La meilleure façon d’économiser du carburant est d’utiliser le tracteur le moins possible. Pour ce faire, il est possible d’organiser les passages de manière à réaliser plusieurs opérations en une fois (notamment en recourant à un combiné de semis). Il s’agit aussi d’éviter les utilisations courtes, car celles-ci entraînent une consommation accrue. En effet, cette dernière est plus importante pendant la phase de démarrage, jusqu’à ce que l’huile de lubrification soit chaude. Ainsi, il est plus judicieux, du point de vue de la consommation, de transporter plusieurs balles d’ensilage en une seule fois dans la grange puis de les distribuer progressivement aux animaux, plutôt que d’amener une balle par jour dans l’étable. Enfin, l’arrêt du moteur lors des périodes d’inactivité contribue également à réduire la consommation de diesel.

Exploitation dans la plage optimale de régime et de charge

Un moteur diesel a une consommation spécifique différente selon la charge et le régime. Celle-ci peut être représentée dans un diagramme de charge. Pour établir ce dernier, des mesures de consommation sont effectuées sur toute la plage de fonctionnement du moteur. Le régime du moteur est alors indiqué sur l’axe X et le couple sur l’axe Y ; ces deux valeurs permettent de calculer la puissance. La consommation spécifique en g / kWh est calculée à partir de la consommation et de la puissance : plus cette valeur est basse, plus le moteur est économique au point de fonctionnement donné.

Plusieurs points de mesure permettent de créer un diagramme. Les zones présentant des consommations spécifiques identiques (valeurs en rouge dans le schéma ci-contre) sont regroupées et colorées en conséquence. Les courbes de puissance sont représentées en violet dans le schéma. Dans le diagramme ci-contre d’un moteur ayant un régime nominal de 2500 tr / min, on peut voir que la consommation optimale est atteinte dans la zone de 1650 tr / min, soit environ 70 % du régime nominal. La charge optimale ne se situe pas sur la courbe de pleine puissance, mais en dessous. Dans le cas présent d’un moteur avec une puissance nominale de près de 70 kW, la charge optimale est d’environ 50 kW, soit environ 70 % de la puissance nominale. Ces deux paramètres (70 % du régime nominal et 70 % de la puissance nominale) peuvent être considérés comme des valeurs indicatives de consommation optimale pour la plupart des moteurs.

L’objectif doit donc être de faire fonctionner le moteur dans la plage de consommation optimale. Afin d’atteindre cette plage, il faut choisir le rapport approprié, c’est-à-dire passer le rapport supérieur au bon moment. Pour les travaux de transport, il convient également d’utiliser autant que possible un tracteur qui puisse atteindre la vitesse finale avec un régime moteur réduit. Pour les travaux à la prise de force, il est possible de choisir un mode Eco lorsque la puissance requise est faible. Or atteindre la puissance optimale en cours d’utilisation n’est pas si facile. A cet effet, il faut commencer par choisir un modèle de tracteur adapté à la tâche visée : le tracteur doit être suffisamment puissant pour entraîner un outil ou tracter une remorque, mais il ne doit pas non plus être surdimensionné, car il fonctionnerait alors largement en dessous de 70 % de la puissance nominale. L’outil de travail et le tracteur doivent donc être adaptés l’un à l’autre en termes de taille et de puissance. 

Par exemple, pour une puissance requise de 40 kW et un régime de 2600 tr / min, le moteur a une consommation spécifique de 260 g / kWh. Si l’on passe au rapport supérieur et que le régime moteur baisse à 1600 tr / min, sa consommation spécifique n’est plus que de 210 g / kWh. Or une différence de 50 g / kWh pour une puissance de 40 kW se traduit par une différence de consommation de 2 kg par heure. Ce résultat correspond à environ 2,4 l de diesel par heure et représente donc une économie de 4 fr. 30 par heure de fonctionnement (avec un prix de carburant de 1.80 fr / l).

Maintenance et entretien réguliers

Une maintenance et un entretien réguliers permettent également d’économiser du carburant. En effet, des filtres à air encrassés (qui augmentent la résistance d’aspiration d’air frais pour la combustion) ainsi qu’un radiateur sale (qui entrave l’évacuation de la chaleur et augmente la puissance consommée par le ventilateur) entraînent une surconsommation. Par ailleurs, l’huile moteur doit aussi être changée régulièrement.

Pneus et pression interne des pneus adaptés

Lors de la conduite sur route, la surface de contact des roues devrait être minimisée, afin d’assurer la résistance au roulement moindre et la capacité de charge élevée visées. Pour ce faire, il faut que la pression interne des pneus soit élevée. En revanche, dans les champs, la surface de contact des roues devrait être la plus grande possible, afin que celles-ci s’enfoncent le moins possible dans le sol, diminuant la résistance au roulement ainsi que la pression au sol. A cet effet, la pression interne des pneus devrait être faible. Les exigences de la conduite sur route et du travail dans les champs s’opposent donc en ce qui concerne la pression interne des pneus.

Les nouveaux développements de la technologie des pneus, appelés pneus VF, permettent de supporter des charges élevées avec une pression interne plus faible. La pression interne des pneus peut ainsi être maintenue en permanence à un niveau bas. Une autre option est d’adapter cette pression lors du passage entre le champ et la route. Pour ce faire, le système le plus simple et le plus économique est le montage de valves de dégonflage / regonflage rapides : celles-ci permettent un dégonflage rapide pour réduire la pression lors du passage de la route au champ et, inversement, un regonflage rapide lors du passage du champ à la route. Dans cette même optique, un système de télégonflage représente une solution pratique et confortable. Une pression interne des pneus adaptée contribue donc dans une large mesure à économiser du carburant et à ménager les sols. 

Réglage et entretien corrects des outils attelés

Un point de traction mal réglé sur la charrue, une pression d’appui incorrecte de la faucheuse, des couteaux émoussés sur la faucheuse ou l’autochargeuse : tout cela entraîne également une surconsommation, car la puissance requise par l’outil attelé augmente. Il est donc judicieux d’accorder une attention particulière au réglage correct des machines, de les entretenir régulièrement et de changer les pièces d’usure si nécessaire.