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Technique agricole

Les risques du stockage intermédiaire

Les systèmes automatisés de distribution de fourrage grossier sont de plus en plus fréquemment utilisés dans l’engraissement et en production laitière. Ces systèmes simplifient nettement le travail quotidien. Les conséquences d’une distribution plus fréquente de la ration sur le niveau de performance, l’ingestion de fourrage et le comportement animal n’ont toutefois pas été analysées, raison pour laquelle ces questions ont été abordées dans le cadre d’un projet de recherche.

L’affouragement automatisé permet de distribuer des petites portions de fourrage durant toute la journée et incite les animaux à m...

L’affouragement automatisé permet de distribuer des petites portions de fourrage durant toute la journée et incite les animaux à manger davantage.

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La distribution automatique de fourrage grossier

En production animale, l’affouragement occasionne une grande partie des coûts et des besoins en main-d’œuvre. Une meilleure exploitation du potentiel de production des animaux et un travail plus efficace peuvent avoir un impact déterminant sur la productivité de l’exploitation. A ce sujet, la distribution automatisée de la ration de base constitue une étape supplémentaire dans la perspective de l’automatisation des tâches. L’affouragement automatisé permet d’élaborer plusieurs rations différentes et de distribuer la ration plus souvent sans pour autant augmenter les besoins en maind’œuvre.

Des essais à ce sujet ont été réalisés dans l’exploitation laitière de la station de recherche Agroscope à Tänikon. Dans le cadre de cet essai, deux groupes d’essai ont été créés. Chaque groupe était constitué de 17 vaches (race Brune et Tachetée rouge x Red Holstein). La ration mélangée se composait de foin, d’ensilage d’herbe, d’ensilage de maïs ainsi que d’un aliment de performance (AP) et d’un aliment d’équilibrage protéique (AEP).

La ration a été distribuée jusqu’à huit fois par jour à l’aide d’une installation de l’entreprise Pellon Group Oy, une marque finlandaise.

Le procédé d’affouragement automatique circulant sur rail se composait, outre le robot mélangeant et distribuant la ration, de cinq cellules de stockage.

La consommation augmente

L’essai susmentionné est arrivé à la conclusion que la distribution de la ration à l’aide d’un système de distribution automatisé permettait d’augmenter la consommation (20,8 kg de MS par jour et par animal) de 600 g par rapport aux rations mélangées usuelles (20,2 kg de MS par jour et par animal). Avec un dispositif de distribution automatisé, la production laitière s’est élevée à 28 kg, soit 0,8 kg de plus par vache et par jour que dans le cas d’une ration mélangée.

Faire attention en été

Dans les procédés d’affouragement automatisés, les récipients de stockage servent souvent au stockage intermédiaire. La préparation et la distribution de plusieurs rations journalières impliquent que tous les composants puissent être mélangés de manière rationnelle, ce qui signifie que le fourrage est stocké pour au moins 24 heures dans des récipients de stockage. En été plus particulièrement, la présence d’air peut avoir un impact très défavorable sur la qualité du fourrage stocké. Il s’ensuit une diminution de la consommation de fourrage et une dégradation de la santé animale. On peut dès lors se demander à quel point le stockage dans les récipients de stockage influence la qualité et l’hygiène du fourrage, en fonction de la température ambiante.

Pour en savoir davantage, des ensilages de maïs issus de trois procédés de conservation différents (silo tour, balles carrées et silo sous forme de boudin) ont été stockés pendant 48 heures dans des récipients de stockage, aussi bien en été qu’en hiver. A cette occasion, la température du fourrage, la température ambiante et l’humidité relative de l’air à l’étable ont été enregistrées toutes les 15 minutes à l’aide de capteurs de température. En plus de cela, les teneurs en levures, en moisissures, en germes externes aérobies ainsi que la valeur pH ont été calculées au moment du remplissage et après deux jours de stockage. Les teneurs et la stabilité aérobie ont été déterminées en laboratoire. La consommation de fourrage et la production laitière ont été mesurées pour évaluer l’impact de la qualité de la ration sur les animaux.

Différences en termes d’échauffement

Au cours de l’essai, la température ambiante moyenne s’élevait à 6,7° C (– 6,7 à 21,3° C) pendant l’hiver et à 20,2° C (11,2° C à 33.0° C) durant l’été. En été, la température de l’ensilage en balles carrées a peu fluctué (21,4° C), malgré des températures extérieures plus élevées. La température de l’ensilage issu du silo-tour a augmenté après 24 heures passées dans le récipient de stockage (23,9° C). La température du fourrage provenant du silo en boudin a quant à elle augmenté après quelques heures seulement (34,3° C).

