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Production animale

Stratégie d’exploitation pour la trajectoire de réduction des pertes d’éléments nutritifs

La trajectoire de réduction de la Confédération maintient la pression concernant les pertes d’éléments nutritifs. Ainsi, la marge de tolérance pour l’azote et le phosphore dans le Suisse-Bilanz sera supprimée en 2024. Comment les exploitations de garde des porcs peuvent-elles contribuer à répondre à ces exigences encore plus élevées ?

La porcherie d’UFA-Bühl. Couvrir les fosses à lisier ouvertes est l’une des nombreuses mesures visant à réduire les émissions d’ammoniac. 

La porcherie d’UFA-Bühl. Couvrir les fosses à lisier ouvertes est l’une des nombreuses mesures visant à réduire les émissions d’ammoniac. 

(Bild: Lukas Grüter)

Publié le

Responsable du programme de production porcine UFA

  • La marge de tolérance de + 10 % admissible jusqu’ici pour le phosphore et l’azote dans le bilan de fumure est supprimée dès 2024.
  • Les porcs ont des caractéristiques physiologiques idéales pour optimiser l’utilisation des nutriments dans une alimentation biphase.
  • Lors de nouveaux investissements, les mesures de réduction des pertes de fertilisants doivent être incluses dans la planification.

Pour l’année de culture 2024, le bilan de fumure pour l’ensemble de l’exploitation doit être équilibré en phosphore (P) et en azote (N) et correspondre aux besoins des cultures. La marge de tolérance de + 10 % admise jusqu’ici dans le Suisse-Bilanz étant supprimée, la couverture des besoins ne peut désormais dépasser 100 %. Les contrôles à cet effet concernant l’année de culture 2024 débuteront à partir de 2025. Dans sa décision du 1 er novembre 2023, le Conseil fédéral a en outre formulé les objectifs de réduction des pertes de nutriments d’ici 2030 (soit – 15 % de N et – 20 % de P). C’est un défi de taille pour tous les acteurs·trices du secteur, même si un certain nombre de mesures ont déjà été mises en œuvre en ce sens ces dernières années.

Pression politique

La méthode OSPAR mise en œuvre pour établir le bilan de fumure se base sur un bilan entrées-sorties. Dans ce contexte, l’agriculture suisse est considérée globalement (garde d’animaux et production végétale), comme si elle était une seule et même exploitation. Les entrées comprennent entre autres les aliments pour animaux, les engrais minéraux, les engrais de recyclage, les semences importées de même que la fixation biologique de N. Les sorties sont quant à elles calculées à partir des denrées alimentaires d’origine animale ou végétale et des autres produits qui quittent l’agriculture. La différence entre entrées et sorties indique alors l’excédent de N et de P. Cette méthode permet de vérifier le respect de la trajectoire de réduction. Lors de l’examen des objectifs de réduction pour 2030, il est prévu de comparer les années 2026 à 2028 avec les années 2015 à 2018.

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Une alimentation biphase chez les porcs n’est pas seulement saine et judicieuse pour l’animal, elle réduit également les émissions d’ammoniac. 

(Photo: Peter Rötlisberger)

Examiner les mesures volontaires

S’agissant de rendre plus efficiente l’utilisation des nutriments, le recours aux pendillards constitue la principale obligation prévue dans le système des paiements directs à partir de 2024. Il existe aussi d’autres programmes qui soutiennent, par une incitation financière, une utilisation plus efficiente ou réduite des nutriments. Ainsi, depuis 2023, une contribution de 100 fr. / ha de terres assolées est versée si la part de N disponible dans l’exploitation ne dépasse pas 90 % des besoins des cultures.

La part des porcs nourris par phases a augmenté de manière significative.

Le programme d’utilisation efficiente des ressources pour l’alimentation biphase à teneur réduite en N chez les porcs a pour sa part été lancé en 2018 déjà. Il assure une contribution de 35 fr. / porc UGBF (unité de gros bétail-fumure) si la valeur limite spécifique à l’exploitation (g PB / MJ ENV) est respectée pour tous les porcs qui y sont gardés. La part des porcs nourris par phases a ainsi augmenté de manière significative ces dernières années. Cette hausse s’explique par la pression constante exercée pour réduire les apports en nutriments et, surtout, par l’incitation financière.

