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Gestion

Comment sortir du cercle vicieux

Penser durable ne s’applique pas qu’à l’écologie : les plans économique et social sont tout aussi importants. Trouver, au sein d’une exploitation, un juste équilibre entre ces différents paramètres permet de réduire sa charge de travail et d’assurer son existence.

Pour sortir de manière pérenne du cercle vicieux, il est essentiel de prendre en compte les aspects sociaux, environnementaux et économiques. Ne considé...

Pour sortir de manière pérenne du cercle vicieux, il est essentiel de prendre en compte les aspects sociaux, environnementaux et économiques. Ne considérer que certains intérêts particuliers entraîne le risque de négliger d’autres paramètres importants pour l’entreprise.

(iStock)

Publié le

Conseiller et coach, Inforama

Dans de nombreuses fermes, la charge de travail est énorme et les agriculteurs·trices réfléchissent à une manière de la réduire. C’est le cas de l’un d’entre eux, qui travaille en zone de montagne. Sa surface d’exploitation n’a cessé d’augmenter, mais il n’en va pas de même pour les différents bâtiments d’exploitation. Ainsi, ne pouvant plus loger tous ses animaux au même endroit, l’agriculteur en question devait souvent traire ses animaux dans plusieurs étables. En hiver surtout, les journées se résumaients aux travaux à l’étable, ce qui pesait sur le moral de tout le monde. Aussi la famille a-t-elle décidé de construire un nouveau bâtiment, dont le financement était justement assuré au moment considéré.

Charge déplacée plutôt que réduite

Un an plus tard, le nouveau bâtiment est érigé. Cependant, si le travail d’étable peut désormais être effectué avec plus d’efficience, l’agriculteur est contraint d’exercer une activité accessoire, afin de couvrir les coûts liés à l’emprunt contracté pour la nouvelle construction (intérêts et amortissements). Ainsi, au final, la charge de travail n’a pas diminué et la vie de famille en pâtit à nouveau – c’est le serpent qui se mord la queue. Avec le recul, force est de constater que l’investissement n’était pas viable, les aspects social et économique ayant été négligés.

Impliquer tout le monde et anticiper

La manière dont une exploitation est gérée au fil des générations détermine sa longévité. Aujourd’hui comme alors, l’objectif est de vivre de sa production et de transmettre l’entreprise à la génération suivante dans un état qui lui permette elle aussi d’en vivre ; construire une étable ou cultiver de nouvelles plantes sont autant de projets de longue haleine à envisager dans une perspective générationnelle. Pour ces raisons, les exploitations agricoles familiales ne peuvent suivre les tendances économiques (parfois éphémères) que de manière limitée.

Gérer une exploitation de manière durable requiert aujourd’hui un esprit d’entreprise à plusieurs niveaux. Pour ce faire, il faut par exemple agir en amont, en impliquant toutes les personnes concernées et en faisant en sorte qu’elles réfléchissent toutes régulièrement à l’avenir de l’exploitation (et surtout, en parlent) – quand bien même le temps et le travail pressent. Ce faisant, il s’agit d’imaginer différents scénarios, de les chiffrer ainsi que d’en définir conjointement les implications sur les plans économique, social et écologique. Cette manière de procéder permet d’esquisser des solutions parfois surprenantes, mais dans tous les cas pérennes, renforçant l’entreprise familiale.

Les entreprises familiales n’ont pas besoin de combattants solitaires

Aujourd’hui, avoir le regard exclusivement dirigé sur son exploitation ne suffit plus pour gérer cette dernière adéquatement : il convient d’élargir son horizon, afin d’identifier les difficultés avant qu’elles ne se manifestent. Pour ce faire, il faut notamment s’intéresser à l’actualité mondiale et se confronter aux réflexions de personnes éloignées du monde agricole, permettant d’obtenir la vue d’ensemble requise. De même, il ne s’agit plus de mener des combats solitaires, mais d’œuvrer au sein d’une équipe, ainsi que d’en connaître les différents talents et d’encourager ces derniers. Enfin, il faut identifier ses forces et ses faiblesses. Ce faisant, il est plus facile de savoir comment adapter les capacités de l’entreprise en fonction des tendances à venir. En respectant ces conditions, le travail devient plus agréable et fait progresser l’exploitation dans son ensemble.

Il ne s’agit plus de mener des combats solitaires, mais d’œuvrer au sein d’une équipe.

Le mieux est l’ennemi du bien

En Suisse, les exploitations agricoles familiales suivent un modèle très traditionnel. Or, si les modalités de gestion restées inchangées depuis des générations ne sont pas nécessairement mauvaises, elles ne sont pas forcément appropriées non plus. Selon le principe de Pareto (cf. encadré), bien fixer les priorités permet souvent de réaliser 80 % du travail avec 20 % des efforts. Viser un « bon » plutôt qu’un excellent rendement permet ainsi d’économiser du temps, lequel peut être réinvesti là où il est impératif d’obtenir un résultat maximal (p. ex. pour calculer la viabilité d’une nouvelle étable pour vaches laitières). 

Plus d’efficience grâce au principe de Pareto

Egalement appelé « règle des 80 / 20 », ce principe a été énoncé par l’ingénieur, économiste et sociologue italien Vilfredo Pareto. En étudiant la répartition de la propriété foncière en Italie, il y a plus de 100 ans, il a constaté qu’environ 20 % de la population possédait environ 80 % des terres, un rapport qui sous-tend aussi la gestion du temps de travail. Appliqué dans ce domaine, ce principe se traduit comme suit : pour de nombreuses tâches, environ 20 % des ressources produisent 80 % du résultat ; à l’inverse, les 20 % restants de ce dernier « consomment » 80 % des ressources. Dans sa pratique professionnelle quotidienne, il y a donc toujours lieu de se poser les questions suivantes :

– Vaut-il la peine d’investir son énergie dans des tâches de détail chronophages si elles n’améliorent que peu le résultat ?

– Ne serait-il pas préférable de reporter un projet inefficace, voire de l’abandonner complètement ?

– Est-il possible de déléguer les 20 % restants du travail considéré pour que le « maillon » suivant dans la chaîne de production puisse à son tour générer efficacement les 80 % du résultat attendu ?

Le principe de Pareto permet d’identifier plus facilement les travaux inefficaces. Il n’intervient toutefois que dans les cas où un résultat acceptable suffit déjà à atteindre l’objectif visé. Utilisé correctement, il évite de tomber dans le piège du perfectionnisme, qui emprisonne et empêche parfois de finir une tâche. En cela, il suit la devise suivante : « done is better than perfect » (une tâche accomplie vaut mieux qu’une tâche parfaite).

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