En 2021, 160 exploitations ont franchi le pas de la reconversion. En Suisse, une exploitation sur six travaille ainsi selon les principes de l’agriculture biologique.
Mauvaise année pour les légumineuses
D’après Bio Suisse, la récolte 2020 a fourni 14 % de céréales panifiables de plus que celle de 2019. Au total, plus de 30 000 tonnes ont été récoltées, dont 24 300 tonnes de blé, avec une teneur en protéines moyenne de 12,7 %, soit moins que les années précédentes. La part de la production indigène pour le blé panifiable s’élève à 65 % (60 % l’an passé). L’épeautre a été tellement demandé que l’offre était déjà épuisée en fin d’année. La part indigène des céréales fourragères est restée au même niveau que l’an passé, à 81 %. Dans le même temps, la production d’aliments composés bio a augmenté de 2,5 %. La production de maïs grain a de nouveau fortement progressé pour atteindre 17 000 tonnes, tandis que celle de blé fourrager, d’orge, de triticale et d’avoine fourragère a stagné. La production de pois protéagineux et de féverole a quant à elle fortement diminué, de respectivement 22 % et 52 %. En revanche, les récoltes de soja fourrager ont doublé en 2020 sur l’ensemble de la Suisse. Les fabriques de tofu auraient néanmoins aimé disposer de plus de soja alimentaire de la récolte 2020. Les rendements du colza ont à nouveau été très décevants : seule la moitié de la quantité contractuelle prévue est parvenue aux centres collecteurs. L’offre et la demande de tournesol étaient équilibrées.
Recommandations pour les céréales panifiables
Les surfaces de blé panifiable peuvent et vont continuer à augmenter. Avec la hausse de la part indigène, les exigences vis-à-vis de la qualité, qui doit être élevée et stable, augmentent également, en particulier de la part des boulangeries industrielles. Parmi les obtentions d’Agroscope et DSP, les variétés Rosatch (très résistante, barbue, teneur en protéines élevée), Montalbano (barbue et productive, nouvelle sur la liste) et Baretta (productive, pour les sites bien approvisionnés en azote) sont recommandées. En raison de ses pailles très courtes, la variété CH Nara ne figure pas sur la liste bio officielle, mais reste appréciée sur les surfaces avec une faible pression des adventices et est bien acceptée par les transformateurs. La variété barbue Diavel est recommandée comme blé de printemps. Dans les obtentions de GZPK, Wiwa reste clairement la variété leader. Pizza se distingue par sa bonne capacité à concurrencer les adventices. Prim fait son apparition sur la liste pour la récolte 2022.
Comme le marché du seigle stagne, aucune augmentation des surfaces n’est pour l’instant souhaitée. L’épeautre a le vent en poupe et jouit donc de bonnes perspectives commerciales. Toutes les variétés d’épeautre de la liste bio (bioactualites.ch) peuvent être commercialisées.
Recommandations pour les céréales fourragères
L’écoulement des céréales des exploitations en reconversion, notamment le triticale, l’orge, l’avoine fourragère et le maïs, n’est plus forcément assuré au prix indicatif Bourgeon. Le cahier des charges de Bio Suisse sera plus restrictif en ce qui concerne l’alimentation des ruminants à partir du 1.1.2022. Les conséquences que cela aura sur les quantités à transformer sont difficiles à chiffrer pour l’instant. Il faut toutefois s’attendre à une baisse de la demande, ce qui pourrait aussi impliquer le déclassement d’une certaine quantité de céréales de reconversion. Il convient de limiter autant que possible la part de l’orge et du triticale dans l’assolement. Les exploitations en reconversion devraient réduire la surface cultivée de maïs grain et augmenter celle de légumineuses à graines. L’avoine fourragère n’est guère recherchée, tandis que l’avoine à flocons claire destinée à l’alimentation humaine (contrat obligatoire, uniquement Bourgeon) est de plus en plus demandée. Les variétés recommandées sont Eagle en semis d’automne et Canyon en culture de printemps. Le risque de surproduction avec le blé fourrager est quasi inexistant. Les variétés Poncione, à pailles longues, et Bernstein sont des alternatives plus productives et résistantes à Ludwig.
Plus de soja
Les légumineuses à graines, telles que le pois, la féverole, le lupin ou le soja, ont leur place dans les assolements bio et ne connaissent aucun problème d’écoulement. On constate même un fort sous-approvisionnement. Plus il y aura de légumineuses à graines indigènes disponibles, plus les moulins pourront produire des aliments pour ruminants, ce qui augmentera à son tour leurs besoins en céréales fourragères. C’est avec le soja fourrager qu’une augmentation de la production aura le plus d’effet. Les fabricants d’aliments composés, dont fait partie UFA SA, encouragent les exploitations bio et en reconversion à accorder une place plus importante au soja fourrager dans leur planification 2022. Des semences bio des variétés Obélix (précoce), Galice (mi-précoce) et Aurelina (mi-précoce) sont disponibles sur le marché.
Producteurs de colza recherchés
Tous les oléagineux sont soumis à des contrats de production avec des centres collecteurs. Pour le colza de type classique, le standard reste la variété mi-précoce Sammy, et pour le colza HOLL, la variété hybride V316OL. De nouveaux producteurs de colza bio étant toujours recherchés, on recommande aux intéressés de contacter sans tarder les centres collecteurs bio. Pour la culture de tournesol bio, une à deux variétés aux semences non traitées seront disponibles pour le type classique, tandis que pour le type HO, la recommandation reste la variété principale non traitée LG 55,24HO. Pour passer un contrat de culture avec l’un des sept centres collecteurs de soja à tofu, il faut choisir une variété alimentaire riche en protéines avec hile incolore. Les principales variétés appropriées issues de la sélection indigène sont Proteix, Aveline et quelques autres.
Projet de culture d’amidonnier bio
fenaco GOF lance, avec quelques centres collecteurs du réseau Maxi, probablement déjà à partir des semis 2021 / 22, un projet de culture d’amidonnier bio sous contrat (Bourgeon Bio Suisse). L’amidonnier est considéré, avec l’engrain, comme une céréale ancienne et un ancêtre des blés actuels. On lui prête aussi de bonnes propriétés nutritionnelles et une bonne digestibilité. On définira ces prochaines semaines quels centres collecteurs participeront au projet et distribueront des contrats de production. Le prix au producteur sera fixé de manière à ce que la rentabilité soit comparable à celle de l’épeautre, bien que le potentiel de rendement de l’amidonnier soit plus faible. L’amidonnier convient particulièrement bien à une culture extensive et devrait être fertilisé avec modération pour éviter la verse.
Interlocuteur pour la Suisse romande : Raymond Christen, tél. 058 433 64 01
Informations supplémentairesListe des centres collecteurs bio Maxi sur www.fenaco-gof.ch➞Produits Bio ➞ Planification des cultures Bio
Semences UFA: Informations sur les semences, les variétés et leurs caractéristiques sur www.semencesufa.ch et dans le catalogue des semences UFA.