Les écureuils doivent leur popularité aux quatre raisons suivantes : on les rencontre souvent, ils sont drôles, n’ont pas trop peur des êtres humains et leurs journées sont un peu rythmées comme les nôtres. Ce petit animal facétieux est ainsi plus facile à apercevoir que les animaux craintifs ou nocturnes.
Pas d’hibernation
Les écureuils sont des animaux diurnes ayant habituellement deux phases d’activité : ils sont en pleine forme à l’aube, font une sieste vers midi, s’activent à nouveau durant l’après-midi et s’endorment avant le coucher du soleil. En automne, leur pause de midi se raccourcit petit à petit pour finalement disparaître. Contrairement à sa cousine la marmotte, l’écureuil n’hiberne pas. Il réduit toutefois fortement ses activités durant l’hiver et ne quitte son nid que tard dans la matinée et pour une courte durée. Il va alors à l’essentiel : la recherche de nourriture et les besoins de base. Il ne recule pas devant le froid ni la neige, mais évite toutefois de sortir en cas de tempête ou de fortes précipitations.
Gouvernail, balancier et émetteur
Sa queue lui sert principalement de gouvernail lors de longs sauts, de balancier lorsqu’il grimpe, d’émetteur de signaux lors de la parade nuptiale ou encore de protection contre le froid en hiver. Les élégantes touffes de poils sur les oreilles sont un autre signe distinctif des écureuils. Parmi les animaux sauvages indigènes, seul le lynx possède encore de tels pinceaux sur les oreilles.
La couleur du pelage des écureuils varie de roux à brun en passant par le noir. Le dessous du corps est toutefois toujours blanc. En plaine, on rencontre souvent des écureuils roux, alors qu’en région de colline et de montagne, ce sont les espèces foncées qui dominent. En outre, les écureuils muent deux fois par an, au printemps et à l’automne. Lors du passage au pelage d’hiver, les poils deviennent plus longs et plus épais, mais ils ont aussi tendance à tirer vers le gris-blanc. La couleur s’estompe ainsi et le pelage des animaux roux tire sur le gris, alors que celui des écureuils noirs et bruns s’éclaircit, avec des taches argentées notamment sur les flancs. Les poils des pinceaux sur les oreilles et de la queue ne se renouvellent en revanche qu’une seule fois par an, au printemps.
Un nid douillet
Le territoire d’un mâle mesure environ 10 ha, alors que celui d’une femelle n’en couvre que la moitié. Le nid, appelé « hotte », se trouve en son centre. La hotte, qui a une forme sphérique légèrement aplatie, présente un diamètre extérieur de 20 à 50 cm. Le nid est en principe construit directement sur le tronc, dans une fourche, à une hauteur de 5 à 10 m. Le nid est fabriqué avec des branches entrelacées, et l’intérieur est tapissé d’herbe, de mousse et de liber. L’intérieur du nid a un diamètre moyen de 10 à 20 cm, auquel l’écureuil accède par un trou de 5 cm. La construction d’un tel nid ne prend que quelques jours. En principe, l’écureuil dispose en plus de cette hotte principale de nids de réserve, qu’il utilise lors de sa recherche de nourriture ou en cas de dérangement dans le nid principal.
Des noces brutales
Les écureuils ne sont pas des animaux sociables ; ce sont des êtres solitaires entretenant peu de contacts avec leurs congénères. Chaque adulte possède son propre nid, qu’il protège des autres écureuils. Ce comportement ne change qu’à la période de l’accouplement. Lorsque l’hiver commence à faire place aux beaux jours, la forêt devient le théâtre de la folle parade des écureuils. La femelle commence par chasser le mâle en parade, avant de fuir devant lui, annonçant les prémices d’une folle course-poursuite qui dure plusieurs jours, jusqu’à ce que la femelle accepte de s’accoupler dans sa hotte principale. Après l’accouplement, la femelle chasse à nouveau le mâle, et tous deux vivent séparément.
Roses, nus et aveugles
La gestation chez l’écureuil dure 38 jours. Les jeunes femelles donnent naissance à deux à trois petits une fois par an, les femelles plus âgées souvent à trois à cinq petits deux fois par an. Les naissances se déroulent ainsi de fin février à fin août. A la naissance, les bébés écureuils – roses, nus, aveugles, ne mesurant pas plus de 6 cm et pesant à peine 10 g – ne peuvent quitter le nid. Après quelques jours, ils commencent à se colorer ; ils n’arboreront toutefois un pelage complet qu’après deux semaines et n’ouvriront les yeux qu’à un mois.
A six semaines environ, les petits, qui pèsent alors plus de 100 g, sortent du nid, mais boivent encore du lait maternel (jusqu’à neuf semaines). Leur mère leur apprend ce qu’ils peuvent manger en leur apportant des morceaux de nourriture dans sa gueule.
Une question de chance
Les naissances chez les écureuils sont certes nombreuses, mais c’est une nécessité, car seul un cinquième à un quart des jeunes atteindront l’âge d’une année, et moins de 1 % vivront cinq ans. En effet, la population d’écureuil est régulée, mais non décimée, par leurs prédateurs, la martre des pins et l’autour. Les changements environnementaux induits par l’être humain et les véhicules sont un fléau bien plus grave. L’écureuil est protégé en Suisse et sa chasse interdite.
Les forêts mixtes, avec une canopée dense et une strate arbustive épaisse, constituent un habitat idéal. Les forêts éparses, faiblement peuplées de sous-bois et scindées en parcelles ne leur permettent pas de vivre. La forêt doit impérativement abriter des arbres d’âges différents. Ce n’est en effet qu’après une dizaine d’années que les arbres donnent des graines (pives), qui n’apparaissent qu’à intervalles irréguliers de plusieurs années. Les monocultures (de même essence et de même âge) peuvent priver l’écureuil de nourriture.
Réserves d’urgence
Les écureuils utilisent presque tout ce qui les entoure dans la forêt : des analyses de leur estomac effectuées sur le Plateau montrent qu’ils mangent principalement des graines (pives) de pins et d’épicéas tout au long de l’année. Viennent s’y ajouter à la fin de l’été des faînes, ainsi que des bourgeons et des fleurs de conifères en hiver et au printemps. Baies, noisettes, champignons, feuilles et racines sont également au menu, tout comme les nymphes de fourmi, les coléoptères, des insectes de toutes sortes, et même parfois des œufs d’oiseaux ou des oisillons.
En automne, lorsque la nourriture abonde, les écureuils constituent des réserves, qu’ils enterrent à proximité de racines ou qu’ils cachent dans des cavités d’arbre. Ne sachant pas comment repérer ces cachettes par la suite, ils cherchent en hiver de tels emplacements au hasard. Parfois ils ont de la chance, parfois pas ; ils contribuent alors à la dissémination des semences.