Engrais verts
Bon à savoir
Selon l’espèce et le moment de la décomposition des matières organiques, plusieurs métabolites secondaires, comme des acides taniques notamment, peuvent être produits. Ces acides taniques influencent les organismes du sol et la culture suivante (allélopathie). Les acides taniques contribuent à réduire la présence des nématodes. Ils aident ainsi à résoudre un problème sanitaire dû à la rotation. Les tannins peuvent aussi avoir des effets positifs ou négatifs sur la croissance de diverses espèces végétales, selon la famille de plantes dont ils proviennent et l’espèce végétale en présence. L’avoine rude peut par exemple provoquer des symptômes analogues à ceux d’un herbicide sur la culture suivante. Ces effets sont plus importants dans les cultures d’espèces pures que dans le cas de mélanges.
Un sol actif est un sol sain. Il est un réservoir d’eau, de substances nutritives et d’oxygène. Ceux-ci sont nécessaires aux organismes vivant dans le sol tels que les nématodes et les bactéries, lesquels décomposent les résidus de récolte ainsi que les engrais de ferme ou du commerce, et minéralisent les nutriments libérés pour les rendre assimilables par les plantes cultivées. Un sol actif retrouve beaucoup plus rapidement sa structure en cas d’ornières et de tassement, et dégrade mieux les agents chimiques épandus. En plus de cela, un sol bien structuré est moins sensible à l’érosion et à la battance. Il peut donc absorber beaucoup plus d’eau de pluie en peu de temps, ce dont les cultures bénéficient.
Sollicitations du sol
Indépendamment du mode de production – bio, PER, extenso ou IP Suisse, le sol subit des sollicitations de plus en plus intenses, de la préparation du lit de semences à la récolte, en passant par la lutte contre les adventices. Des rotations plus rapprochées avec moins de variations culturales ainsi que l’évacuation de tous les résidus de récolte constituent une charge supplémentaire pour le sol. À cela vient s’ajouter un autre facteur sur lequel l’agriculteur n’a aucun impact: la météo. Les conditions extrêmes comme les hivers très doux ou les longues périodes sèches alternant avec des périodes très humides représentent un stress pour le sol, surtout lorsqu’il faut l’irriguer ou récolter dans des conditions humides.
Investir dans les récoltes suivantes
Les praticiens le savent et de nombreux essais l’ont confirmé: les apports de matière organique sont une véritable cure de bien-être pour le sol. Cette matière organique peut provenir aussi bien de résidus de récolte que du couvert végétal. Dans les exploitations sans bétail, où la paille est exportée, le bilan humique est souvent à la peine. Pour que les apports organiques aient un impact positif sur les récoltes, il faut être attentif à certains facteurs:
Pour prévenir les maladies dues à la rotation, les résidus de récolte doivent se décomposer le plus rapidement possible. Ils doivent pour cela être broyés, afin que les bactéries du sol disposent de plus de surface pour mieux les attaquer. L’incorporation à plat de la substance organique dans les couches superficielles du sol accélère sensiblement la décomposition.
En ce qui concerne les engrais verts, la matière organique ne doit pas être hachée trop fin avant d’être incorporée dans le sol. Les machines couramment utilisées à cet effet ne sont pas toujours idéales; il s'ensuit la formation d’une couche hermétique qui empêche le sol de sécher en surface. Utiliser un broyeur réglé à la bonne hauteur (au moins 10 cm), disperser l'engrais vert à la faneuse ou effectuer un passage de rouleau suffit en général amplement.
Il faut à tout prix éviter de «conserver» les débris végétaux dans le sol: cela les empêche de se décomposer et ils forment alors des tapis constituant un lieu de vie idéal pour les limaces.
Le moment de l’intégration de l’engrais vert est fonction du type de sol et de la culture suivante. Il n’a pas d’impact sur le bilan humique, mais agit directement sur la culture suivante.
Les sols actifs sont plus vivants. Ils peuvent évidemment aussi contenir des ravageurs, en plus des nombreux auxiliaires. Le calcul du bilan global est toutefois vite fait: plus la structure du sol est favorable, plus les cultures sont fortes et compétitives par rapport aux ravageurs. Elles sont par conséquent moins prétéritées par ces derniers.
Les avantages des mélanges
Les mélanges d’engrais verts sont à préférer aux semis d’espèces pures. Les associations d’espèces se décomposent plus rapidement. En plus de cela, le mélange de diverses familles de plantes offre plus de sécurité en termes de levée et de rendement.
Mais attention: la rotation doit impérativement être prise en compte, non seulement en ce qui concerne le choix de l’engrais vert, mais aussi par rapport à la repousse provenant d’éventuelles pertes lors de la récolte et d’adventices annuelles!
AuteurHanspeter Hug, Semences UFA, 8401 Winterthour