Parmi les appareils disponibles sur le marché, on distingue les engins équipés d’une vis sans fin à l’avant (DeLaval, Wasserbauer, Valmetal, Peecon), les modèles ronds, qui tournent sur eux-mêmes en avançant (Rovibec, GEA, Lely, Joz, Hetwin, Schauer) et un appareil qui avance puis se tourne pour pousser le fourrage ou qui ouvre sa lame sur le côté pour racler en avançant (ALB Innovation). Au niveau prix, la plupart des marques proposent ces repousse-fourrage automatiques dans une moyenne de 20 000 francs, installation comprise.
Le repousse-fourrage le moins cher est le Cow-Boy d’ALB Innovation, qui s’acquiert directement auprès du fabricant, en France. « Il est très simple. En cas de panne, ils répondent au téléphone et c’est surtout le prix qui a motivé mon choix », explique Laurent Thierrin, de Surpierre (FR). A l’opposé, Fabrice Tâche, représentant DeLaval, souligne que pour leur aérateur-repositionneur de fourrage OptiDuo, le prix ne varie pas, et ce quelle que soit la longueur de la fourragère et le temps nécessaire pour l’installer. Le fonctionnement de ce repousse-fourrage est un peu différent puisque DeLaval a voulu que son appareil aère et mélange le fourrage en plus de le repousser, améliorant ainsi l’appétence de la ration. C’est cette capacité d’aérer le fourrage et non uniquement de le tasser contre le cornadis qui a intéressé Vincent Maudonnet à Bossonens (FR), qui vient d’acquérir un OptiDuo.
Technique de guidage
Il y a un autre point sur lequel les repousses fourrages automatiques diffèrent, c’est la technique leur permettant d’effectuer leur parcours. L’installation de puces, transpondeurs, bandes magnétiques ou câbles à induction dans le sol afin d’indiquer le parcours à suivre est le système le plus fréquent. Le Lely Juno, qui est probablement le robot repousse-fourrage le plus vendu en Suisse, se démarque des autres robots par le fait qu’il est doté de capteurs à ultrasons qui ne nécessitent pas d’ouvrir le sol en béton pour y installer la technologie nécessaire (bandes magnétiques, câbles, etc.). Si un sol plat est le type de surface qui convient le mieux à tous les modèles, certains supportent malgré tout des pentes variant entre 2 et 15 %.
La programmation des heures de fonctionnement, la fréquence des passages, la force de poussée ou l’intensité d’avancement se règle sur l’engin ou, dans certains cas, à distance, via l’ordinateur, la tablette ou le smartphone de l’utilisateur. « Au début, nous le faisions tourner toute la nuit, puis nous avons décidé de l’arrêter à 23 h, avec un redémarrage vers 5 h 30, pour un intervalle de passage de deux heures. Nous avons en effet constaté que les vaches mangeaient toute la nuit et qu’elles ne voulaient alors plus rentrer dans la salle de traite », relèvent les frères Vidoudez, à Clarmont (VD). Ils ont choisi le Ranger rovibec après avoir visionné sur YouTube des vidéos de différents modèles de robots. Leur choix s’explique aussi par la proximité du dépanneur local.
S’il y a bien un point sur lequel tous les utilisateurs sont d’accord, c’est le gain de temps qui découle de l’acquisition d’un tel engin. Estimer précisément le temps économisé est impossible car tout dépend de ce qui se pratiquait auparavant, manuellement, dans chaque exploitation. Le gain de temps sera évidemment très différent selon que l’agriculteur concerné repoussait le fourrage deux ou dix fois par jour. Patrick Herrmann, de Cheiry (FR), possède un Lely Juno 100 et estime gagner l’équivalent de deux semaines de travail par an. « En plus de cela, on s’économise le dos », ajoute Luc Vidoudez.
Avantages des robots repousse-fourrage
Concernant l’un des autres principaux arguments mis en avant par les fabricants – l’augmentation de la production laitière ou de la performance carnée – tous les agriculteurs interrogés ont le sentiment que leurs vaches produisent davantage de lait puisqu’elles mangent davantage, mais sans avoir pour autant procédé à une analyse approfondie. Pour son travail d’agro-technicien, Patrick Herrmann a comparé une semaine d’affouragement sans robot suivi d’une semaine avec robot, au sein du même troupeau et avec le même affouragement. Il a répété l’expérience plusieurs fois chez lui et son voisin, Laurent Thierrin, avec son Cow-Boy. « J’ai relevé les heures d’affouragements et les kilos de lait produits. Dans le trois-quarts des cas, j’ai constaté que les vaches ont consommé davantage de fourrage avec le robot, soit environ un demi kilo de plus par vache et par jour, avec une augmentation de la production laitière de l’ordre de 0,6 kg de lait par vache et par jour. Cependant, les données variaient trop au jour le jour pour en tirer des conclusions significatives », détaille le Fribourgeois. « A l’œil, je constate moins de différence entre la traite du matin et celle du soir », ajoute Simon Pittet, de Cottens (VD), qui s’est décidé pour un modèle de Lely. Au final, aucun de ces agriculteurs ne regrette d’avoir investi dans un robot repousse-fourrage. Tous ont constaté que leurs vaches sont plus calmes en mangeant, même lorsque l’effectif bétail est supérieur au nombre de places disponibles au cornadis. Le robot garantissant un affouragement constant, les vaches plus jeunes ou de rang inférieur attendent tranquillement que les vaches dominantes aient mangé : elles savent en effet que le robot repassera et qu’elles auront donc à nouveau de quoi se sustenter. Les refus ont également nettement diminué.