Systèmes de freinage
La nouvelle législation suisse concernant les systèmes de freinage sur les véhicules agricoles et forestiers a pour but principal d’améliorer la sécurité des convois agricoles. Elle reprend intégralement les nouvelles réglementations européennes et permet une harmonisation entre tous les pays au niveau européen. L’entrée en vigueur de la nouvelle législation est échelonnée et tous les délais ne sont pas encore connus. Plusieurs paramètres sont encore incertains, notamment sur les délais de transition, mais les nouveaux véhicules tracteurs doivent déjà être équipés d’installation de freinage à double conduite, tant pour les systèmes pneumatiques que pour les systèmes hydrauliques. Les remorques devront elles aussi disposer d’un circuit de freinage à deux conduites, pneumatique ou hydraulique.
Taux de freinage
Concernant le freinage correct d’un convoi, le tracteur et la remorque doivent afficher une courbe de décélération (taux de freinage) compatible. Suite à l’introduction de la nouvelle loi, le taux de freinage est passé de 38 à 50 % pour tous les véhicules de plus de 30 km/h répondant à la nouvelle législation. Les véhicules avec les anciens taux de freinage peuvent néanmoins continuer à circuler puisqu’il n’existe pas d’obligation de les adapter. Dès lors, il est possible qu’une remorque, indépendamment du système (hydraulique ou pneumatique) avec un taux de freinage inférieur pousse le tracteur lors du freinage, avec un risque élevé pour le convoi.
Durant une journée de cours organisée par le Service de prévention des accidents dans l’agriculture (SPAA), Jean-Daniel Andrey, conseiller technique de l’entreprise Paul Forrer, a présenté la nouvelle législation et différentes solutions développées pour les systèmes hydrauliques à double conduite. « Les remorques de transport devront aussi disposer d’un régulateur automatique de la force de freinage dépendant de la charge ALB. Il s’agit d’un dispositif qui adapte la pression et donc la force de freinage en fonction du chargement de la remorque », a encore précisé le spécialiste.
installation de freins à double conduite hydraulique ou pneumatique (délai pas encore fixé)
nouveau taux de freinage (valeur de décélération) de 50 % pour les remorques dépassant 30 km/h
régulateur automatique de la force de freinage dépendant de la charge (ALB) obligatoire
freins de service et/ou frein d’inertie selon le poids
pour les tracteurs
installation de freins à double conduite hydraulique ou pneumatique (obligatoire depuis 2018)
exigences identiques pour les deux systèmes
Compatibilité entre véhicules
Lors de l’achat d’un tracteur ou d’une remorque, il est primordial de s’informer sur la compatibilité du nouveau matériel avec son parc machines. Le taux de freinage du tracteur doit correspondre à celui des remorques ou machines disposant d’un système de freinage. Dans la pratique, peu de machines à freins hydrauliques disposent d’une installation à double conduite. Un tracteur équipé en double conduite doit alors disposer d’une soupape intelligente qui détermine si la remorque ou la machine est équipée avec un système à une ou à deux conduites et adapter ainsi la courbe de freinage.
Point de vue des constructeurs
Durant la journée de cours du SPAA, le responsable régional du centre Robert Aebi de Chavornay, Jean-Daniel Hainard, a présenté les tracteurs et remorques commercialisés par son entreprise. « Tous les tracteurs neufs qui sont importés actuellement en Suisse sont équipés d’un système de freinage à double conduite pneumatique ou hydraulique. Les remorques de transport dotées de freins pneumatiques disposent aussi d’un système à double conduite.
Les remorques munies de freins hydrauliques sont en revanche équipées en simple conduite. » La difficulté réside dans la valeur de décélération des remorques. Cette valeur dépend du poids et de la vitesse pour laquelle la remorque est homologuée. Selon Jean-Daniel Hainard, sur les tracteurs de forte puissance, la tendance est aux systèmes de freinage pneumatique, contre des systèmes hydrauliques sur les tracteurs moins puissants.
Actuellement, toutes les nouvelles remorques peuvent être contrôlées quant au taux de freinage et adaptées au tracteur prévu. Pour cela, la seule solution est de passer sur un banc d’essai de freinage.
Achat d’un nouveau véhicule
A l’achat d’un tracteur, le choix du système de freinage dépendra des machines du parc existant, mais aussi des remorques louées régulièrement pour des transports ou encore des machines prévues à l’avenir. L’idée est la même pour l’acquisition d’une remorque ou d’une machine équipée de freins, une presse par exemple, qui doit être compatible avec le tracteur existant ou avec le prochain tracteur. Vu la durée d’utilisation du véhicule ou de la remorque, on ne peut que recommander à l’acheteur de bien se renseigner auprès des fabricants et importateurs et de se faire conseiller.
« Le système de freins de remorque choisi à l’achat du tracteur définit les remorques (type de freins) qui pourront être accouplées au tracteur. Et ce choix appartient au client », explique le technicien de l’entreprise Paul Forrer. « Si les systèmes pneumatiques, anciens et nouveaux, sont techniquement compatibles, ce n’est pas toujours le cas du taux de décélération (38 ou 50 %) ». Pour assurer la sécurité d’un convoi, la compatibilité et donc le taux de décélération du tracteur et de la remorque doivent être assurés pour les systèmes hydrauliques et pneumatiques. Lorsqu’une seconde remorque est attelée, le temps de réaction pour le freinage de celle-ci doit également être pris en compte. A l’avenir, les systèmes pneumatiques et hydrauliques devront être en double conduite et seront soumis aux mêmes exigences
Porte-à-faux
Un autre point soulevé lors de la journée de prévention du SPAA concerne les modifications prévues pour le porte-à-faux des machines à l’avant du tracteur. Selon Jean-Luc Jaton, spécialiste en machinisme au SPAA, la conception des tracteurs actuels, de plus en plus puissants, permet difficilement de répondre aux normes en vigueur. La distance de quatre mètres au maximum depuis le centre du volant vers le point le plus avancé de la machine n’est souvent plus respectée. Des rétroviseurs de vision latérale d’au minimum 300 cm chacun et montés le plus en avant possible sont obligatoires dès que le porte-à-faux dépasse trois mètres.
Pour améliorer la sécurité sur la route, l’OFROU recommande les modifications suivantes:
rétroviseurs de vision latérale d’au moins 500 cm 2 placés le plus en avant possible, mais avec un retrait de 2,5 m max. par rapport à l’extrémité antérieure;
possibilité d’utiliser un système homologué de caméras et moniteur à la place des rétroviseurs de vision latérale. Le porte-à-faux peut alors être supérieur à 4 mètres.
Auteur
Jean-Pierre Burri, Revue UFA, 1510 Moudon
PhotosJean-Pierre Burri