinés contre la grippe. Au cours des 23 premiers jours, la température corporelle de chaque veau a été contrôlée à raison d’une fois tous les deux à trois jours. Le journal des traitements de l’exploitation a permis d’évaluer le nombre de jours de traitement.
Des performances comparables
A leur arrivée à l’étable, tous les veaux étaient en bonne santé. Les veaux santé affichaient un poids un peu plus élevé lors de leur arrivée à l’étable (74 kg+/– 6 kg), malgré un âge moyen inférieur. L’écart avec les veaux d’engraissement conventionnels (70 kg+/– 7,6 kg) n’était toutefois pas significatif. Les accroissements journaliers enregistrés au cours des 56 jours d’essai étaient similaires pour les deux groupes. Ils atteignaient en moyenne 807 g par jour pour les veaux santé et 803 g par jour pour les veaux conventionnels. Les écarts enregistrés au sein des groupes étaient importants et oscillaient entre 225 g par jour pour le veau affichant le moins bon accroissement et 1471 g par jour pour le veau avec le meilleur accroissement. Il est étonnant de constater que les veaux santé ont consommé moins de lait que les veaux conventionnels au cours de la première moitié de la phase d’engraissement. Pour bénéficier de l’appellation « veaux santé », les veaux concernés doivent en effet bénéficier d’un approvisionnement en lait ad libitum dans leur exploitation de naissance.
Moins de traitements
Les mesures de la température corporelle ont démontré que le nombre de jours où les veaux souffraient de fièvre était identique pour les deux groupes. Alors que plus de la moitié des veaux santé ont été malades au moins une fois, les veaux conventionnels ont été moins nombreux à l’être. Mais ceux qui sont tombés malades l’ont été à plusieurs reprises. En moyenne, les veaux santé ont été traités pendant 11,46 jours avec des antibiotiques, contre 18,15 pour les veaux d’engrais conventionnels. Cela signifie que le nombre de jours de traitement antibiotiques était inférieur de près de 40 % pour les veaux santé. S’agissant des veaux conventionnels, le nombre élevé de jours de traitement s’explique par la dégradation de l’état de santé de ce groupe durant la seconde moitié de la phase d’allaitement. Au cours de cette même période, les veaux santé ont été en bien meilleure santé. Un écart important est aussi apparu au niveau du taux de mortalité. Au sein du groupe conventionnel, trois décès ont été enregistrés, ce qui équivaut à un taux de mortalité de 23 %. Au sein du groupe santé, aucune perte animale n’a été enregistrée. On peut en conclure que les veaux santé se rétablissent plus rapidement.
Capacité de résistance
Les résultats susmentionnés portent uniquement sur l’essai évoqué et un nombre relativement restreint d’animaux. Il est par conséquent impossible d’en tirer des conclusions générales, ce d’autant plus que l’on ne sait pas comment les veaux conventionnels ont été gérés dans leur exploitation de naissance. Il est tout à fait possible que les veaux concernés aient été correctement approvisionnés en colostrum et que l’apport en lait ait été suffisant. D’une manière générale, on constate que l’optimisation du management dans l’exploitation de naissance permet d’améliorer la santé des veaux. Il s’ensuit une diminution des traitements vétérinaires et des antibiotiques. n
Veaux santé
Dans le cadre du programme « veaux santé », les quatre mesures suivantes ont été appliquées : • Approvisionnement en colostrum : au moins 4 l ou 10 % du poids à la naissance au cours des quatre premières heures de vie • Lait à volonté, au moins deux fois par jour • Approvisionnement en oligo-éléments et en vitamines entre le 3e et le 5e jour de vie (pâte de fer) • Vaccination contre les infections virales des voies respiratoires entre le 7e et le 10e jour de vie.