Comportement au quotidien
Parmi les reproches formulés à l’encontre de l’agriculture, le purin n’est pas le seul sujet qui fâche. Un séchoir qui fonctionne continuellement peut, par exemple, lui aussi fortement troubler une relation harmonieuse entre l’agriculteur et ses voisins. Il existe toutefois plusieurs moyens d’améliorer la cohabitation avec le voisinage. Les efforts consentis ont pour effet supplémentaire d’améliorer l’image de l’agriculture, qui est souvent attaquée.
Respecter les règles
Les règles sont bien entendu les mêmes pour les agricultrices et les agriculteurs que pour le reste de la population : il convient de respecter les directives en vigueur. En font notamment partie le fait d’éviter d’épandre des produits phytosanitaires en dehors de la parcelle ou du purin sur des sols gelés. Dans le cadre de ses études, la jeune agricultrice Maja Mogwitz a accompli un voyage agricole autour du monde et travaillé dans des domaines agricoles en Nouvelle-Zélande, au Chili et en Inde (voir encadré). Depuis son retour en Allemagne, elle conseille des agricultrices et des agriculteurs dans leur travail de relations publiques. L’experte en communication estime que les agricultrices et les agriculteurs devraient viser deux groupes de personnes : « Ceux qui voient tout ce que l’agriculteur fait parce que leur jardin jouxte son champ et ceux qui n’ont aucun lien avec l’agriculture parce qu’ils habitent dans une grande ville », constate l’agronome.
Cinq conseils de Maja Mogwitz en faveur d’une cohabitation harmonieuse
• Même si cela prend du temps et que les discussions ne sont pas toujours faciles, il faut prendre au sérieux les soucis et les préoccupations de la population et expliquer ce que l’on fait.
• On ne peut pas influencer son interlocuteur. Mais chacun peut commencer par lui-même, en restant ouvert au dialogue.
• Informer : placer des tablettes sur son stand de marché hebdomadaire et y présenter des vidéos de courte durée. Distribuer des flyers présentant la ferme ou des carnets de coloriage à l’intention des enfants.
• « Contaminer » les autres par son enthousiasme en organisant une journée portes ouvertes.
• Susciter l’intérêt des plus petits : faire un exposé à l’école ou au jardin d’enfants, ou inviter la classe de son enfant à la ferme.
La transparence favorise la compréhension
Le manque de compréhension entre les deux parties représente souvent un défi. « En tant qu’agricultrices et agriculteurs, nous pouvons uniquement contribuer à une meilleure compréhension en présentant notre travail de manière ouverte et informative et en faisant preuve de transparence », explique Maja Mogwitz. Pour mieux expliquer les pratiques agricoles aux habitants du village, elle recommande d’installer des panneaux en bordure de champ. « La meilleure solution consiste à expliquer les processus, par exemple de la manière suivante : c’est ici que pousse l’épeautre. Pour que nous puissions avoir des récoltes plus tard, nous devons apporter des éléments fertilisants et effectuer des traitements. Nous le faisons x fois par an. Nous respectons toutes les prescriptions et veillons à respecter la nature, car cette dernière est la base de notre travail. »
Portrait
Après ses études en sciences agronomiques, Maja Mogwitz a travaillé pendant deux ans pour le département Social media d’une entreprise agricole berlinoise. Elle a ensuite fait ses valises et réalisé un tour du monde agricole. Au final, elle a travaillé avec des agriculteurs dans huit pays et dialogué avec eux. Cette passionnée de communication partage ses expériences dans un podcast.
Des détails supplémentaires sont disponibles sur son site internet www.agrarweltreise.de ou sur son compte Instagram www.instagram. com / mayooonaise
Respecter les autres usagers de la route
Quelle que soit la situation, il est important que les deux parties soient ouvertes au dialogue, qu’elles s’écoutent, supportent la critique et ceux qui ont un avis différent. Il vaut la peine de marquer des points en œuvrant en ce sens : les piétons et les cyclistes apprécient par exemple qu’on maintienne une certaine distance avec eux lorsqu’on les dépasse. Lorsque l’on circule en tracteur ou en moissonneuse-batteuse sur la route, il est bien de se rabattre vous laisser passer les autres usagers de la route et de les saluer. Et lorsque les machines et les pneus sont recouverts de boue, le simple fait de les nettoyer contribue déjà largement à entretenir des rapports plus harmonieux. « Dans la mesure du possible, je recommande à mes interlocuteurs et interlocutrices de sourire à leurs voisins, de les saluer, voire de les arrêter et de discuter avec eux. Et lorsqu’on en a le temps, on peut aussi prendre leurs enfants sur le siège du tracteur, en prenant soin d’éteindre le moteur », suggère l’experte en communication. On sait que les enfants s’enthousiasment facilement, et l’on s’attire ainsi leur sympathie.
Être atteignable par WhatsApp et par e-mail
Au moment d’épandre des produits phytosanitaires ou de puriner, il s’agit de faire preuve de respect. Ainsi, lorsqu’on travaille en bordure de champ, il faut veiller à laisser passer les promeneurs et les cyclistes avant de poursuivre son travail. Il arrive parfois que la météo oblige à puriner un dimanche. Mais, en faisant preuve d’un peu d’organisation, on peut éviter de le faire sur les parcelles jouxtant une zone d’habitation. Au moment de choisir la parcelle pour puriner, il est également important de tenir compte du vent. Les groupes de purinage WhatsApp ont faire leurs preuves pour désamorcer les conflits liés au purinage : ils permettent d’informer les voisins par WhatsApp avant d’épandre du purin à proximité de chez eux.
Communiquer, mais bien
En 2020, dans chaque édition de la Revue UFA, le LID (service d’information et de communication agricole) présente, dans le cadre de sa série « Communiquer, mais bien », comment les agricultrices et les agriculteurs peuvent promouvoir l’agriculture auprès de la population grâce à une communication adéquate. Vous trouverez des conseils utiles à ce sujet sur www.lid.ch.
Bien faire les choses et le faire savoir
Il est judicieux d’investir dans une présence sur un média social efficace. « Aujourd’hui, tout le monde passe plusieurs heures par jour sur son portable. Un citadin aura plutôt tendance à chercher des réponses à ses questions sur les canaux des média sociaux qu’à venir frapper à la porte de la ferme », explique Maja Mogwitz. A son avis, les fermes qui ne disposent pas d’un site internet ratent certaines opportunités. « Les médias apprécient aussi que des agriculteurs actifs expliquent leur travail et les défis auxquels ils sont confrontés. » L’agricultrice souhaiterait que les agriculteurs évoquent plus souvent leur travail, leurs idées et les progrès accomplis.
AuteuresMelina Griffin et Christine Nussbaumer, Service d’information agricole LID, 3000 Berne