En bref
Les avantages du conditionnement de l’ensilage en balles rondes sont multiples : c’est un procédé économique, rapide et offrant une flexibilité inégalée, que ce soit pour le stockage, la reprise ou la commercialisation du fourrage. Destinées avant tout aux agro-entrepreneurs, les presses à maïs nécessitent une construction massive et sont techniquement très sophistiquées, d’où un prix d’acquisition de plus de 300 000 francs. Les perspectives sur le marché mondial sont au beau fixe. En Suisse, les marques Göweil avec son modèle LT-Master F115 et Orkel avec la Dens-X se partagent l’essentiel du marché pratiquement à parts égales.
Un peu d’ADN suisse
Le développement des presses à maïs est étroitement lié à la Suisse. En effet, les trois marques comparées dans le tableau ont toutes collaboré avec des mécaniciens ou des entreprises helvétiques pour la mise au point de leurs prototypes (Göweil avec Landtechnik Zollikofen, Orkel avec Baltensperger et Knoll avec Walter Witzig). Par ailleurs, la taille et la diversité des exploitations suisses sont propices à une large utilisation des presses à balles rondes pour le conditionnement de l’ensilage de maïs. « Depuis quelques années, nos presses sont aussi toujours plus utilisées dans l’ensilage d’herbe en coupe exacte », constate Urs Ledermann, responsable des ventes d’Orkel chez Serco Landtechnik. Ces machines sont en outre capables de presser une multitude de fourrages et de matériaux, comme du CCM, des pulpes de betteraves, du foin de séchoir, de la luzerne, des céréales immatures ou même de la sciure.
«En 5 minutes, une presse à maïs est installée en stationnaire.»
Richard Holzer, ETA Holzer frères
Comment ça fonctionne ?
Les presses à balles rondes pour le maïs doivent répondre à des exigences spécifiques. Dans la chambre de compression fixe, la friabilité des matériaux à compacter nécessite une courroie sans fin continue enserrant les rouleaux dans les deux moitiés de la chambre pour limiter les pertes par émiettement. Ces machines sont entraînées hydrauliquement grâce à un circuit autonome actionné par la prise de force. Le fourrage qui s’échappe de la chambre de compression est récupéré et réacheminé vers l’élévateur par un tapis disposé sous la machine. L’élévateur alimente la chambre de compression par le haut et est lui-même approvisionné par un tapis situé dans la trémie. Le liage par film est fortement recommandé pour garantir une bonne stabilité des balles. Une table d’enrubannage mobile assure la fin du processus. Les débits de chantier peuvent atteindre 60 balles / heure. « La vitesse du processus dépend surtout de la structure et de l’humidité du matériau à presser », relativise Bruno Bolliger, directeur général de Göweil Suisse.
Les machines actuelles sont truffées d’électronique et un terminal digital permet d’opérer pratiquement tous les réglages en direct durant le travail. De nombreuses options sont disponibles telles que balance, système d’étiquetage, analyse NIRS pour la matière sèche ou encore système de pulvérisation d’eau ou d’agent d’ensilage.
Solutions alternatives
Le constructeur hollandais Knoll propose depuis peu en Suisse la presse Multibaler XL, qui permet une utilisation mobile au champ. La trémie de la machine est directement alimentée par l’ensileuse et les balles sont déposées sur la parcelle. En utilisation stationnaire, un tapis élévateur est proposé mais nécessite un déchargement avec un char doseur.
Il est par ailleurs possible de coupler la presse-enrubanneuse combinée Kuhn i-Bio+ au Multipress, un agrégat doté d’une trémie d’alimentation et d’un tapis de récupération sous la machine. « Cette solution économique trouve à présent surtout des adeptes à l’étranger », avoue Hanspeter Blum de chez Kaufmann à Altishofen, qui fabrique le Multipress. « Les balles confectionnées ont un diamètre de 1,25 m, elles sont donc plus lourdes et plus difficiles à commercialiser », ajoute-t-il.
L’entreprise Lisibach à Malters propose quant à elle des presses stationnaires à balles carrées équipées de moteurs électriques de 15 kW. Le constructeur indique que son plus grand modèle MVA 1250 presse des balles carrées d’environ 1,25 m avec un cycle de 69 secondes par balle.
Au niveau mondial, il existe encore d’autres marques comme le constructeur turc Komel Tarim, mais ses produits ne jouent qu’un rôle marginal en Suisse.
Echos de la pratique
Jean-Robert Holzer exploite avec l’aide de son frère Richard un domaine agricole herbager avec vaches mères à Rebeuvelier, dans le canton du Jura. C’est principalement Jean-Robert qui s’occupe de l’exploitation avec l’aide de son fils et de son neveu, Richard travaillant à l’extérieur. Les frères Holzer proposent divers services et machines mais c’est surtout pour le pressage du maïs en balles rondes qu’ils sont connus loin à la ronde. Ils possèdent deux presses : Jean-Robert confectionne env. 4000 balles par année avec une Göweil LT-Master de 2008 et Richard en presse près de 5000 par an avec une Orkel Dens-X de 2017. « Nous avons été parmi les tout premiers acheteurs de la LT-Master en Suisse en 2005 », se souvient Jean-Robert Holzer. Son frère Richard est passionné par la mécanique et ces deux machines n’ont pratiquement plus de secrets pour lui. « Dans l’ensemble, elles se valent et elles font toutes deux de l’excellent travail, avec un débit de chantier avoisinant 60 balles / heure dans de bonnes conditions », résume-t-il. « La LT-Master est une presse plus lourde et un peu plus gourmande en puissance que sa concurrente aux couleurs vertes. A mon avis, elle nécessite légèrement plus d’entretien, notamment du fait que les rouleaux de la chambre de compression sont dotés de roulements, contrairement à l’Orkel, qui dispose de douilles en bronze », ajoute-t-il. Richard relève également que la Göweil LT Master possède un graissage entièrement centralisé, laisse moins de fourrage tomber à terre et est moins bruyante. Quant à l’Orkel Dens-X, elle est plus facile à mettre en position et l’extrémité de la trémie rabattable permet de récupérer le fourrage tombé à côté des roues de la remorque. Elle consomme un peu moins de carburant, surtout du fait de son poids inférieur à déplacer. Le temps d’installation des machines est similaire et avoisine les 5 minutes. Selon Richard, le service après-vente est rapide et fiable pour les deux marques.
Même si le maïs constitue le gros des récoltes à presser, les frères Holzer conditionnent également d’autres fourrages en balles rondes, comme des pulpes de betteraves. Depuis une dizaine d’années, ils ont aussi affaire à des mélanges de céréales immatures et de pois, destinés à remplacer le maïs dans les régions séchardes. « Pour ce fourrage léger et volumineux, j’ai dû bricoler un répartiteur rotatif sur l’Orkel Dens-X », explique Richard, qui relève aussi que les deux machines nécessitent un entretien régulier et que le suivi est assez exigeant.