Développer l’alimentation biphase

Les porcs ont des conditions physiologiques idéales pour optimiser leur consommation de nutriments. Les besoins nutritifs varient en effet selon les phases, et ce, aussi bien chez les porcs d’engraissement que chez les truies d’élevage. Une truie tarie p. ex. présente des besoins en énergie, en fibres et en protéine différents de ceux d’une truie allaitante. Compte tenu de la formation des tissus, les animaux en phase de pré-engraissement ont quant à eux des besoins nutritifs différents de ceux de la phase de finition. Des essais menés à UFA-Bühl ont montré, il y a plusieurs années déjà, qu’une réduction de la teneur en protéine brute (PB) en fin d’engraissement permettait de réduire les excrétions de N de plus de 10 %. Grâce à une utilisation ciblée de la PB (azote) et du P, l’alimentation biphase, voire multiphase ménage donc l’environnement. Or, chez les truies reproductrices, la distinction, au plan de l’alimentation, des phases de gestation précoce et de gestation avancée est encore rarement appliquée, ce qui est le plus souvent dû aux équipements techniques. Compte tenu de la variation des besoins en PB des truies gestantes au cours de la gestation, un potentiel d’optimisation sur ce plan est pourtant assurément donné. Du reste, cette question fait actuellement l’objet d’un travail de bachelor à la Swiss Future Farm de Tänikon. Il vaut donc la peine, lors de l’étude de mesures supplémentaires ou d’investissements dans les conduites et les systèmes de distribution, d’élaborer une stratégie d’alimentation optimisée avec le conseiller en alimentation.

Assurer efficience et durabilité

Dans l’optique des objectifs 2030 fixés pour la trajectoire de réduction, l’alimentation des porcs doit se rapprocher encore plus des besoins effectifs des animaux.

L’objectif le plus difficile à atteindre est de réduire la PB et le P sans nuire ni à la santé, ni aux performances des porcs.

L’objectif le plus difficile à atteindre est de réduire la PB et le P sans nuire ni à la santé ni aux performances des porcs. Si l’alimentation se rapproche actuellement de ce but, elle va un jour ou l’autre se heurter à des limites. Dans sa ferme expérimentale de Bühl, UFA peut tester ces dernières : dans le domaine de l’élevage des porcelets et de l’engraissement, elle vise actuellement p. ex. à réduire la teneur en PB en complétant l’aliment avec des acides aminés ; de plus, elle y étudie la réduction du P absolu en améliorant la digestibilité. Les résultats visent à aider les exploitations qui gardent des porcs à respecter les directives de Suisse-Bilanz tout en leur donnant la certitude que la santé et les performances des animaux ne sont pas compromises.

Développer les connaissances

Divers projets sont menés sur le terrain en vue de réduire les pertes de nutriments comme mesure d’accompagnement de la trajectoire de réduction. La station d’essais Flux d’éléments nutritifs (canton de Lucerne) recherche p. ex. des solutions pour augmenter l’efficience et réduire les émissions. Elle analyse les teneurs des aliments pour animaux, des engrais de ferme et des plantes dans 26 fermes pilotes, permettant de quantifier les entrées de même que les sorties de N et de P ; il s’agit ainsi d’évaluer le potentiel et la viabilité de différentes mesures visant les deux objectifs précités. L’acidification du lisier pourrait être une autre approche prometteuse pour réduire l’apport de N dans le cycle. Pour les régions où des mesures sont d’urgence nécessaires, un investissement d’envergure en ce sens peut être une bonne alternative.

Par ailleurs, une installation pilote de Suisse centrale doit apporter des réponses s’agissant de réduire les émissions d’ammoniac ainsi que de régler d’autres questions en suspens. Celles-ci portent p. ex. sur la manipulation de l’acide sulfurique concentré, qui peut entraîner des émissions incontrôlées de gaz nocifs ; elles concernent encore les effets de l’acidité ou de la teneur en soufre sur la chimie du sol ainsi que les effets sur les organismes et sur la composition végétale des prairies. Il est à noter que les nouvelles constructions intègrent de plus en plus des installations de séparation des fèces et de l’urine. La séparation prévient la transformation de l’urée, présente dans l’urine, en ammoniac par l’uréase contenue dans les excréments. Cette solution permet de limiter les odeurs dans la porcherie et de réduire les pertes de N. Ces projets (et d’autres) visent à fournir des outils d’aide à la décision, afin de réaliser, lors de la planification de futures porcheries, les investissements dans des systèmes économiques et durables sur le plan écologique. 

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