Protection phytosanitaire viticole
Une vendange de qualité et abondante implique de respecter plusieurs critères. La réussite de la protection phytosanitaire de la vigne ne se résume pas à l’application de produits de protection des plantes.
L’observation
Il est important d’observer ses vignes. La précocité du débourrement aidera le vigneron à déclencher le début de la lutte. Il est également primordial de suivre ce qui se passe dans les parcelles plus humides et moins bien ventilées. Chaque vigneron possède une zone ou quelques souches qui sont systématiquement les premières à présenter des débuts d’attaques fongiques.
Les modèles de prévision de risques fongiques disponibles sur le site Agrometeo sont des aides très utiles pour confirmer l’impression du vigneron. Cependant, ces modèles ne peuvent se substituer à l’observation sur le terrain.
La prévention
La mise en œuvre de toutes les mesures qui rendent la vie difficile aux agresseurs de la vigne est un atout essentiel.
Celle-ci passe par un effeuillage de qualité et une aération de la zone des grappes optimale. La gestion de l’enherbement et des adventices est un élément à intégrer. Dans les parcelles humides et mal ventilées, les choix des encépagements plus résistants aux maladies et de portegreffes mieux adaptés permettront de résoudre une partie des problèmes.
Dans certains cas, des aménagements comme l’installation d’enherbement ou l’implantation d’un drainage peuvent également apporter des solutions. A moyen terme, c’est peut-être le système de conduite de vigne qu’il faudra modifier ou adapter (gobelets, lignes très étroites…).
La protection
La protection phytosanitaire doit être réfléchie et préparée en tenant compte de plusieurs facteurs. Il convient de rappeler qu’il est plus facile de prévenir que de guérir! Par exemple, dans des vignobles hautement mécanisés, l’utilisation exclusive de produits de contact est réalisable. Ceci nécessite cependant de pouvoir garantir une réactivité permettant la protection de l’entier de son domaine en l’espace d’une journée.
Ainsi, on adaptera la gamme des produits employés en fonction de la philosophie de l’exploitant, des contraintes techniques, économiques ou réglementaires. On doit aussi tenir compte des exigences de la cave ou de l’acheteur. Le type d’exploitation, la topographie, les conditions pédoclimatiques ou encore la susceptibilité des parcelles sont autant de facteurs qui entrent dans l’équation.
La stratégie
Une fois la stratégie définie, plusieurs éléments sont à respecter. Les intervalles des interventions sont une des clés de la réussite. Ils sont principalement influencés par la croissance de la vigne et par la pluviométrie. On considère qu’une application doit être renouvelée au plus tard tous les 20-25 cm de croissance végétative.
Concernant la pluviométrie, le renouvellement dépend du type de produits. Pour les substances de contact, une nouvelle intervention se fera à partir de 20-25 mm de précipitations. Les autres produits présentent une résistance supérieure. Cependant, seules les matières purement systémiques ne sont pas influencées par le volume de l’eau.
Avant la floraison et en fonction de la pression fongique, il n’est pas rare que la cadence de traitements soit parfois sous-estimée. Il est souvent judicieux de resserrer les intervalles entre deux traitements avant fleur. L’intérêt de cette pratique permet de passer la floraison avec un état sanitaire optimal du feuillage. On pourra ainsi affronter la deuxième partie de la saison avec plus de sérénité.
L’alternance des produits est très importante. Il est préférable de changer de groupe chimique, donc de mode d’action du fongicide, à chaque intervention. Il est également conseillé de ne pas utiliser le nombre maximal d’applications possibles. Ainsi, pour un mode d’action pouvant être employé trois fois par saison, on se contentera de l’appliquer seulement une ou deux fois. La grande gamme de groupes de résistance à disposition du vigneron permet cette rotation, qui évite la formation de résistances.
Le surdosage ou le sous-dosage sont à proscrire
Pour les substances anti-oïdiums uni-sites mono-composant, l’ajout d’une dose réduite de soufre est recommandé. A titre d’exemple, la plupart des produits anti-mildiou uni-sites sont accompagnés d’une seconde matière active.
Les produits ne sont rien sans une bonne qualité d’application. Le choix des buses, la vitesse d’avancement ou encore le volume de bouillie à l’hectare doivent être parfaitement maîtrisés. Les conditions météorologiques au moment de l’application revêtent aussi une importance primordiale.
L’adaptation
En fonction de l’évolution de la saison, une stratégie de base pourra être adaptée. En effet, en cas de montée en puissance de la pression fongique, il sera peut-être nécessaire d’augmenter la cadence des traitements. Les changements des produits ou encore le traitement de tous les rangs peuvent également s’imposer, selon les types d’appareils utilisés.
A l’inverse, si une période particulièrement clémente s’installe, on pourra légèrement baisser la garde. Il sera peut-être possible de rallonger les intervalles d’intervention ou d’adapter le choix des produits.
En conclusion, la réussite phytosanitaire se résumera à l’association de l’observation, de la prévention, de la protection et de l’adaptation.
Pour plus d’informations, les conseillers techniques de fenaco Protection des plantes sont à votre disposition.
AuteurAurèle Jobin, conseiller protection des plantes, 1510 Moudon
Les conseillers en protection des plantes de fenaco sont à disposition pour des informations et des conseils.