Quelle est votre appréciation de la situation actuelle en matière de digitalisation dans l’agriculture suisse ?
Les exploitations en sont à des stades très différents de la transition digitale selon les branches de production. Le robot de traite s’est imposé dans la production laitière. S’agissant des secteurs des grandes cultures et des cultures maraîchères, on observe une utilisation croissante de systèmes de guidage par GPS ou de technologies de précision commandées par des capteurs ou des caméras. Les entrepreneurs de travaux agricoles misent tout particulièrement sur la digitalisation. Ce processus présente un intérêt majeur pour les domaines où l’agriculture intelligente peut se substituer au travail manuel, ou du moins le restreindre. Malheureusement, la gestion des données numériques est encore peu répandue.
En quoi la digitalisation est-elle si cruciale pour le secteur agricole ?
Le développement et l’intégration de solutions numériques visent à améliorer l’efficience, la productivité et la durabilité de l’agriculture et du secteur agroalimentaire. Les technologies relevant de l’agriculture de précision aideront les agriculteurs et les agricultrices à atteindre les objectifs environnementaux visés. Avec l’intelligence artificielle, les technologies de reconnaissance des plantes progressent considérablement. Ceci permet un traitement des adventices plante par plante, que ce soit avec des moyens mécaniques ou chimiques. Dans le domaine de la production animale, les systèmes de détection précoce et d’interprétation des troubles de la santé s’améliorent. Prodiguer des soins à un stade initial permet de réduire l’administration d’antibiotiques.
Quels sont les principaux obstacles à l’introduction de technologies digitales rencontrés par les agricultrices et les agriculteurs – et comment les surmontent-ils ?
Les principaux motifs de réticence sont les coûts d’investissement élevés, le manque d’expertise technique et de formation, l’absence de standardisation et de compatibilité entre les différents systèmes et, par voie de conséquence, un déficit de confiance dans ces technologies. Les frais d’investissement devraient diminuer avec la production en plus grandes séries. Combler les lacunes en termes d’expertise technique et de formation relève des institutions de formation. Et concernant les problématiques de standardisation et de compatibilité, ce sont avant tout les fabricants de machines agricoles qui doivent se mobiliser et repenser leurs stratégies de numérisation. Enfin, les chefs ou cheffes d’exploitation doivent voir un avantage concret dans l’application.
