Lorsqu’un couple décide de se marier, les discussions concernant un divorce éventuel sont tout sauf bienvenues. En se disant « oui », les conjoints pensent et souhaitent rester ensemble toute leur vie. Aborder ce sujet peut déstabiliser la personne à qui l’on s’adresse et la mettre sur la défensive.
Or il est tout à fait justifié d’aborder ce sujet délicat avant le mariage, car actuellement, en Suisse, deux couples sur cinq divorcent. Il n’existe pas de chiffres précis concernant les divorces au sein de la population agricole. On constate néanmoins que les couples d’agriculteurs sont eux aussi affectés par des problèmes de divorce et que la tendance est à la hausse.
En se mariant, les conjoints concluent un contrat dans le cadre duquel ils s’engagent à vivre ensemble à l’avenir. Dans tout autre contrat, les conditions de résiliation et les autres conventions sont clairement définies et connues avant la signature. Mais pourquoi ces règles ne s’appliquent-elles pas au mariage ? Pourquoi ne pas en parler ? Ici, vous apprendrez quels sont les points qui devraient être évoqués avant le mariage.
explique une paysanne divorcée« Un conseil aux personnes mariées ? Parler, parler et encore parler ! N’attendez pas jusqu’à ce que la coupe soit pleine, mais parlez avant »
Viser une relation harmonieuse
Après le mariage, tout ne coule pas nécessairement de source pour les conjoints. Ils doivent soigner la relation de couple, qui est soumise à des bouleversements majeurs parce que la vie et les souhaits individuels changent. Les éléments suivants peuvent contribuer à une « relation harmonieuse » :
- Prendre du temps pour discuter ensemble et pour évoquer ses joies, soucis, craintes, attentes et expériences.
- Réexaminer de temps à autre les objectifs, les rôles, les responsabilités, les tâches et les processus de travail. Si nécessaire les renégocier et en convenir de nouveaux.
- S’aimer et se soutenir mutuellement.
- Avancer en tant que couple tout en restant une personne indépendante et autonome dans la vie.
Le divorce survient de manière sournoise
Lorsque la relation de couple bat malgré tout de l’aile pour diverses raisons, la décision de se séparer et de divorcer n’est jamais prise du jour au lendemain. Le chemin de croix qui dure jusqu’au jour où un des conjoints décide de faire le pas dure parfois des années.
La concrétisation et la prononciation du divorce sont un moment décisif dans la vie de la famille toute entière. « Le jour où j’ai quitté la maison où nous vivions ensemble a indéniablement été le moment le plus difficile. C’est à ce moment-là qu’on réalise vraiment ce qu’une séparation signifie », explique une des agricultrices concernées. Surtout pour la personne qui quitte la ferme, en général la femme, c’est tout un pan de vie qui s’effondre. Le domaine où la famille vit en commun, où elle passe ensemble son temps de loisir et où elle a noué ses contacts sociaux fait aussi souvent office de lieu de travail et de base existentielle. Le conjoint qui reste à la ferme doit quant à lui tout à coup effectuer des travaux précédemment réalisés par sa partenaire et reprendre son rôle. On doit alors s’attendre à une surcharge physique et émotionnelle. Ici, vous en apprendrez davantage sur les conséquences financières d’une séparation et sur les mesures à prendre.
Source : enquête réalisée dans le cadre du projet « Les divorces dans l’agriculture », HAFL 2019.« 42 % des participant(e)s à l’enquête ont divorcé dans l’année suivant la séparation. En moyenne, deux années se sont écoulées entre le moment de la séparation et le divorce »
Plusieurs procédures possibles
Lorsque l’union conjugale est censée être dissoute définitivement après la phase de séparation, le divorce est inévitable. En principe, les conjoints ont alors trois alternatives à disposition. Cet article décrit ces procédures. Le divorce conduit à la dissolution de l’union conjugale. Après le divorce, tout ce qui était auparavant un élément de la vie commune est dissocié, dans la mesure du possible. Sachant que certains sujets de friction, comme les enfants communs, subsistent après le divorce, la loi mentionne les points que les époux doivent respecter dans un contrat appelé convention de divorce. Lisez les articles à ce sujet en ici et ici. Vous y apprendrez comment les paysannes et les paysans divorcés ont réglé les effets du divorce et quelles en ont été les conséquences, en particulier sur l’exploitation agricole.
Se faire aider
Une séparation et un divorce pèsent lourdement sur les personnes qui y sont confrontées. Les conséquences individuelles varient beaucoup selon les cas. Il est donc important que les personnes concernées se fassent aider par des professionnels, que ce soit au niveau psychologique ou pour élaborer une convention de divorce. Cet article énumère les solutions à disposition et fournissent des informations détaillées.
Dans l’agriculture suisse, les chefs d’exploitation sont majoritairement des hommes. Ce sont aussi eux qui sont généralement propriétaires du domaine. C’est pourquoi nous sommes partis du principe, sauf mention contraire, que les hommes étaient propriétaires et chefs d’exploitation et que les femmes étaient non-propriétaires et non-exploitantes à titre personnel.
Remerciements
Ce cahier spécial de la Revue UFA est le résultat du projet de recherche consacré aux divorces dans l’agriculture de la Haute école suisse des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (BFH-HAFL). Ce projet avait notamment pour but de développer une base de données détaillée sur les divorces au sein de l’agriculture suisse. Les résultats doivent aboutir à la création d’un guide à l’intention des familles et des couples agricoles, afin de les aider en cas de divorce et de leur fournir des informations spécifiques. Actifs dans la pratique, les partenaires suivants ont participé au projet : Ueli Straub (Agridea), Agnes Schneider (médiation), Irene Koch (avocate), Silvia Hohl (vulgarisation et formation agricole, à la retraite) et Karin Mattmann-Beerli (fiduciaire). Plusieurs institutions ont siégé à titre consultatif et à des fins d’assurance qualité au sein du groupe de suivi de projet, à savoir l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), Agriexpert Union suisse des paysans (USP), l’Union suisse des paysannes et femmes rurales (USPF) et le département Travail social de la Haute école bernoise. Le projet a été financé par l’Office fédéral de l’agriculture et la Fondation Sur-la-Croix. Nous tenons à remercier ces deux institutions.