Une fois l’étape de documentation d’un projet de développement régional (PDR) terminée, le dossier relatif au projet global et à ses sous-projets, élaboré par les porteurs de projet en collaboration avec un coach, fera l’objet d’une évaluation avant d’entrer en phase de mise en œuvre. En cas d’évaluation positive, la Confédération, le canton et le porteur du projet concluront alors une convention, avec une décision de soutien financier pour la réalisation du PDR. En plus de l’aide au financement des infrastructures, des contributions peuvent être allouées pour la direction du projet, le développement et la commercialisation de produits agricoles et d’offres agrotouristiques, ainsi que pour le marketing.
Série consacrée aux PDR
Développer l’espace rural et en parallèle les produits régionaux : tel est l’objectif poursuivi par la politique agricole de la Confédération avec son instrument nommé « Projets de développement régional (PDR) ». Dans sa série en trois volets, dont voici le dernier, la Revue UFA présente les aspects suivants :
- Partie 1 : esquisse de projet et étude préliminaire
- Partie 2 : étape de la documentation
- Partie 3 : mise en œuvre de l’ensemble du projet
Les activités de mise en œuvre
Concrètement, les activités de mise en œuvre dépendent de la trajectoire du PDR global et de ses sous-projets. La conception, le renouvellement ou l’extension d’infrastructures, dans la plupart des cas destinées à la production ou la transformation de matières premières agricoles, constituent un noyau important de nombreux PDR. La mise en place et le développement de structures de commercialisation et du marketing ont également une très grande importance.
Un grand nombre de PDR se concentrent sur la production, la transformation et la commercialisation visant à augmenter la création de valeur dans l’agriculture régionale. Souvent, les projets prévoient en outre des offres agrotouristiques ou des événements en relation avec la commercialisation de produits locaux. La combinaison « bons produits et événements » est justement une idée centrale du PDR « Région des saveurs », regroupant les communes schaffhousoises de Wilchingen, d’Osterfingen et de Trasadingen. Leur axe principal réside dans le développement et la commercialisation d’activités en lien avec le vin. Ce projet vise à générer une plus-value pour l’agriculture régionale, ainsi qu’à renforcer la collaboration et à créer des synergies avec le secteur du tourisme.
La Confédération prévoit de développer encore les PDR
Depuis le 1 er janvier 2007, les projets de développement régional (PDR) peuvent être soutenus financièrement par des contributions et des crédits d’investissement. Jusqu’à présent, 15 PDR ont été réalisés, 18 sont en phase de mise en œuvre et 17 en planification des détails. Les contributions allouées aux PDR par la Confédération ces dernières années se sont montées à environ cinq millions de francs par an.
Une évaluation intermédiaire menée en 2017 a montré que les PDR constituaient un instrument d’encouragement pertinent, dont il faut néanmoins encore renforcer l’impact. L’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) prévoit donc de développer les PDR, avec en ligne de mire la différenciation entre deux types de projets : en plus des PDR éprouvés et largement soutenus dans les régions (p. ex. dans les vallées de montagne telles que le Val d’Illiez VS ou le Val Poschiavo GR), d’autres PDR mettant l’accent sur les filières de l’agriculture régionale (p. ex. production de noix) devraient bénéficier d’un soutien. Il s’agira en outre d’harmoniser les taux de contribution en faveur des PDR avec ceux des autres améliorations structurelles.
La PA22+ entend par ailleurs promouvoir une agriculture adaptée aux conditions locales par des stratégies agricoles régionales (SAR). Ainsi les PDR pourront-ils bénéficier d’une contribution fédérale plus élevée s’ils contribuent de manière avérée à poursuivre ces stratégies.
Tout n’est pas systématiquement réalisé
Un constat important tiré de plusieurs PDR est que tout ne peut pas se concrétiser, si soignée la planification soit-elle. C’est ce que confirme Jakob Stoll, ancien président de l’association Prewo pour le développement régional de Wilchingen-Osterfin-gen-Trasadingen : « Durant la réalisation, nous avons sans cesse apporté des modifications aux sous-projets.
