Une analyse de sol prélevée correctement représente la clé de voûte de la gestion du sol. Elle donne l’état de fertilité du sol, son pH, sa teneur en matière organique, les différents éléments nutritifs présents. Un facteur de correction permet, d’une façon simple et rapide, de faire ou non une correction de la fumure pour les éléments que sont le phosphore, le potassium et le magnésium.
Analyse de sol
Avec l’analyse minimale tolérée par les prestations écologiques requises (PER), la matière organique est estimée de manière visuelle. Toutefois, une analyse plus poussée permettant d’avoir un résultat plus précis de la matière organique ainsi qu’une analyse de la présence ou non de calcaire (CaCO 3 ) dans vos sols sont préconisées. Ces deux points sont importants pour le suivi de la fertilité des sols.
La réalisation d’une prise d’échantillons pour l’analyse de terre doit se faire d’une manière rigoureuse, afin d’être représentative de la parcelle. Si une parcelle présente un manque d’homogénéité ou des problèmes sur certaines zones, il est préférable de réaliser plusieurs analyses de la même parcelle, soit une analyse par zone. Les bonnes pratiques de prise d’échantillons sont décrites dans le classeur grandes cultures d’Agridea au chapitre 19.35. Les obligations PER stipulent de réaliser au minimum une analyse de sol tous les 10 ans. Toutefois, des analyses réalisées plus fréquemment offrent un meilleur suivi de l’état de fertilité des sols.
Exigences et besoins de la culture
Les exigences détaillées par culture sont définies dans le tableau 1.Par le terme exigence, il faut comprendre la sensibilité de la culture à une carence en phosphore (P) ou en potasse (K). Cette sensibilité est liée à la nature du système racinaire des plantes et / ou au rôle du phosphore et du potassium pour la culture. Cela signifie que plus une culture est exigeante, plus les pertes de rendement et de qualité sont élevées en cas de carence. La culture ne nécessite pas un apport supérieur en phosphore ou potassium, mais ces deux éléments sont primordiaux pour son développement.
Les besoins d’une plante représentent la quantité d’éléments nécessaires à sa croissance et son développement. Ces quantités correspondent aux normes de fumure indiquées dans les PRIF 2017 (Principe de fertilisation des grandes cultures en Suisse). Ces normes sont bien sûr adaptées selon les facteurs de corrections des analyses spécifiques à la parcelle, ainsi qu’aux rendements réalisés sur l’exploitation.
Le passé de fertilisation
La fertilisation apportée les années précédentes est un élément clé de la réflexion. Les impasses de fumure sans raisonnement sont dangereuses pour le capital sol, car elles entraînent un appauvrissement des réserves du sol. Avec une impasse successive de deux années en fumure minérale ou organique, le passé de fertilisation est considéré comme défavorable. La suppression complète (impasse) sans égard pour l’état de fertilité réel conduit tôt ou tard à des diminutions de rendement et de qualité.
Résidus du précédent cultural
Les résidus de récolte sont primordiaux dans le raisonnement de la fumure de fond. Lorsque ces derniers restent sur le champ, les éléments nutritifs qu’ils contiennent doivent être déduits de la fertilisation à apporter à la culture suivante. A noter que la majorité du potassium est exportée pas les tiges et les pailles. Le potassium restitué au sol par les résidus de récolte devient disponible pour les cultures suivantes. Le phosphore est lui principalement exporté par les grains et ne peut donc pas être restitué au sol. Pour exemple, le blé nécessite 81 unités de potasse et en restitue 75 par les pailles laissées sur la parcelle.
Considérer les spécificités
Pour résumer, la fertilisation avec des engrais de fond, doit prendre en compte les spécificités propres à l’exploitation. La planification de ces apports se fait en intégrant les particularités liées aux types de productions, aux caractéristiques du sol, à l’emplacement de l’exploitation ainsi qu’aux modes de production choisis. De plus, dans chaque raisonnement il faut intégrer l’analyse de sol, la norme de fertilisation de la culture à venir et ses exigences, le passé de fertilisation, les résidus de récoltes ainsi que les quantités et les caractéristiques des différents engrais à disposition sur l’exploitation. Pour la gestion de tous ces différents paramètres, un plan de fumure reste le meilleur outil d’aide à la décision.
Faire le bon choix
Dans la pratique, l’apport d’un engrais de fond après moissons est intéressant pour plusieurs raisons : une bonne praticabilité et portance des sols et les passages de cultures sont encore présents.
Pour le choix des engrais de fonds, Landor conseille pour les sols acides un apport de chaux et l’utilisation d’un PK calcique. Les engrais qui contiennent différentes formes de phosphore partiellement solubles (PS / PA / PC) sont intéressants dans cette situation.
Pour les sols neutres et alcalins (pH > 6,8), il est recommandé d’utiliser des engrais PK contenant du phosphore hydrosoluble (PS) rapidement disponible.
Triphoska de Landor est un engrais PK polyvalent idéal pour tout type de sol, grâce à ses trois formes de phosphore et à sa valeur neutralisante.
Pour les exploitations biologiques, il est possible d’utiliser des engrais à base de phosphate naturel tendre homologué pour l’agriculture biologique en Suisse, comme par exemple le Calcophos P 9 %.