Al’heure actuelle, l’agriculture doit faire face à de nombreuses problématiques et la fertilisation doit répondre à de nombreuses exigences : d’une part, la production agricole doit autant que possible garantir la sécurité de l’approvisionnement de notre pays, un impératif qui représente la mission fondamentale de tout agriculteur·trice ; d’autre part, il s’agit d’approvisionner le sol – base de la vie – en éléments nutritifs de la manière la plus écologique possible, en assurant, aujourd’hui comme hier, un cycle des éléments nutritifs aussi fermé que possible entre la garde animale et la production végétale.
Dans toutes les exploitations suisses qui pratiquent à la fois la production animale et la production végétale, l’utilisation des engrais de ferme est un sujet crucial.
Ne pas « simplement épandre »
D’une manière générale, ce sont le fumier et le lisier qui sont d’abord générés, deux produits pour lesquels l’épandage et le choix d’un moment opportun pour cette opération n’est pas chose aisée. Pour identifier ce moment, il convient de considérer les facteurs suivants : du point de vue de la production végétale, la période appropriée et le stade de développement des cultures sont étroitement liés aux besoins en éléments nutritifs. Cette période joue justement un rôle lorsque les conditions météorologiques et l’état du sol ne se prêtent pas encore à l’apport de nutriments, entrant souvent en conflit avec la capacité de stockage des engrais de ferme sur l’exploitation.
La sécheresse modifie les engrais de ferme
Le type d’engrais de ferme est déterminé uniquement par le système de stabulation. En particulier, dans les stabulations libres, la paille a été de plus en plus utilisée ces dernières années ; le fumier ainsi produit étant cependant évacué vers la fosse à lisier, la teneur en matière sèche (MS) de ce dernier augmente automatiquement. Pour cette raison et à cause de l’augmentation des sécheresses pendant la période de végétation, il devient de plus en plus difficile d’utiliser le lisier de manière optimale, par exemple dans la production de fourrage.
Pour remédier à ce problème, la séparation du lisier a fait ses preuves : avec ce procédé, on obtient un lisier liquide qui convient beaucoup mieux à l’épandage moyennant des pendillards ou un distributeur à tuyaux semi-rigides avec socs, car il les obstrue moins ; de plus, le fourrage est moins souillé, ce qui évite les mauvaises fermentations de l’ensilage et les problèmes à l’étable. Concernant la thématique des pertes d’éléments nutritifs, la séparation du lisier n’a pratiquement aucun effet sur les émissions d’ammoniac.
Le type d’engrais de ferme est déterminé uniquement par le système de stabulation.
Une opération onéreuse
Les coûts élevés du système de séparation sont assurément un inconvénient majeur.
Une alternative consiste à utiliser des séparateurs fixes ou mobiles par l’intermédiaire d’un entrepreneur de travaux agricoles ou d’une communauté d’utilisation de machines agricoles. Quoi qu’il en soit, les séparateurs fixes sont plus nombreux que les séparateurs mobiles en Suisse.
Dans la plupart des exploitations, pour des raisons structurelles, le lisier liquide est renvoyé dans la fosse à lisier principale. En ce qui concerne la fertilisation, la partie solide du lisier est utilisée plutôt dans les grandes cultures ; les matières solides sèches conviennent toutefois parfaitement aux cessions d’éléments nutritifs de l’exploitation.
Si la séparation peut être planifiée dans le cadre d’une nouvelle construction, une solution optimale consiste à faire en sorte que le séparateur aspire tout le lisier non traité de la préfosse et envoie ensuite le lisier liquide dans la fosse principale. Ce dernier ne présentant quasiment jamais de croûte flottante, il est possible dans la plupart des cas de se passer d’un brasseur fixe dans la fosse principale et ainsi, de limiter les coûts. Les matières solides, quant à elles, devraient pouvoir être stockées sur une fumière suffisamment grande et, si possible, recouverte d’un auvent, permettant d’éviter les suintements.
Notre conseil
Avantages supplémentaires de la séparation du lisier
– Grâce à la séparation, le gain de place pour le lisier est d’environ 10 %.
– Les matières solides issues de la séparation peuvent être utilisées comme litière dans les matelas de paille/fumier/chaux. Cependant, cette manière de faire n’est pas acceptée par tous les acheteurs de lait (p. ex. Le Gruyère AOP ou l’Appenzeller).