Paysans en ville
Exploitation en fermage à Zurich
Au nord de Zurich, au bord du lac Katzensee, la ville rejoint les vastes prairies. D’un côté, le contournement nord de la ville, qui compte quatre voies, est élargi pour passer à six voies. De l’autre, deux énormes silo-tours devant une forêt. Il ne reste plus qu’à tourner à angle droit et le visiteur se trouve face au Riedenholzhof.
Magasin à la ferme et buffles
Pour Sepp et Sonja Küchler, le couple d’exploitants, le contact avec la population non agricole fait partie du quotidien. «Sur le site où se trouve l’exploitation, il n’y a pas de séparation entre monde agricole et non agricole. Nous vivons et travaillons pratiquement sous les yeux d’une population quasi citadine, qui fait parfois preuve de beaucoup de curiosité.» La vente directe représente une part importante du revenu de l’exploitation. En fin d’été, on assiste à une activité fourmillante dans les parcelles réservées à la cueillette des petits fruits.
Dans le domaine de la détention animale, la famille Küchler a développé une stratégie spécifique. Le Riedenholzhof abrite, outre deux douzaines de vaches Holstein, près de 100 bufflonnes réparties en plusieurs groupes, en fonction de leur âge, dans une stabulation. Les produits laitiers à base de lait de bufflonnes sont très demandés. Ce lait est transformé en feta, en camenbert et en mozzarella dans trois petites fromageries. Les saucisses à la viande de buffle sont aussi très appréciées.
Le Riedenholzof abrite également une pension pour chevaux. Les détenteurs de chevaux se chargent de les monter et de les soigner, la maind’œuvre de l’exploitation s’occupant de sortir le fumier des boxes et d’affourager les animaux. Plusieurs jeunes aident à soigner les animaux et peuvent ainsi monter à cheval.
Relation étroite avec la ville
Le Riedenholzhof fait partie des neuf exploitations agricoles appartenant à la ville de Zurich exploitées de manière indépendante par des fermiers. Sur les quelque 810 ha de surface agricole utile que compte la ville, le Riedenholzhof en exploite 46 ha.
La ville est intéressée à bien entretenir la zone de loisirs. En tant que propriétaire, elle exerce une influence plus directe sur les terres agricoles concernées que si ces dernières appartenaient à des privés. Lorsqu’ils ont repris l’exploitation en 1998, les Küchler ont signé un contrat de bail avec le service Grün-Stadt Zürich. Ce contrat de bail stipulait que les exploitants devaient participer au travail de relations publiques lié au thème de l’agriculture. Au fil des ans, les visites de classes se sont muées en des événements majeurs dans l’agenda de l’exploitation. Le travail lié à cette activité est rémunéré à la fois par Grün Stadt Zürich et par le Zürcher Bauernverband. La demande est importante, explique Sepp Küchler. «Avec mes bufflonnes, j’ai en effet un petit côté exotique.» Les feed-backs des enseignants sont très positifs. Les Küchler reçoivent parfois de chaleureux messages de remerciements de la part des élèves: «14 jours après une visite, il nous est arrivé de recevoir une enveloppe pleine de dessins de la part des élèves venus visiter l’exploitation.»
Parfois quelques problèmes
Une telle proximité avec la ville n’a pas que des côtés positifs. Ces dernières années, les déchets jetés sur l’exploitation sont beaucoup plus nombreux. Certains détenteurs de chiens prennent certes parfois avec eux un sac pour ramasser les déjections canines, mais se contentent de jeter ce dernier et ce qu’il contient dans les champs. Les Küchler en sont d’autant plus irrités: «Lorsqu’un sac contenant des déjections canines se retrouve dans la ration distribuée à la crèche, l’effet est encore pire que s’il ne s’agissait que de déjections.»
Mais ce n’est pas tout. A une certaine période, des promeneurs ont même utilisé l’exploitation à titre de déchetterie pour des appareils électroniques. «Un matin, nous avons découvert un ensemble de canapés avec des lampes sur pied à l’entrée de l’exploitation. Tout avait été déchargé la nuit.»
Mais globalement, les avantages l’emportent sur les inconvénients. Et chaque exploitation est différente: «L’élevage de buffles, qui sont des animaux sensibles, reste une niche», explique l’agriculteur. «Il ne faut pas s’arrêter sur des détails mais plutôt expliquer aux gens comment on souhaite que les choses se fassent sur l’exploitation. Les choses finissent ensuite par s’arranger.»
AuteurManuel Fischer, Service d’information et de communication, LID, Weststrasse 10, 3000 Berne 6, www.lid.ch