Initialement, le pH des échantillons variait entre 3,68 et 3,96. Alors que le pH des ensilages en balles carrées n’a quasiment pas changé dans le récipient de stockage, aussi bien en été qu’en hiver, celui des ensilages prélevés dans le silo-tour et le silo en boudin a été supérieur à 4,6 en été. Le pH critique (pH maximal = 4,5) n’a pas été dépassé en hiver. En été, après deux jours dans le récipient de stockage, avec un pH de 4,64 respectivement de 4,76, les valeurs pH de l’ensilage prélevé dans le silo-tour et le silo en boudin ont légèrement dépassé le seuil critique.

Les résultats précités démontrent que la stabilité aérobie des ensilages est influencée à la fois par les procédés de conservation et par la saison (été/hiver). En hiver, les ensilages de maïs sont restés stables nettement plus longtemps dans le récipient de stockage que pendant l’été. Des écarts importants ont toutefois été constatés entre les procédés de conservation. En été, la stabilité de l’ensilage provenant du silo-tour (43 h) ou du silo en boudin (34,3 h) a été nettement inférieure à celle des ensilages en balles carrées (71,9 h).

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Dans le cas des installations de distribution automatisées, la ration est souvent stockée dans des récipients de stockage.

Les levures et les moisissures posent problème

La moins bonne stabilité aérobie évoquée plus haut a été confirmée par les résultats des analyses microbiologiques. En été, après deux jours dans le récipient de stockage, le fourrage issu du silo-tour et du silo en boudin affichait des teneurs en moisissures plus élevées. Concernant ce critère, seul l’ensilage provenant de silos en boudin a dépassé la valeur de référence.

Concernant la teneur en levures, l’essai a démontré qu’il existait un lien entre le procédé de conservation utilisé et la période de prélèvement dans le silo. Globalement, les teneurs en levures ont moins augmenté en hiver qu’en été, et ce quel que soit le procédé de conservation retenu. Durant la période estivale, les teneurs en levures de l’ensilage en balles carrées ont peu augmenté en comparaison avec l’ensilage provenant d’un silo-tour ou d’un silo en boudin.

Pendant l’été, la teneur initiale en levures était plus élevée, et ce quel que soit le procédé de conservation considéré. L’ensilage prélevé du silotour a dépassé la valeur de référence de 106 UFC (unités formant colonies) par gramme. Après deux jours passés dans le récipient de stockage, les valeurs de l’ensilage issu de silos-tour étaient supérieures à celles de la valeur de référence. L’ensilage en balles carrées s’est une fois encore distingué par de plus faibles teneurs en levures. C’est l’ensilage prélevé dans les silos en boudin qui affichait la proportion de levures la plus élevée et la stabilité aérobie la plus faible.

Conclusions

Les procédés de distribution automatisée de la ration peuvent contribuer à assurer des performances animales plus élevées et à bien répartir les périodes d'affouragement sur la journée. Les animaux de rang inférieur peuvent ainsi manger plus tranquillement et consommer davantage de fourrages frais, la ration étant distribuée plus souvent.

Le fait de stocker de l’ensilage de maïs non tassé pendant deux jours et par température élevée dans les récipients de stockage nuit toutefois à sa qualité et à son hygiène intrinsèque. Les résultats de l’essai évoqué dans cet article démontrent cependant clairement que le mode de stockage choisi a également un impact déterminant.

Les entrées d’air et la température ambiante influencent fortement l’état de l’ensilage. Les moisissures se développent de manière optimale aux alentours de 20° C à 35° C et en présence de valeurs pH oscillant entre 4,5 et 6,5. Ces conditions sont fréquentes en été. Dans les conditions suisses, les balles rectangulaires sont la solution la plus appropriée. Les blocs d’ensilage peuvent constituer une alternative judicieuse pour autant qu’ils soient bien tassés et qu’ils puissent être transportés sans pertes. Idéalement, le fourrage devrait transiter directement du silotour au robot mélangeur.

Le plus grand atout des installations de distribution automatisées réside dans la charge en travail réduite qui découle de leur utilisation et dans leur flexibilité. Le plus grand désavantage de ces systèmes réside actuellement dans leur prix d’achat élevé. 

Auteurs   Matthias Schick, chef du secteur détention animale et économie laitière au Strickhof, 8315 Lindau Anne Grothmann, Bonn

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