Nombreux sont les enfants de paysan qui n’ont plus beaucoup de contact avec l’agriculture une fois adultes. Inversement, certains « enfants de la ville » choisissent consciemment le métier d’agriculteur ou d’agricultrice et le pratiquent avec conviction. Situé dans la commune zurichoise de Kilchberg, le domaine de « Stockengut » est connu pour accueillir la traditionnelle et prestigieuse fête de lutte de Kilchberg. Il est dirigé depuis 15 ans par d’expertes « mains citadines » : Gabi Caretta et Stephan Vetsch ont tous deux grandi en ville mais travaillent depuis plus de 30 ans dans l’agriculture.
Agriculteur, un métier de rêve
« Quand j’étais jeune, j’allais souvent aider un paysan de montagne durant les vacances avec mes parents », se souvient Stephan Vetsch. Enfant déjà, il savait qu’il voulait devenir agriculteur. Stephan Vetsch a donc étudié au « Tech », à Zollikofen, aujourd’hui appelé la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL). « J’ai finalement trouvé ma voie dans l’agriculture grâce à un ami d’études qui possédait une ferme », raconte Stephan Vetsch au sujet de son parcours.
Après avoir passé plusieurs années dans le canton de Berne, son épouse et lui-même sont devenus gérants du Stockengut à Kilchberg. « C’est moi qui ai entraîné mon épouse dans l’agriculture, mais nous avons toujours eu le souhait commun de pouvoir un jour exploiter une ferme de manière indépendante », explique Stephan Vetsch. En tant que nouveau venu dans l’agriculture, acquérir sa propre exploitation est avant tout une question d’argent, et obtenir un bail à ferme implique en plus le facteur chance : « Nous n’avons obtenu ni l’un ni l’autre, mais devenir gérant avec les conditions d’exploitation du Stockengut nous convenait bien. »
Linda Oswald, apprentie« Pendant un stage en Italie, j’ai réalisé que je n’avais pratiquement aucune idée de ce qui se cache derrière la production des aliments. »
De citadine à agricultrice
Gabi Caretta et Stephan Vetsch ne sont pas les seuls « enfants de la ville » au Stockengut : il y a aussi l’apprentie, Linda Oswald. « Nous avons déjà formé plusieurs citadin·es ; ce n’est pas quelque chose que nous appréhendons, car nous savons ce que c’est », explique Stephan Vetsch.
Originaire de la ville de Zurich, Linda Oswald est menuisière de formation. Elle effectue sa première année d’apprentissage sur le Stockengut dans le cadre d’une deuxième formation en tant qu’agricultrice. Son envie d’apprendre ce deuxième métier est principalement née d’une grande curiosité mêlée au besoin de combler certaines lacunes : « Pendant un stage en Italie, j’ai réalisé que je n’avais pratiquement aucune idée de ce qui se cache derrière la production des aliments », explique-t-elle.
Toujours moins de préjugés
Tout le monde a bien accueilli sa décision. « Il ne m’est encore jamais arrivé que quelqu’un veuille m’exclure à cause d’un manque d’expérience », relate Linda Oswald. A l’école professionnelle, elle n’est pas la seule nouvelle venue dans l’agriculture de sa classe.
Portraits d’exploitations
En 2022, dans le cadre d’une série d’articles, le LID (Service d’information et de communication agricole) présente des exploitations agricoles suisses exceptionnelles. Ces exploitations occupent de nouvelles niches ou relèvent de nouveaux défis.
Soutien et conseils concernant le travail de relation publique et le contact avec la clientèle sur www.lid.ch ➞ Bauern (en allemand uniquement).
Stephan Vetsch estime que c’était différent de son temps. « A l’époque de mon apprentissage, tout était encore plus traditionnel », se souvient-il. Ses parents avaient soutenu son choix, mais Stephan Vetsch garde un souvenir amer de sa dernière année d’école obligatoire : « Quand j’ai annoncé que je voulais devenir agriculteur, même mon enseignant s’est moqué. Ils ont trouvé mon choix étrange et pensaient que j’allais désormais toujours sentir mauvais. »
Domaine de Stockengut
- Exploitation : environ 50 ha de terres dans et autour de Kilchberg (32 ha d’herbages, 16 ha de grandes cultures, 2 ha de cultures spéciales, comme des arbres fruitiers ou des sapins de Noël)
- Cheptel : 26 vaches allaitantes (Grise rhétique), environ 1000 poules pondeuses, 9 chevaux en pension et quelques petits animaux (ânes, chèvres Bœr, cochons et lapins)
- Vente directe : principalement via leur propre magasin à la ferme ainsi qu’à la restauration (viande, œufs, pommes et produits de boulangerie fabriqués avec leurs propres céréales ainsi qu’un choix de divers produits provenant de fermes voisines ou de petits producteurs de la région)
L’agriculture pour tous
Malgré beaucoup de bienveillance, Linda Oswald est toujours confrontée à un préjugé : très souvent, les personnes extérieures supposent, en raison de son choix professionnel, qu’elle a grandi dans une ferme.
La société n’a pas encore complètement intégré le fait que le métier d’agriculteur·trice peut être appris par tout un chacun et est ouvert à tous. Stephan Vetsch est aussi convaincu que tout le monde peut entrer dans l’agriculture et qu’il n’y a pas d’obstacles insurmontables : « Il faut simplement se former et exercer ce métier avec plaisir. »