Dans la viticulture, la protection phytosanitaire est indispensable pour garantir le rendement. Mais une utilisation accrue des produits phytosanitaires peut poser un problème financier et, à long terme, écologique. C’est pourquoi on cherche des solutions alternatives et à utiliser moins de produits phytosanitaires.
La lumière renforce les plantes
Le procédé appelé « UV Boosting » pourrait être une de ces alternatives. L’entreprise française du même nom propose une machine qui diffuse des rayons ultraviolets (UV) sur le feuillage des vignes. Les UV-C utilisés sont un rayonnement électromagnétique à ondes courtes. Les plantes peuvent réagir à l’action de la lumière UV-C en produisant un signal de stimulation. Ce signal déclenche un mécanisme de défense présent dans le génome de chaque plante, qui devient plus résistante et réduit la capacité de nuisance du parasite ou de la maladie. Finalement, la plante renforce sa résistance contre les maladies, comme le mildiou.
Potentiel pratique
L’équipe d’Innovagri, chargée de l’innovation chez Agroline, a réalisé cet été un essai de terrain en collaboration avec DiVino et le Strickhof, pour tester en plein air l’efficacité du rayonnement UV-C contre le mildiou. Le dispositif d’UV Boosting a été testé à Winterthour Stadel sur un cépage Müller-Thurgau, d’une vigne appartenant à Rütishauser-DiVino. Comme le fabricant parle d’un « boosting », donc d’une stimulation, la méthode a été mise en œuvre en complément des applications de produits de synthèse réalisées jusqu’ici. Pour permettre la comparaison, les pratiques phytosanitaires conventionnelles préventives ont été testées une fois en concentration élevée et une fois en dosage réduit. Dans les procédés UV, le traitement (rayonnement) a toujours été réalisé avec le dispositif UV Boosting. La machine est constituée de deux applicateurs attelés sur un tracteur viticole. La prise de force fournit l’énergie nécessaire au traitement via un générateur. Pendant l’essai, les vignes ont été irradiées six fois. La première fois au stade 3 à 5 feuilles, avec une répétition tous les 10 à 15 jours. Pour l’évaluation, les attaques de mildiou sur les feuilles et les grappes ont été comptabilisées.
Résultats en première année
Les résultats obtenus sont certes propres à réjouir tout vigneron, mais ils sont difficilement interprétables pour en tirer une conclusion claire sur l’efficacité de l’UV Boosting. Les fortes chaleurs estivales ont eu pour conséquence une faible pression du mildiou durant une longue période. Dans la parcelle de contrôle, sans aucun traitement, les attaques de mildiou sur les feuilles ont été inférieures à 20 % jusqu’à la mi-août. Elles ont atteint 60 % peu avant la vendange. Dans toutes les autres parcelles, traitées seulement avec des produits de synthèse ou avec un dosage de produit fortement réduit et combiné à l’UV Boosting, les attaques sont restées minimes, voire négligeables sur la feuille et la grappe. Le taux faible d’infection n’a pas permis de quantifier l’effet positif de la stimulation UV.
« Cependant, l’essai a révélé l’importance de disposer d’une parcelle de contrôle non traitée pour démontrer la pression réelle de la maladie sur la vigne », explique Michael Gölles, du service de viticulture du Strickhof. Etonnamment, le mildiou ne s’est pas propagé directement dans les rangs voisins traités.
Cet essai montre par ailleurs qu’au cours d’une année avec une faible pression pathogène, un traitement chimique réduit suffit à protéger la vigne. Ainsi, dans la parcelle avec une réduction de plus de 25 % des produits phytosanitaires, les attaques de mildiou sur la feuille et la grappe sont restées inférieures à 2 %.
Pour tous les participants, il est clair que des essais supplémentaires sont nécessaires pour obtenir des résultats significatifs sur un effet positif et des avantages économiques évidents d’une application avec l’UV Boosting. L’année prochaine devra montrer l’efficacité de cette innovation dans la viticulture.
Moins de produits phytosanitaires
Malgré les faibles différences constatées sur le terrain, Jürg Schönenberger, chef de la station viticole du Goldenberg, voit un potentiel certain de l’UV Boosting. « C’est une méthode alternative qui peut réduire l’utilisation de produits phytosanitaires et permettre une production durable. » L’avantage de la technologie UV Boosting est d’être totalement compatible avec tous les programmes phytosanitaires. Et contrairement aux fongicides usuels, elle est insensible au vent et à la pluie. Sans compter qu’elle ne laisse aucun résidu chimique. L’essai pratique a cependant mis en évidence ses faiblesses. D’après Jürg Schönenberger, l’appareil n’est pas encore suffisamment performant pour traiter efficacement de grandes surfaces. Comparé à une application traditionnelle de produit phytosanitaire, le traitement d’une surface d’un hectare au moyen de l’UV Boosting nécessite en effet 1,5 heure de travail supplémentaire.