Si, lors du contrôle du fourrage produit sur son exploitation, l’exploitant·e remarque que les valeurs analysées ne correspondent pas aux attentes, il devient urgent de rechercher les causes du problème. Il faut alors commencer par soumettre les parcelles de prairie à un examen approfondi. Les dommages causés par les rongeurs, les insectes ou les animaux sauvages sont quasi inévitables. Il en va de même pour la météo capricieuse, qui a beaucoup malmené les herbages ces dernières années. Si à cela s’ajoutent des erreurs de gestion, telles qu’une fumure, une exploitation et un site inadaptés au mélange, les cultures fourragères peuvent très rapidement présenter des insuffisances. Un mauvais entretien et un travail mécanique inapproprié – par exemple avec des gyrobroyeurs – peut endommager le peuplement, car les bonnes plantes ne parviennent pas à pousser à travers l’épaisse couche de résidus.
Astuce agricole : le piège à campagnols
Norbert Ricklin habite à Gommiswald. Lorsqu’il chasse des campagnols, il en capture toujours un grand nombre. Pour installer de manière ciblée ses pièges à campagnols dans les couloirs creusés par ces derniers, il utilise une sonde de métal et un dispositif constitué d’un tuyau en fer. Grâce à ce dispositif, il est très rare qu’un campagnol sorte vivant de terre. L’astuce agricole présentée par la Revue UFA montre comment le poseur de piège Norbert Ricklin parvient à libérer efficacement les pâturages et les prairies des rongeurs présents.
Evaluer le couvert végétal
L’entretien des prairies commence dès le printemps, au début de la période de végétation, par une évaluation des peuplements. Il s’agit de détecter les dégâts et problèmes le plus tôt possible après le repos végétatif et de décider si et à quel moment des mesures doivent être prises. L’évaluation doit porter sur la densité (tableau 1) et la qualité du couvert végétal. Une prairie idéale n’a pas de trous et présente 50 à 70 % de graminées, 30 à 40 % de trèfles et au maximum 5 % d’autres plantes.
Eviter les trous
Facteurs externes : les ravageurs doivent être combattus ou éliminés par des mesures adéquates. L’installation de perchoirs pour les oiseaux aide à lutter contre les rongeurs. Le semis direct de grains d’orge inoculés avec des champignons Beauveriapeut être envisagé contre les vers blancs.
Le sursemis est une mesure éprouvée pour remettre en état une prairie endommagée.
Erreurs de gestion : la pousse des graminées doit être favorisée par des apports ciblés d’engrais de ferme ou minéraux au printemps et à la fin de l’été, qui sont leurs périodes de plus forte croissance. Toutefois, le plus important est que les graminées fourragères aient suffisamment d’azote (N) disponible au début de la période de végétation. En plein été, les apports d’engrais de ferme, qui contiennent du potassium, favorisent la croissance des plantes herbacées et des adventices, d’autant plus que c’est la période de plus faible croissance pour les graminées. Selon les sites et la disponibilité de l’eau, il peut valoir la peine d’utiliser des engrais azotés de manière ciblée en été pour favoriser les graminées. Cette mesure est plus difficile à appliquer dans les régions où la période de végétation dure moins longtemps.
Dégâts et mesures à prendre
Dégâts des campagnols
Niveler à la herse-étrille ou, dans les cas plus graves, herser la couche superficielle du sol. Effectuer ensuite un sursemis au semoir à rouleau.
Dégâts dus à la moisissure des neiges
Herser dès que possible au printemps. S’il y a trop de trous, effectuer un sursemis au semoir à rouleau.
Zones dégénérées
Une coupe de nettoyage suivie d’un passage agressif à la herse-étrille. Si besoin, effectuer un sursemis au semoir à rouleau.
Trous
Semer pour boucher les trous le plus rapidement possible. Eviter dans la mesure du possible de provoquer soimême des trous.
Photos : màd
Réparer les dégâts
En cas de faibles dégâts dus aux campagnols, il suffit d’étaler la terre et de favoriser les graminées par une fumure adaptée (tableau 3). Le plus souvent, dans ce cas, il vaut la peine de procéder à un sursemis, afin d’éviter un enherbement spontané. En cas de dégâts plus importants, comme ceux causés par les sangliers, il peut être avantageux de procéder à un travail superficiel du sol au moyen d’une herse rotative et de semer un mélange complet. Si ces dégâts ne sont pas réparés, les trous seront vite envahis par les adventices. Un sursemis permet de rajeunir le peuplement avec de bonnes plantes fourragères, telles que les ray-grass, le pâturin des prés et les fétuques. Ces espèces doivent être évaluées précisément dans les prairies envahies par les adventices. Un assainissement ciblé peut alors être utile aussi en fin d’été. Les rumex et autres adventices peuvent ainsi être combattus au préalable. Les cultures fourragères présentant une part très importante de pâturin commun et d’autres graminées feutrantes doivent impérativement être hersées avec un réglage agressif une à deux fois avant un sursemis. Si beaucoup de plantes sont arrachées, il vaut la peine de les ramasser, même si cela demande du travail.
Rotation et sursemis
Le sursemis est une mesure éprouvée pour remettre en état un peuplement endommagé ou détruit. Après un sursemis, les engrais de ferme sont à éviter sur les plantules. Ils peuvent être épandus avant le semis, car cela favorise les jeunes graminées. Il est toutefois très important de procéder à la coupe suivante déjà environ quatre semaines plus tard, pour que les plantules ne soient pas étouffées par le peuplement existant et reçoivent à nouveau de la lumière.
Last but not least
Le potentiel des prairies n’est pas encore entièrement exploité. Un entretien adéquat des peuplements est donc essentiel, afin de maintenir durablement les herbages au niveau souhaité. Les coûts pour atteindre cet objectif doivent être intégrés dans la planification de l’exploitation. L’entretien intensif d’un tiers de la surface d’herbages par année permet de répartir les risques et les coûts. Un « plan d’entretien des prairies » (tableau 2) constitue un bon outil pour la gestion des prairies permanentes.