L’été dernier, la sécheresse persistante a mis à rude épreuve les nouveaux semis. Lorsque la pluie tant attendue est enfin tombée durant la deuxième moitié du mois de septembre 2018, les mélanges pour cultures fourragères semés peu avant ont rapidement levé. Semer durant une sécheresse n’a pas de sens, car, en plein été, il n’est pas rare que les températures atteignent plus de 50° C dans le lit de semence. Sur les versants exposés au soleil, le sol chauffe encore plus. A de telles températures, le risque que la fragile plantule brûle ou se dessèche est très élevé et est souvent à l’origine de l’échec du semis.
Les attaques de limaces dans les nouveaux semis représentent un autre problème, souvent sous-estimé. Outre le rouleau lisse, un sac humide retenu par une pierre et sous lequel on dispose des granulés an-ti-limaces est un outil efficace pour traquer les limaces. Les petites espèces de limaces qui se terrent toute la journée dans le sol peuvent causer des dégâts importants.
Mélanges résistant à la sécheresse
Semences UFA a derrière elle sept ans d’essais en culture fourragère. Sur les divers sites, les différents mélanges se valent sur le plan du rendement.
L’année dernière, les mélanges résistants à la sécheresse comportant de la luzerne ou de la fétuque élevée ont été davantage demandés. Ces mélanges sont recommandés dans les régions sujettes à la sécheresse et permettent de faire face au ralentissement estival de la croissance.
Plus le mélange doit être utilisé longtemps, plus sa composition est importante ; le choix du mélange n’en est que plus déterminant pour réussir.
Progrès dans la sélection
Ces trente dernières années, la sélection des graminées a réalisé de grands progrès, et pas uniquement pour les ray-grass. La masse foliaire et le rendement fourrager ont ainsi augmenté, mais le rendement en graines lors de la multiplication a diminué (corrélation négative entre la masse foliaire et le rendement en graines), augmentant le prix de la multiplication de ces nouvelles variétés.
Potentiel de rendement
Depuis plus de trente ans, Agroscope recense le rendement de toutes les espèces et variétés importantes de plantes fourragères. Avec un rendement moyen de presque 13 t MS/ha et 170 variétés recensées, la luzerne est en tête de classement. Vient ensuite la fléole des prés, suivie de près par la fétuque élevée avec un rendement moyen de plus de 12 t MS/ha. Le dactyle, souvent sous-estimé sur le plan du rendement, est, comme la fétuque élevée, plus résistant à la sécheresse que les ray-grass. La fétuque élevée, qui doit sa résistance à la sécheresse à son système racinaire développé, est parfaitement adaptée pour surmonter les périodes de sécheresse et stabilise en outre les versants menacés d’érosion. Un quart des semences contenues dans UFA Helvetia provient des nouvelles variétés de fétuque élevée Otaria et Elodie.
Le potentiel de rendement du vulpin des prés, qui s’élève en moyenne à plus de 11 t MS/ha, est souvent sous-estimé. Celui-ci est très élastique quant à la qualité du sol. UFA Swiss HS en contient 15 %. Les deux mélanges mentionnés (UFA Swiss HS et UFA Helvetia) contiennent chacun 70 g/a de Tetrax, la première variété de fétuque des prés tétraploïde (voir tableau).
La digestibilité de la matière organique de Tetrax est en moyenne supérieure de 20 g/kg de matière sèche par rapport aux meilleures variétés diploïdes de fétuque des prés. Tetrax présente en outre une meilleure résistance aux maladies foliaires, une levée rapide, un fort pouvoir concurrentiel, est plus persistante et plus résistante aux conditions hivernales que les variétés diploïdes. Dans les mélanges UFA Ensil, UFA Structure Extra, UFA Swiss HS et UFA Helvetia HS, la part de Tetrax est de 100%.
Sur le bon site uniquement
S’agissant du rendement, les très prisés ray-grass ne peuvent rivaliser avec les espèces susmentionnées que lorsque l’emplacement est optimal pour la production fourragère. Dès que la sécheresse s’installe, les raygrass croissent moins que les espèces résistant à la sécheresse. L’utilisation des ray-grass est aussi plus contraignante. Les exigences quant au site et à la gestion de cette culture sont très élevées.
« Le mélange fourrager doit être adapté à l’utilisation »
Christophe Mornod, de Pontenet, est semencier. Dans l’interview qui suit, il révèle à quoi il faut faire attention lors du semis.
Revue UFA : En tant que semencier, à quoi faites-vous attention ?
Christophe Mornod : Il est important de répondre aux désirs du client. Il faut tenir compte de facteurs divers, tels que la situation et l’exposition des parcelles, l’altitude et la qualité du sol. La durée et le but d’utilisation (fauche ou pacage) sont également importants. Le mélange choisi doit être adapté aux animaux. Le mélange fourrager ne sera pas le même pour une vache hautes performances et pour un cheval, par exemple. Il faut aussi connaître la quantité de protéines à produire.
Pourquoi avez-vous acheté un semoir à disques ?
C. Mornod : Je voulais un semoir polyvalent, utilisable pour tous les types de semences – céréales, colza, mélanges fourragers, pois protéagineux, etc. Ce semoir pneumatique est également plus adapté aux pentes et à divers types de sol. J’ai été convaincu par la précision de cette technique de semis permettant de régler le débit en continu depuis la cabine du tracteur. Enfouir les semences se révèle plus efficace que les semer en surface, surtout en cas de sécheresse.
A quoi faut-il faire attention lors du travail du sol ?
C. Mornod : La surface du sol doit être sèche et le lit de semence rappuyé. Le travail du sol doit être adapté en fonction de la composition et de la qualité du sol.
Comment choisissez-vous les mélanges de semences ?
C. Mornod : exploitation comprend une parcelle d’essai de mélanges fourragers en première année d’utilisation avec les sept mélanges suivants : mélange test UFA pour sites secs, UFA 240, UFA Ensil, UFA Strufu, UFA 330, UFA 323 et UFA 330 M. Nous verrons bien quels mélanges fourragers pousseront à cet endroit. Il faut aussi tenir compte des facteurs que nous avons cités.