Dès l’ouverture des portes du Salon Agricole Technologique, une effervescence palpable gagne les allées. Les visiteurs·euses déambulent entre les stands où s’exposent des machines dernier cri, tandis que, derrière la cantine, des parcelles d’essai sont prêtes à accueillir les premières démonstrations de robots agricoles.
Sur l’une de ces parcelles, un petit robot vert et blanc, d’environ un mètre de long, avance lentement entre les rangs de betteraves. Doté de capteurs et d’un feu orange clignotant, il suit précisément les lignes de la culture. A l’arrière, trois socs en patte d’oie désherbent proprement entre les rangs sans bruit ni surveillance. « Est-ce qu’il va tourner correctement au bout de la parcelle et reprendre le rang suivant ? » interroge un étudiant de l’Agrobiopôle, les yeux rivés sur la machine. Pendant ce temps, dans l’espace conférence, des experts détaillent, schémas à l’appui, les économies réalisables grâce à la robotisation agricole.
L’essor des robots agricoles
Parmi les technologies mises en avant, les robots agricoles offrent de nombreux avantages. « En réduisant l’utilisation d’intrants comme les herbicides et les engrais, ces machines favorisent une agriculture plus durable », explique Flavien Roussel au stand de Naïo Technologies. « De plus, elles permettent de pallier le manque de main-d’œuvre en réalisant certaines tâches de manière autonome », précise ce spécialiste des nouvelles technologies. Toutefois, des défis subsistent : l’autonomie des batteries et le coût des véhicules demeurent des freins à leur adoption à grande échelle. Près du stand, plusieurs agriculteurs de la région discutent vivement : « Le partage des technologies entre fabricants permettrait de rendre ces innovations plus accessibles et aussi plus compatibles entre les machines », explique l’un d’entre eux. Et les véhicules équipés d’un moteur diesel se distinguent par une plus longue autonomie par rapport aux engins électriques.
Des démonstrations pratiques dans le terrain
Sur les parcelles d’essais du FIRA, les fabricants mettent en avant la facilité de programmation et d’utilisation de leur robot. L’AgBot 5.115 T2, lauréat du « Prix du robot le plus simple à utiliser » de l’exposition, en est un parfait exemple. « Ce véhicule à chenilles, doté d’un moteur diesel Deutz de 156 CV, dispose également de capteurs et de caméras. Un lidar sert à repérer les obstacles et augmente la sécurité », souligne l’ingénieur responsable de la démonstration en maniant la télécommande du robot. « Il est capable d’exécuter le déchaumage, la préparation du lit de semis et le semis, ainsi que les soins des cultures. Mais surtout, il emploie les machines déjà présentes sur l’exploitation », poursuit ce spécialiste. Sur les différentes zones d’essais, les démonstrations se succèdent, confirmant l’efficacité et la polyvalence de ces machines.
Un robot doit être facile à programmer et disposer d’une bonne autonomie.
Naïo Technologies, une entreprise pionnière basée à Toulouse, présente trois modèles certifiés pour un travail autonome sans supervision. « Grâce à des systèmes de sécurité conformes aux normes européennes, nos robots réalisent des tâches répétitives avec plus de fiabilité. L’agriculteur optimise ainsi le temps de travail et les ressources », déclare l’ingénieur qui présente les robots dans les essais.
L’innovation au cœur du salon
Sous la cantine, le salon se divise en plusieurs zones thématiques. Au stand de l’INRAE, un robot ressemblant à un chien déambule entre les visiteurs·euses, tandis que le bruit des « pattes » frappant le parquet attire encore plus l’attention. « Notre robot est conçu pour évoluer dans tous les terrains, même ceux accidentés », explique un chercheur de l’unité de technologie pour les agro-systèmes de l’INRAE. Au stand, un drone prévu pour la prise d’image en survolant une culture ou des semis est suspendu par des fils, faute de pouvoir voler. Au-delà des robots, le salon met en avant également les fournisseurs de composants mécaniques ou électroniques. Moteurs, capteurs et logiciels d’optimisation sont exposés, soulignant l’importance de l’intégration technologique dans ces machines.
Non loin de là, l’espace conférence accueille des expert·es en technologie et des agriculteurs·trices utilisant des robots sur leur exploitation. Gwendoline Legrand, codirectrice du FIRA, affirme lors de sa conférence : « La robotique est une des clés pour lutter contre le réchauffement climatique et réduire la pénibilité du travail. » L’intelligence artificielle, le partage des données et les nouvelles applications des robots sont au cœur des discussions. Des agriculteurs partagent leur expérience, évoquant l’impact des robots sur la cueillette des fruits, le travail de la vigne et la réduction des produits phytosanitaires.
Un robot pour les agriculteurs
Le robot entièrement électrique Softi Rover est un bel exemple de développement réussi. Jean-Luc Picourlat, agriculteur et concepteur du véhicule, s’intéresse depuis des décennies à l’informatique et la robotisation sur son exploitation de production laitière et cultures. « Mis à part la récolte, le Rover e-K18 réalise tous les travaux sur neuf hectares de cultures de mon exploitation », explique Jean-Luc Picourlat lors de la démonstration.
Pour pallier la faible autonomie de 3,5 heures, il a développé un système de changement rapide de la batterie, réduisant le temps d’arrêt à seulement 5 minutes. « Pour assurer une autonomie totale, mon objectif est qu’à l’avenir, le robot puisse changer sa batterie tout seul dans une station dédiée en bordure de parcelle. Pendant ce temps, je pourrai m’occuper de mon bétail », conclut Jean-Luc Picourlat en imaginant déjà le futur véhicule.
Une révolution en marche
Après plusieurs heures de visite, une chose est sûre : la robotique transforme déjà l’agriculture. Gain de temps, réduction des intrants, précision accrue… les robots redéfinissent les pratiques agricoles. Des entreprises comme Aigro, Exxakt Robotics, Naïo Technologies et tant d’autres façonnent déjà l’agriculture de demain. Si la robotisation peut ainsi répondre à de nombreux problèmes et représenter une solution pour beaucoup d’exploitations, la recherche et la technologie sont les moyens pour y parvenir.
Qu’est-ce que le World FIRA ?
Le World FIRA à Toulouse est un salon international majeur consacré aux robots et technologies autonomes en agriculture. L’édition 2025, qui s’est tenue du 4 au 6 février à l’Agrobiopôle d’Auzeville-Tolosane, a rassemblé plus de 80 exposants et attiré près de 2000 visiteurs et visiteuses.
L’événement a mis en avant des démonstrations en conditions réelles sur des parcelles d’essais dans les domaines comme :
– Les grandes cultures, avec la présentation de robots effectuant le désherbage, la fertilisation et le semis.
– Les cultures arboricoles et viticoles, avec des robots spécialisés dans l’entretien des vergers et des vignobles, incluant la taille, la récolte et le traitement des cultures.