Plan d’action Produits phytosanitaires
Le 6 septembre 2017, le Conseil fédéral a adopté le plan d’action visant à la réduction des risques et à l’utilisation durable des produits phytosanitaires. Ce plan doit permettre de réduire de moitié les risques liés aux produits phytosanitaires, afin de protéger à long terme l’être humain et l’environnement des effets négatifs de ces substances. Parallèlement, des stratégies de protection des plantes efficaces doivent être développées pour que les conséquences économiques soient aussi faibles que possible pour l’agriculture.
Différents objectifs sont définis dans le plan d’action. L’utilisation de produits phytosanitaires présentant un potentiel de risque particulier doit ainsi être réduite de 30 % d’ici 2027. Durant la même période, les émissions de produits phytosanitaires doivent diminuer de 25 %. Pour pouvoir atteindre ces objectifs, quelque 50 mesures ont été fixées dans le plan d’action. Quelques-unes d’entre elles sont présentées ci-après avec leurs objectifs (liste non exhaustive).
Utilisation réduite d’herbicides
La renonciation complète ou partielle aux herbicides doit être encouragée dans le cadre des paiements directs dès 2020.
En outre, de nouveaux programmes visant à encourager la réduction/renonciation aux herbicides, similaires aux programmes extenso déjà existants, doivent aussi être mis en place. Le désherbage mécanique et les sous-semis doivent être davantage privilégiés dans diverses grandes cultures. Dans quelques cultures, les applications d’herbicides peuvent être limitées à des traitements en bande.
Adapter le dosage à la surface foliaire
Dès 2018, la quantité de bouillie devra être adaptée à la surface du feuillage à protéger dans les cultures verticales (fruits, petits fruits et vigne). Des essais d’Agroscope ont ainsi montré que plus de 20 % de bouillie, en moyenne, peuvent être économisés en viticulture comparé au dosage à l’hectare.
Nettoyage interne des pulvérisateurs
L’achat de systèmes de nettoyages internes en continu pour les pulvérisateurs sera encouragé dès 2017 par l’intermédiaire des paiements directs. Lorsque ce soutien aura pris fin, l’utilisation d’une telle installation sera obligatoire dans les per.
Le nettoyage interne des pulvérisateurs au champ doit permettre de diminuer les apports de produits phytosanitaires dans les cours d’eau suite à un nettoyage inadéquat à la ferme (en raison, par exemple, d’un système d’évacuation des eaux mal conçu).
Réduire le ruissellement
Dès 2018, des prescriptions d’utilisation plus strictes seront valables pour les produits phytosanitaires dont le risque de ruissellement est élevé. Les mesures afférentes seront fixées dans le cadre de l’homologation des produits concernés.
Les apports dans les eaux superficielles via le ruissellement doivent ainsi être réduits de 80 %. Parmi les mesures possibles figurent l’enherbement des voies de passage, l’enherbement entre les rangs, le travail de conservation du sol et les bordures tampon d’une largeur supérieure à 6 m.
Formation continue obligatoire
L’acquisition de produits phytosanitaires destinés à une utilisation professionnelle ne sera possible qu’avec un permis spécial émis sous forme de carte. Un tel système devra être introduit d’ici fin 2025 et la validité du permis sera limitée à cinq ans. Suivre une formation continue sera la condition sine qua non à une prolongation du permis.
Les utilisateurs resteront ainsi informés de l’évolution des prescriptions et des technologies.
Dès 2025, des cours de perfectionnement seront aussi obligatoires pour les vendeurs de produits phytosanitaires.
Pulvérisateurs à longue portée
La dérive est plus importante avec les pulvérisateurs à longue portée (guns et canons) qu’avec d’autres appareils. A l’avenir, l’utilisation de tels pulvérisateurs ne devra pas entraîner de risques plus élevés pour l’environnement qu’avec d’autres appareils. Les directives afférentes devront être établies d’ici à 2020. Elles pourront comprendre des mesures de réduction de la dérive, telles que le traitement dans la direction de la parcelle ou la définition d’une force du vent maximale jusqu’à laquelle un traitement est autorisé.
Utilisation non professionnelle de produits phytosanitaires
Les utilisateurs amateurs ne devront à l’avenir avoir accès qu’à des produits autorisés pour une utilisation non professionnelle. Dès 2018, une liste des produits phytosanitaires autorisés sera publiée.
L’homologation de produits phytosanitaires destinés à un usage non professionnel devra être plus fortement limitée d’ici à fin 2022.
Nouvelles technologies et modèles prévisionnels
La recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires chimiques doit être renforcée. La protection phytosanitaire intégrée doit également être développée. Le plan d’action prévoit aussi d’encourager le développement de techniques d’application réduisant les émissions. Par ailleurs, une plateforme d’alerte doit être mise sur pied d’ici à 2022, afin de pouvoir mieux prévoir l’apparition de maladies et de ravageurs.
Mesures existantes
Des mesures déjà existantes visant à réduire les risques des produits phytosanitaires figurent également dans le plan d’action et doivent continuer d’être optimisées. Parmi elles figurent par exemple le contrôle des produits phytosanitaires homologués et la sélection de variétés résistantes.
Auteure
Verena Säle, Revue UFA, 8401 Winterthour