Les éleveurs et éleveuses qui maîtrisent bien la hauteur de l’herbe produisent beaucoup de lait à l’hectare et obtiennent des gazons plus denses. Le compromis optimal entre le rendement et la qualité en vue d’une production idéale est atteint lorsque le ray-grass anglais atteint le stade trois feuilles. Dès que l’herbe est plus haute et par conséquent moins jeune, sa valeur alimentaire chute rapidement, la part de tiges et de feuilles mortes ayant tendance à augmenter. Sur les sites défavorables au ray-grass, la recommandation susmentionnée implique certains ajustements.
Etre attentif à la qualité
Une qualité d’herbe optimale est doublement importante : les vaches ingérant une herbe de qualité produisent beaucoup de lait ou de viande à partir d’une quantité de fourrage relativement modeste. Si la qualité de l’herbe diminue, à cause d’une période de repos (intervalle entre deux utilisations) trop longue ou de refus trop importants, la consommation de fourrage baisse à son tour. Seule une période de repos prolonge de quelques jours suffit pour influencer négativement les performances animales. Un taux de chargement élevé à l’hectare concourt à une pâture de qualité. Un nombre plus élevé de vaches à l’hectare limite la performance laitière par vache alors que la production laitière à l’hectare progresse de manière significative.
Réduire les refus
Moins il y a de refus et plus la productivité de la prairie à la surface est élevée. Une présence minimale de refus n’est possible que pour autant que la hauteur de l’herbe ne soit pas trop élevée lorsque les vaches commencent à pâturer. En quittant le pâturage, on vise une hauteur d’herbe régulière et courte, comme dans le cas d’une fauche. Après avoir tenu compte des chiffres clés concernant la hauteur de l’herbe (voir encadré), le prochain objectif pour réduire les refus consiste à vérifier la durée de pâture par parcelle et la complémentation à l’étable. Mais attention : si l’on tolère des refus et qu’on ne les fauche pas, ces derniers peuvent constituer une porte d’entrée pour les adventices et les graminées de faible valeur comme le millet.
On vise une hauteur d’herbe régulière et courte.
Hauteur de l’herbe
Plus l’herbe est haute et à un stade avancé, plus le pourcentage de fibres et le niveau de lignification augmentent. La hauteur de l’herbe permet de contrôler directement le stade de maturité du couvert dans chaque parcelle. Mesurer la hauteur de l’herbe dans chaque parcelle permet aussi d’évaluer plus précisément le stock d’herbe disponible pour le troupeau sur l’exploitation. Le « triangle de pâture » (« Profil de pâturage ») permet de déterminer de manière simple si la quantité d’herbe disponible est trop élevée. Si c’est le cas, on laisse de côté les parcelles où l’herbe est la plus haute et on les fauche. Quand une parcelle est pâturée à une hauteur d’herbe optimale, il n’est généralement pas nécessaire d’effectuer une coupe de nettoyage. Il vaut donc la peine de veiller à une gestion précise du pâturage. Des instruments de mesure et des logiciels de gestion des herbages constituent une aide à la décision.
Triangle de fourrage
Le triangle de fourrage s’obtient en inscrivant par ordre décroissant la hauteur de l’herbe pour chaque parcelle. Finalement, les hauteurs visées au moment de l’entrée dans la parcelle (parcelle avec la hauteur d’herbe la plus élevée) et de la sortie (parcelle pâturée en dernier) sont introduites et reliées à l’aide d’une droite. Si le stock d’herbe disponible équivaut aux besoins, les hauteurs d’herbe effectives et la ligne cible se superposent. Les hauteurs d’herbe supérieures ou inférieures à cette ligne indiquent un excédent ou déficit d’herbe. Mesurer la hauteur de l’herbe au moins une fois par semaine permet de réagir à temps à l’évolution de sa croissance.
La Suisse est au top
En Suisse, des performances de base de plus de 7000 kg par vache et de plus de 13 000 kg de lait par ha de surface fourragère principale sont assez fréquentes. Outre une gestion optimale, une composition équilibrée en graminées sélectionnées et en trèfle est indispensable pour atteindre de tels niveaux de production. La part de trèfle ainsi que, dans le cas des prairies naturelles, la part d’autres plantes, font que l’herbe est particulièrement appétible pour les animaux et que ces derniers en ingèrent davantage.
Mesurer la hauteur de l’her be : pour qui est-ce particulièrement intéressant ?
• Pour les exploitations pratiquant la pâture intégrale avec des exigences élevées en termes de performances à la surface et de gestion de la pâture.
• Pour les exploitations de taille plus importante, même en cas de pâture partielle : « planifier précisément plutôt que broyer. »
• Pour les exploitations utilisant un robot de traite et 2 à 3 parcelles de pâture sur 24 heures. L’offre en herbe des parcelles détermine le taux de fréquentation du robot.
Dans les troupeaux de plus grande taille, les pertes économiques liées à une gestion de pâture peu rigoureuse s’élèvent vite à plusieurs milliers de francs. Il n’est donc pas surprenant que les spécialistes de la pâture mesurent régulièrement la hauteur de leurs herbages. Durant la période où l’herbe grandit le plus, on recommande d’en mesurer la hauteur à raison de deux fois par semaine, pour prendre à temps les décisions qui s’imposent. Les exploitations de taille plus modeste n’ont pas nécessairement besoin d’acheter un instrument de mesure professionnel. Un simple double-mètre ou des marquages sur les bottes peuvent aussi faire l’affaire. Les personnes intéressées peuvent s’adresser à la communauté d’intérêts Weidemilch : www.weidemilch.ch (en allemand).