Au début de l’utilisation des herbicides, le désherbage total est temporairement devenu une règle. L’érosion et autres problèmes de sol ont rapidement incité l’arboriculture à tolérer un enherbement de l’interligne. Les vignes palissées ont progressivement remplacé le gobelet. Avec ce changement, l’enherbement de l’inter-rang s’est de plus en plus développé.
Régulation mécanique de l’enherbement
Dans les parcelles fortement mécanisables, une multitude de machines et techniques sont utilisables. En combinant astucieusement différents systèmes, il est possible de maintenir le rang de plantation propre. Les choses se gâtent dans les cultures en pente. Dans certaines parcelles, la concurrence hydro-azotée de l’enherbement des inter-rangs est déjà responsable d’une baisse des rendements conséquente.
Option cultures en terrasses
La pente et la faible puissance du matériel à disposition limitent fortement les systèmes utilisables. Les outils inter-ceps ou les machines à très haute pression ne sont pas envisageables à l’heure actuelle.
Dans le Lavaux, la mise en place de banquettes permet de nouvelles perspectives. La fauche de l’herbe sur le plat est maitrisée. Par contre, la gestion du talus de la banquette doit encore être résolue.
Sans herbicides aussi en production conventionnelle
Malgré toutes ces difficultés, une augmentation des surfaces sans herbicides dans le Lavaux est observée. La gestion se fait généralement à la débroussailleuse sur la ligne. Cette méthode, non sans inconvénients, s’avère très efficace pour limiter encore davantage les problèmes d’érosion.
Les herbicides, leur passé, leur présent et leur futur
Depuis plusieurs années on observe un déclin des substances disponibles pour le désherbage arboricole et viticole. A partir des années 50, une multitude d’herbicides ont été introduits tant en arboriculture qu’en viticulture. Ces produits ont totalement changé la manière de gérer la flore des vergers et des vignobles.
Les changements de réglementations, les découvertes scientifiques, la politique et l’opinion publique n’ont fait qu’accélérer le retrait des produits à disposition. En viticulture, l’Alce est en cours de retrait, le Basta suivra juste après. Pour d’autres substances, l’issue est pour le moment incertaine.
Autre signe très parlant, l’introduction récente des mesures M en arboriculture et viticulture. Ces mesures restreignent les herbicides au seul glyphosate et soutiennent fortement le recours aux méthodes non chimiques.
L’abandon des substances racinaires est déjà bien engagé et va probablement s’accélérer. L’utilisation exclusive du glyphosate soulève cependant de nombreuses questions au niveau européen et médiatique et son avenir n’est pour le moment pas garanti. Depuis 2015, la pression sur le glyphosate a augmenté de manière spectaculaire. Ceci fait suite à la classification par le CIRC ( Centre international de recherche sur le cancer ) du glyphosate dans la catégorie cancérogène probable.
Parallèlement, il est apparu dans le vignoble vaudois un écotype de ray-grass résistant au glyphosate. Les premiers cas ont été détectés dans la région d’Aubonne. Aujourd’hui, des baisses d’efficacité sont détectées dans la plupart des secteurs de vignobles vaudois. Des diminutions d’usage ou des retraits partiels ou complets du glyphosate commencent également à apparaître en Suisse.
Les députés vaudois ont approuvé un plan cantonal pour une limitation puis un renoncement au glyphosate sur les domaines de l’état de Vaud. Même les CFF, consommateur majeur de glyphosate, ont décidé de ne plus en utiliser à partir de 2025. Pour atteindre cet objectif, les CFF investissent et expérimentent différents procédés et techniques.
Comme on peut le constater, l’avenir des herbicides tant en arboriculture qu’en viticulture s’assombrit. Et l’arrivée du Natrel à base d’acide pélargonique ne changera rien à cette évolution. Ce produit est principalement destiné à brûler les pampres. Il est doté d’une capacité réduite à contrôler momentanément de petites adventices.
Aucun autre produit substitut ne se profile pour le moment. Et l’industrie chimique est dans l’incapacité de proposer de nouvelles substances compatibles avec les législations actuelles. Bien au-delà de nouvelles molécules dites éco-responsables c’est l’usage même des herbicides qui est de plus en plus bannit par la société.