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Production animale

Réduire les émissions d’ammoniac

Depuis longtemps déjà, l’alimentation à faible teneur protéique est un sujet important en production porcine et en aviculture. Pour les bovins aussi, des mesures liées à l’alimentation permettent de réduire les émissions d’azote. Dans le cadre d’un essai, les effets d’une alimentation à faible teneur protéique complétée par des acides aminés ruminoprotégés ont justement été étudiés chez les vaches laitières.

L’exploitation « Wallierhof » à Riedholz a participé à l’essai. 

L’exploitation « Wallierhof » à Riedholz a participé à l’essai. 

(Photo: Wallierhof)

Publié le

Diplômée de la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL

Enseignant en nutrition animale, haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL

L’azote joue un rôle essentiel dans l’agriculture. Sous forme hydrosoluble, comme le nitrate, l’ammonium ou l’urée, il contribue largement à améliorer les rendements des cultures. Toutefois, s’il parvient dans l’environnement sous forme d’ammoniac ou de protoxyde d’azote, il a des répercussions négatives. En effet, l’ammoniac perturbe par exemple l’équilibre des écosystèmes sensibles, tels que les tourbières ou les forêts, car il y introduit des nutriments indésirables. En Suisse, la plus grande partie des émissions d’azote nuisant à l’environnement provient de l’agriculture. En particulier, l’élevage de vaches laitières et de bétail d’engraissement émet des quantités d’azote élevées sous forme d’ammoniac. Ainsi, une vache laitière produisant annuellement 7500 kg de lait en moyenne excrète par exemple quelque 112 kg d’azote par an, dont une grande partie sous forme d’urée. Eliminée avec l’urine, l’urée est dégradée en ammoniac par des microorganismes du lisier ou du sol.

Pertes d’azote en production animale

Pour atteindre les objectifs agroécologiques de la Confédération en matière de diminution des pertes d’azote, les agriculteurs·trices doivent prendre des mesures à tous les niveaux de la production animale : gestion des engrais de ferme, modalités de détention et alimentation des animaux. En adaptant cette dernière, ils peuvent limiter considérablement la quantité d’azote excrétée, et ce, au début de la chaîne de production déjà. Pour ce faire, ils devraient notamment réduire la teneur en protéines des fourrages. Du reste, les porcs et la volaille sont affouragés depuis des années déjà avec des aliments de ce type, appauvris en azote et en phosphore (NPr). Cette teneur est adaptée aux besoins des animaux en fonction de la phase d’engraissement, ce qui réduit globalement la quantité de protéines dans les aliments. Ce faisant, pour s’assurer que ces besoins sont malgré tout couverts et que le potentiel de production est exploité, les aliments sont complétés avec des acides aminés synthétiques (p. ex. lysine).

Selon diverses études, une alimentation optimisée en protéines peut aussi diminuer les émissions d’azote dans l’élevage bovin. Cependant, le système de pré-estomacs et le métabolisme protéique plus complexe des ruminants font qu’il est plus difficile de calculer les besoins et les apports en acides aminés requis, qui doivent dès lors être estimés. Réduire les protéines dans les rations des ruminants est donc plus compliqué que pour les porcs et la volaille. De plus, les acides aminés apportés en complément doivent être protégés de la dégradation ruminale, sans quoi leur effet est nul.

L’essai

Dans le cadre d’un essai pilote, les effets d’une alimentation à faible teneur protéique, complétée par des acides aminés rumino-protégés, ont été étudiés dans l’exploitation agricole de Rütti et celle de Wallierhof durant deux hivers. Les troupeaux laitiers de chacune des fermes ont été divisés en deux et répartis dans les groupes « Essai » et « Contrôle ». Après quatre semaines, les groupes ont été inversés et une deuxième période d’expérimentation a suivi. La ration de base était identique dans les deux groupes. Dans le groupe « Essai », la teneur en protéine brute (PB) de la ration a été diminuée de 10 g / kg de matière sèche (MS) (voir tableau 1). Pour ce faire, le concentré protéique a été réduit d’environ 1 kg par vache et par jour. Afin que la quantité de concentrés reste identique dans les deux groupes, la part de concentré protéique supprimée a été remplacée par un aliment de production. De plus, la ration du groupe « Essai » a été complétée par le produit « UFA-Aminobalance », qui contient de la lysine et de la méthionine, deux acides aminés rumino-protégés (voir encadré). Cette manière de faire a permis de s’assurer que les quantités de lysine et de méthionine digestibles se situaient au même niveau dans les rations des deux groupes.

