L’une des premières questions à se demander est celle du volume. La loi exige de pouvoir tenir, en période hivernale, une durée minimale de stockage des engrais de ferme liquides allant généralement de quatre à six mois selon l’altitude et les exigences cantonales. La taille du réservoir devra être calculée selon le nombre d’UGB, mais aussi si l’eau de pluie ou de la salle de traite termine dans ce récipient. Les ordonnances concernant la protection de l’environnement, notamment de l’air et de l’eau, sont un autre aspect à prendre en compte (lire encadré). L’espace disponible, les préférences de travail de l’agriculteur, la présence ou non d’une nappe phréatique sont d’autres points auxquels il faut penser. Ce qui se traduit par un espace de stockage souvent volumineux.
Fosses enterrées
« En fonction de la situation, nous essayons de rationaliser les espaces. Quand c’est possible, nous optons pour une fosse sous l’aire de sortie », explique Fabien Mann, de KSM constructions rurales à Moutier (BE). « Dans certains cas, nous avons intégré une séparation pour stocker de l’eau, ce qui permet de rationaliser les coûts. » Car selon l’emplacement de la ferme, la protection incendie exige l’installation d’un réservoir d’eau. Dans les cas situés en zone de protection des eaux, un drainage qui amène les éventuelles fuites dans une chambre de surveillance doit être ajouté. Dans d’autres cas, l’épaisseur du béton doit être augmentée. « Ce qui a un impact non négligeable sur le coût », ajoute Fabien Mann.
L’option enterrée offre un gain d’espace et permet de placer au-dessus la fumière, la place de lavage, d’y stocker des balles de silo ou d’y construire un bâtiment. La version enterrée, qui peut être ronde, carrée ou rectangulaire, est généralement plus coûteuse que la version hors-sol. « Mais la dalle de béton tiendra durant des années, alors que la couverture en chapiteau, par exemple, durera moins longtemps », relève Andreas Graber, de chez System Wolf.
Nouvelle législation dès 2022
D’ici à 2030, tous les réservoirs doivent être couverts. Le 1 er janvier 2022, les nouvelles prescriptions de l’ordonnance dans le domaine des déchets, de l’air et des produits chimiques entrent en vigueur. Ce qui signifie notamment plus aucune fosse non couverte, ceci afin de limiter les émissions des substances volatiles, tels l’ammoniac et les odeurs. Cependant, un délai de six à huit ans est prévu pour la couverture des silos à lisier existants. Il appartient aux cantons d’appliquer cette ordonnance. « Actuellement, plus de 80 % des réservoirs à lisier sont couverts. Les réservoirs non couverts sont, pour la plupart, d’anciennes installations. Selon les informations dont nous disposons, il pourrait s’agir d’environ 7000 silos pour l’ensemble de la Suisse. Les cantons procéderont à un état de la situation sur leur territoire à la suite de l’entrée en vigueur des nouvelles prescriptions », répond l’Office fédéral de l’environnement.
Fosses hors-sol
Souvent, les stockages d’engrais de ferme liquides en horssol ont un coût de construction plus faible. « De plus, il y a des avantages concernant les travaux de terrassement et l’extraction du lisier qui s’effectue par gravité », souligne Andreas Graber. « Les fosses que nous construisons sont toujours rondes, ce qui simplifie le brassage du liquide. Et au niveau statique, la construction est facilitée et donc plus économique. » Par contre, une fosse à lisier hors-sol nécessite de racler et d’installer une pompe afin de pousser les liquides dans la fosse. L’aspect esthétique est souvent décrié.
Les fosses semi-enterrées
Enfin, il y a les semi-enterrées. Le choix de ce système de stockage est généralement lié à une contrainte de pente. « Dans ce cas, la structure de la fosse à lisier fait également mur de soutènement », constate Hugo Zosso, du service de l’agriculture de l’Etat de Fribourg. « Il existe aussi des fosses en bois et en géomembrane. Ces dernières sont plus rares, car il est, entre autres, difficile d’obtenir l’autorisation pour celles-ci », complète Claude Gallay, d’Agridea.
Enfin, le coût représente un point non négligeable. Selon le type de fosse et ses options (épaisseur du mur, dalle au-dessus, caillebotis ou membrane, drainage, variabilité du coût des matériaux, accès pour les machines de chantier, canaux nécessaires ou non pour y amener le lisier), il peut varier du simple au double, soit dans une fourchette comprise entre 150 et 300, voire 350 francs / m 3 .
Notre conseil
Documents utiles pour la construction d’une nouvelle fosse à lisier
« Constructions rurales et protection de l’environnement » (OFEV et OFAG, 2021), « Couverture des réservoirs à lisier existants » (OFAG, 2012), « Efficacité des coûts des couvertures des réservoirs à lisier » et « Couvertures pour silos à lisier » (Rapports FAT, Agroscope, 2005). Certains cantons établissent également de tels guides.