Un des objectifs du smart farming consiste à utiliser les moyens auxiliaires non seulement là où ils peuvent augmenter la productivité, mais surtout là où ils sont réellement nécessaires. Ou comment réduire la quantité de pesticides, d’engrais et autres intrants. Il s’agit de méthodes « intelligentes » élaborées à partir des technologies numériques. L’application des trichogrammes par drone est un excellent exemple de la numérisation dans l’agriculture.
Tuer dans l’œuf
Parasites naturels, les trichogrammes pondent leurs propres oeufs dans la pyrale du maïs et interrompent ainsi le développement de l’insecte ravageur. Les auxiliaires sont spécifiquement élevés à cette fin et leurs œufs lâchés dans les champs à l’intérieur de petits cartons qu’on accroche sur les plantes ( Optibox ) ou de boules biodégradables jetées au sol ( Optisphère ).
Le lâcher, à quel moment ?
Les drones répartissent les optisphères de manière particulièrement efficace. Les trichogrammes, parachutés dans les champs à intervalles définis, éclosent peu de temps après, avant de se mettre à la recherche d’œufs de pyrale.
Il faut surtout veiller à les lâcher au bon moment : ce n’est pas le stade du maïs qui est déterminant, mais la période de ponte de la pyrale du maïs. Ce moment est calculé à l’aide d’une formule de température et vérifié au moyen de pièges à pyrale du maïs répartis dans toute la Suisse. La date du lâcher des trichogrammes dépend avant tout des températures annuelles cumulées et peut donc varier selon les années. C’est la raison pour laquelle elle ne peut être annoncée qu’une semaine à l’avance seulement. L’application la plus avancée a eu lieu le 15 juin ( 2011 ) et la plus tardive le 8 juillet ( 2013 ). On procède à un deuxième lâcher environ dix jours après le premier.
Les trichogrammes rampent
Une répartition homogène est particulièrement importante, car ces insectes d’environ 0,3 mm peuvent certes voler, mais préfèrent ramper. L’utilisation de drones à cet effet facilite non seulement le travail des agriculteurs, mais augmente aussi la précision et, par conséquent, l’efficacité du traitement. Des pilotes de drones spécialement formés veillent à placer mille trichogrammes ( une optisphère ) par are de maïs. Pour ce faire, le drone dispose de trois systèmes de géolocalisation ( GPS, GNSS, Galileo ) qui lui permettent de voler avec précision au-dessus du terrain.
Un service de drones en quelques clics
Les drones sont utilisés depuis cinq ans déjà pour lutter contre la pyrale du maïs. Il y a trois ans cependant, une nouveauté est venue faciliter le travail : désormais, le plan de vol n’a plus besoin d’être établi manuellement, mais l’est automatiquement grâce au programme UAV Editor dans un champ délimité. Il s’effectue ainsi en quelques clics, tout comme la commande des auxiliaires à lâcher par drone. L’agriculteur indique d’abord les contours de la parcelle à traiter sur une image satellite, puis le système calcule le nombre d’hectares correspondant. Le polygone ainsi créé de la zone à traiter est soit automatiquement transmis au pilote le plus proche, soit attribué par un administrateur à un pilote en fonction de la situation géographique de la parcelle. Le pilote effectue ensuite les réglages nécessaires, par exemple la vitesse de vol ( 36 km / h ), l’écart par rapport au bord du champ ( 7 m ) et l’altitude de vol. Ces données sont automatiquement traitées et l’on obtient un plan de vol ; cela fonctionne également pour des formes de terrain plus complexes. Pour éviter des collisions, le programme doit impérativement veiller à ce que le drone ne se déplace qu’au-dessus de la zone spécifiée. Arbres, maisons et autres obstacles peuvent toutefois se trouver tant à la limite de cette zone qu’à l’intérieur. Dans ce cas, l’altitude de vol est adaptée. Des changements de plan de vol de dernière minute peuvent aussi s’effectuer manuellement sur place pour éviter tout accident de drone.
Et pour les tracteurs ?
Jusqu’à présent, le programme UAV Editor n’était utilisé que pour les drones. Cependant, il est aussi envisageable d’appliquer ce système aux tracteurs équipés d’un système GPS. Comme pour le drone, la zone à traiter pourrait être enregistrée en quelques clics en ligne et l’itinéraire serait ensuite envoyé au tracteur. Ainsi, la définition de la ligne A-B, la fonction de conduite en parallèle ou le contournement du champ ne seraient plus nécessaires. Il serait possible de développer le programme pour les terrains particulièrement compliqués, par exemple pour pouvoir se déplacer le long de l’eau.
La commande d’auxiliaires
Les agriculteurs souhaitant recourir aux drones en 2019 afin de protéger leur culture de maïs peuvent dès à présent communiquer les données relatives à leur champ sur www.nuetzlinge.ch / trichodrohne. Il faut cependant passer commande avant le 20 avril afin de bénéficier d’auxiliaires en quantité suffisante au début du vol de la pyrale du maïs.