La teneur en urée du lait permet d’estimer les émissions d’ammoniac.

Diminution de la teneur en urée du lait

Aucune différence significative n’a été constatée dans l’essai en ce qui concerne la production laitière et les teneurs du lait en matière grasse et en protéine. En revanche, une nette diminution a été observée s’agissant de la teneur en urée dans les échantillons de lait des groupes « Essai » (voir tableau 2) : en adaptant la ration, cette teneur a baissé de près de 4 mg / dl de lait. Relevons qu’elle sert d’indicateur pour le rapport entre l’approvisionnement en pro téines et en énergie dans la panse. Avec une ration équilibrée, la dégradation et la transformation des nutriments dans le système digestif se déroulent de manière optimale. En revanche, en cas d’approvisionnement excessif en protéines, l’azote excédentaire issu de la dégradation des protéines dans la panse est transformé en ammoniac, puis en urée. Cette dernière est excrétée principalement par l’urine, mais on la retrouve aussi en partie dans le lait. Les teneurs en urée dans le lait et dans l’urine étant fortement corrélées, celle dans le lait permettent d’estimer celle présente dans l’urine, et donc, indirectement, d’évaluer aussi les émissions d’ammoniac. Sur cette base, la modification attendue des émissions d’ammoniac est de 2,5 % pour 1 mg / dl. La diminution de la teneur en urée obtenue dans cet essai, de près de 4 mg / dl, correspond ainsi à une baisse des émissions d’ammoniac d’environ 10 %.

Potentiel de réduction de l’ammoniac

Les essais réalisés montrent que l’utilisation d’aliments à faible teneur protéique, complétés par des acides aminés synthétiques, dispose de potentiel chez le bétail laitier. Pour couvrir les besoins en acides aminés de manière optimale tout en évitant des baisses de productivité, il est recommandé d’étudier à l’avenir une complémentation avec d’autres acides aminés rumino-protégés. L’ammoniac ayant clairement un effet nocif sur l’environnement, il est important d’en limiter les émissions. A cet effet, réduire la teneur en PB de la ration permet de diminuer de presque 10 % les excrétions d’azote, et ainsi, celles d’ammoniac (env. –10 %). Une marge de progression existe pour d’autres domaines de la chaîne de production laitière qui sont cruciaux pour limiter les pertes d’ammoniac, à savoir le système de stabulation ainsi que le stockage, le traitement et l’épandage des engrais de ferme. Pour conclure, les émissions d’azote (et par là, les nuisances environnementales liées à la production laitière) peuvent être notablement réduites en prenant des mesures ciblées tant au début de la chaîne de production que plus tard, au niveau de la gestion des engrais de ferme. 

UFA-Aminobalance

Dans de nombreuses exploitations laitières à haut niveau de production, les vaches ne parviennent pas, durant la phase de démarrage, à suffisamment couvrir leurs besoins en protéines microbiennes et en acides aminés issus de celles-ci. La lysine et la méthionine sont les premiers acides aminés limitants.

La spécialité « UFA-Aminobalance » permet de compenser les déficits en lysine et en méthionine dans les rations destinées au bétail laitier sans augmenter significativement la teneur en protéines. Dans la panse, les acides aminés sont protégés de la dégradation par les microorganismes et donc disponibles dans l’intestin grêle. L’efficacité protéique étant ainsi améliorée, il n’est pas forcément nécessaire de recourir à plus de protéines pour produire davantage de lait. De plus, la production d’urée diminue, ce qui soulage le foie et le métabolisme.

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