En plus de pertes importantes de rendement et de qualité, les fusarioses engendrent une charge en produits métaboliques toxiques (mycotoxines) dangereux pour la santé des hommes et des animaux.
Aspects de la maladie
Les infections sur épis présentent différents symptômes: épis partiellement blanchis (échaudage partiel), parfois avec des dépôts de spores d’une couleur rose orangé sur les épillets, ainsi que glumelles ou épillets isolés nécrosés, comportant un centre blanchi et un bord foncé (photos).La moisissure des neiges (Microdochium nivale/M. majus) provoque des symptômes sur épis mais également sur feuilles, toutefois sans formation de mycotoxines.
Déroulement de l’infection
En Suisse, les fusarioses sur épis sont provoquées par différentes espèces de Fusariums. L’espèce dominante est Fusarium graminearum(FG). Les infections par FG sont la plupart du temps transmises par des résidus de la culture précédente (p. ex. maïs, céréales) à la surface du sol (graphique). Les spores libérées à partir du début (dès l’épiaison pour l’orge) et jusqu’à la fin de la floraison, transportées sur les épis par le vent ou les éclaboussures de pluie, sont particulièrement dangereuses. Dans des conditions humides (des gouttes de rosée, p. ex.), les spores peuvent germer et pénétrer à l’intérieur de la plante.
Mycotoxines
Les fusarioses produisent différents métabolites. Les toxines les plus fréquentes dans les céréales sont le déoxynivalénol (DON) et la zéaralénone (ZEA), produits par FG, ainsi que le nivalénol, produit principalement par F. poae. Le DON entraîne un refus d’ingestion du fourrage et affaiblit le système immunitaire, alors que la ZEA a des effets œstrogéniques. Pour ces deux mycotoxines notamment, des valeurs limites en adéquation avec la législation de l’UE ont été édictées dans l’ordonnance sur les contaminants du DFI (Département fédéral de l’intérieur) et dans l’ordonnance sur les aliments pour animaux du DEFR (Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (www.mycotoxines.ch > Législation internationale).
Pronostic DONAgroscope a développé le système de pronostics FusaProg, utilisé pour évaluer le risque de contamination par DON dans les céréales. |
Mesures lors de la récolte, au centre collecteur et à l’étable
Mesures avant, pendant et après la récolte
- Examiner le champ lors de fusarioses sur épis avant la phase de maturité (env. deux semaines après la floraison).
- En cas de plus de dix pour cent des épis infectés (un épi avec un faible symptôme d’attaque compte comme infecté), récolter tout ou partie de la parcelle séparément et livrer la récolte immédiatement.
- Régler la moissonneuse-batteuse de manière à ce qu’un maximum de fragments de paille, de glumes et de grains ratatinés soient évacués.
- En plus des mesures inhibant l’infection durant la culture, il faut également veiller à une récolte et à un stockage secs et soigneux pour éviter la production de nouvelles mycotoxines.
- Informer l’acheteur si une infection a été détectée visuellement sur la parcelle ou dans la remorque.
Mesures lors de la prise en charge des céréales
- Contrôle visuel avant le déchargement.
- En cas de légers signes d’infection par fusarioses ou de lots provenant de cultures à risque*, nettoyage et aspiration plus forts.
- Si plus de cinq pour cent des grains sont touchés par les fusarioses (photos),entreposage séparé et analyse au moyen du test rapide DON.
Mesures lors du transbordement avant livraison chez le client
- Contrôle visuel de la marchandise transformée.
- Contrôler les premières livraisons après la récolte au moyen d’un test rapide et documenter.
- En cas de signes de contamination par des fusarioses ou de test rapide positif, nettoyer à nouveau à fond les lots, procéder à un échantillonnage automatique et l’envoyer pour analyse au laboratoire pour le DON (méthode ELISA ou HPLC).
- Eliminer les impuretés**, les déchets de triage et les poussières (ne pas utiliser comme fourrage !).
- Conserver un échantillon dans un sachet de sécurité signé par le producteur.
Paille infectée par la fusariose: à quoi faut-il veiller ?
Les porcs réagissent de manière particulièrement sensible lorsqu’ils sont détenus sur de la paille chargée en mycotoxines. Ne pailler qu’avec de la paille sèche et de couleur claire. En cas de doute, il est recommandé de réaliser une analyse microbiologique en laboratoire.
Les récoltes chargées en mycotoxines sont invendables !
Les lots qui ne peuvent être utilisés ni dans l’alimentation humaine ni pour l’affouragement des animaux doivent être éliminés: valorisation comme combustible ou apport dans une installation de biogaz ou d’incinération. Afin de garantir une hygiénisation irréprochable des sous-produits du biogaz, il est indispensable d’observer à la lettre les recommandations des spécialistes concernant les techniques de méthanisation et de compostage. La méthode thermophile avec compostage subséquent est la plus appropriée.
Vous trouverez davantage d’informations sur des mycotoxines sur le site www.mycotoxines.ch.