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Production végétale

La fertilité en démonstration

Toute personne qui cultive la terre aura sa propre définition de la fertilité. Il se peut même que les opinions divergent sur cette notion, car les approches sont multiples. Le but final doit être de maintenir cette fertilité.

Beau développement d’un couvert végétal (Niger).

Beau développement d’un couvert végétal (Niger).

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Formation prof et continue, FRIJ

Le sol

Afin de cadrer le terme de fertilité, l'ordonnance fédérale sur la protection des sols donne une définition, dont voici un extrait: «Un sol est considéré comme fertile s'il présente une biocénose biologiquement active, une structure, une succession et une épaisseur typiques et qu'il dispose d'une capacité de décomposition intacte. De plus, il doit permettre aux plantes et aux associations végétales naturelles ou cultivées de croître et de se développer normalement et ne pas nuire à leurs propriétés.»

Vie biologique du sol

Pour l'agriculture, la vie biologique du sol est un indicateur et un élément très important pour la fertilité du sol. La matière organique qui le nourrit, confère au sol la stabilité structurale à long terme, il assure la vie microbienne et la nutrition des plantes, sert de réserve en éléments nutritifs et en eau, stabilise et protège les agrégats, autant d'éléments pour garantir une croissance des végétaux à long terme.

Plate-forme de démonstration

Le 20 septembre dernier, la Fondation rurale Interjurassienne (FRI) a mis en place à Courtedoux une plateforme de démonstration sur la fertilité du sol. Quatre postes ont été installés: 

  • une culture de betteraves conduite en mode biologique 

  • une fosse pédologique permettant d’analyser le sol, ainsi qu’un test à la bêche 

  • divers semis de couverts végétaux d’intercultures 

  • une culture de colza mise en place avec des couverts végétaux associés.

Une démonstration de machines de sarclage et de destruction de couverts végétaux est encore venue compléter les diverses activités déployées durant cette journée par l’équipe de la Production végétale et Environnement de la FRI.

Semis de colza associé

Ce procédé cultural consiste à semer simultanément du colza d'automne avec un couvert associé, essentiellement composé de légumineuses qui vont disparaître pendant l’hiver sous l’action du gel ou accompagner le colza sans le concurrencer au printemps.

Dans nos régions jurassiennes, le mélange fénugrec, lentilles et gesses s’est avéré le mieux adapté et remplit pleinement ses fonctions. Cette méthode qui vise à faire l’impasse sur les herbicides racinaires de prélevée a déjà été éprouvée dans nos régions et est en phase d'être appliquée par les cultivateurs de colza.

Les bénéfices pour la fertilité sont à rechercher dans l'impasse sur l'utilisation d'herbicide permettant un meilleur développement des facteurs biotiques du sol. De même que dans la décomposition des plantes compagnes gélives durant l'hiver contribuant à des apports de matière organique dans le sol. A noter encore une amélioration de la protection de la structure du sol par le couvert végétal. Certaines observations montrent également une perturbation du comportement des altises dans la culture. Les couverts végétaux

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Semis de colza associé bien réussi.

Il s'agit dans ce cas, de cultures secondaires implantées après une culture principale. Ces couverts végétaux peuvent être de deux types: soit court, implantés entre une culture récoltée en été et avant le semis d'une culture d'automne; soit long, implantés avant une culture de printemps.

Dans un tel couvert, la diversité peut atteindre jusqu’à quinze espèces, voire plus. Ce type de mélange a l’avantage d’occuper diverses strates écologiques aériennes et souterraines et il est volontiers conseillé par rapport à des semis de couverts mono-spécifiques.

Les bénéfices pour la fertilité sont garantis par une protection passive de la structure par la présence d'un couvert végétal (érosion et battance). Et par l'activité biologique due à la biomasse restituée au sol qui peut varier de 2.5 à 5 tonnes MS/ha, ainsi que par une structuration biologique dynamique du sol.

Eléments fertilisants

Au niveau de la gestion des éléments fertilisants, le choix des espèces présentes dans le couvert végétal peut appauvrir ou enrichir le sol, notamment en azote, en fonction du rapport C/N. Dans le cas où l'agriculteur cherche à enrichir ses sols en azote avant la mise en place d’une céréale par exemple, il choisira des couverts riches en légumineuses. Celles-ci captent de l'azote atmosphérique, libéré pour les plantes au printemps, suite à la décomposition de la matière organique et aux processus de minéralisation qui reprendront leur droit lorsque le sol se réchauffe. Grâce aux racines installées, ces plantes sont capables de recycler les éléments minéraux et de remonter des éléments fertilisants à la surface du sol. Le tournesol officiera par exemple comme pompe à phosphore, ou le lin comme mobilisateur du silicium.

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Profil de sol silteux de plus d’un mètre de profondeur.

Si l'agriculteur souhaite «appauvrir» son sol en azote, avant l’implantation d'une légumineuse, il choisira un couvert dont le rapport C/N est élevé comme des mélanges comprenant de l’avoine, du lin ou de la phacélie.

Le grand bénéficiaire de ces stratégies: le sol

Le sol n'est pas qu'un substrat sur lequel un agriculteur produit des denrées à l’aide d’intrants, mais il s'agit du capital le plus important que l'agriculteur possède et provenant d'une longue et patiente altération de la roche mère de plusieurs milliers d'années dans certains cas. Il s’agit dès lors d’entretenir les processus vitaux du sol et de maintenir ses conditions cadres, afin de pouvoir le cultiver aujourd'hui et léguer ce capital aux agriculteurs à venir. «Nous n'héritons pas la terre de nos parents, mais nous l'empruntons à nos enfants» disait Antoine de St-Exupéry.

L’ouverture d’une tranchée dans une parcelle de maïs a montré un sol silteux profond de plus d’un mètre: un énorme potentiel de production! L’enracinement du maïs montrait cependant une difficulté de la plante à aller s’alimenter au-delà de 25 à 30 cm de profondeur, à cause d’un tassement profond provoqué par la masse des machines liée aux conditions de travail. L’adaptation de la stratégie de travail du sol, ainsi que l’utilisation de couverts végétaux, ou semis de colza associé dans la rotation, peuvent contribuer à améliorer la situation de fertilité à moyen voire à long terme. 

AuteurBeat Knobel, Responsable du domaine Production végétale et Environnement de la FRI, Courtemelon.

PhotosBeat Knobel

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