Jakob Stoll, ancien président de l’association Prewo pour le développement rérional de Wilchingen-Osterfingen-Trasadingen.« Nous avons créé quelque chose de magnifique. »
Nous avons dû optimiser par-ci, élaguer parlà, et adapter les plans d’affaires. C’est somme toute normal pour un projet de cette envergure ». Ceci étant, la rentabilité est l’élément-clé : dès la phase de mise en œuvre, il vaut la peine de s’interroger sur les activités n’étant ni indispensables au système, ni autosuffisantes, et éventuellement d’y renoncer, même si celles-ci étaient prévues depuis le début et financées. À l’inverse, cette étape donne lieu à d’autres idées et projets à assimiler au PDR, qui en poursuivent les buts ou aident à les atteindre. Quelle que soit l’étendue de la planification, les choses sérieuses commencent donc vraiment lors de la réalisation.
Le succès demande du temps
La création de valeur suppose au final de parvenir à vendre les produits et les services. De nombreux PDR s’articulent autour de produits existants. En revanche, dès qu’il s’agit de développer de nouveaux produits ou canaux de vente, il faut beaucoup de temps, et souvent plus que les six ans prévus par la phase de mise en œuvre. Un positionnement de marché réussi nécessite plutôt une dizaine d’années, ce qui pose des exigences élevées par rapport au financement des infrastructures et du marketing.
Les PDR fonctionnent
Aucune hésitation de la part de Jakob Stoll quant au bilan global du PDR Région des saveurs : « Nous avons créé quelque chose de magnifique. Tous faisaient autrefois cavalier seul. Aujourd’hui, nous avons une entente commune. » L’évaluation intermédiaire montre que les PDR fonctionnent. Et même si tous les résultats visés n’ont pas été atteints, chaque projet contribue sensiblement à la création de valeur dans l’économie agroalimentaire. L’impact des PDR sur la création de valeur est particulièrement important dans les régions rurales et périphériques, où l’agriculture joue un rôle économique prépondérant.
Etape de mise en œuvre des PDR
Tous les résultats de l’étude préliminaire et de la phase de documentation constituent la base de la réalisation des projets. Plus les travaux préparatoires sont précis et réalistes, plus la réalisation sera facile. Lors de cette étape également, il peut être recommandé de suivre un plan méthodique aidant à garder une vue d’ensemble. L’étape de réalisation peut se subdiviser en trois phases durant lesquelles le centre d’attention est adapté en fonction de l’avancement des travaux.
Peu avant le début de la mise en œuvre, la direction de projet est surtout affairée à clore l’étape de documentation. Pendant ce laps de temps, les porteurs de projet ont tout intérêt à accomplir les deux tâches suivantes :
- Clarifications finales par rapport au financement du projet, ce jusqu’au moindre détail tel que la création d’un compte de construction ;
- Clôture du processus d’autorisation de construction pour les projets d’infrastructure (si cela n’a pas déjà été accompli lors de la phase de documentation). En cas de difficultés, il vaut mieux éviter toute confrontation avec les autorités responsables et plutôt collaborer avec elles pour trouver une solution.
Sitôt la réalisation lancée, les chefs d’exploitation et les porteurs de projet seront accaparés par les activités suivantes :
- Contrôles rigoureux des activités de mise en œuvre, qui sont spécialement utiles pour les projets d’infrastructures, car le dépassement du budget peut fortement compromettre leur rentabilité. Lorsqu’une institution impliquant plusieurs acteurs (p. ex. coopération ou association) est le porteur de projet, les contrôles doivent être bien organisés ; principalement sous la forme d’une commission de construction disposant du savoir-faire et des compétences nécessaires.
- En parallèle, il faut continuer de gérer correctement des activités opérationnelles usuelles, ce qui requiert une bonne organisation.
Outre le suivi de la mise en œuvre, la principale activité de la direction de projet consiste à préparer et à lancer la communication et la commercialisation prévues par le PDR. Des opérations percutantes et efficaces dans ces domaines peut fortement influer sur la rentabilité des sous-projets.
Durant la dernière phase, il s’agit pour les porteurs de projets de lancer l’exploitation des nouvelles infrastructures. La direction de projet doit alors veiller à consolider et, le cas échéant, à adapter la communication et la commercialisation.