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Production animale

Brebis en santé, agneaux en santé !

La période précédant l’agnelage est cruciale pour garantir que les brebis entament la période d’allaitement en bonne santé et que les agneaux bénéficient d’un bon départ. Une alimentation ciblée constitue un levier essentiel pour soutenir leur santé et leur développement.

Assurer la santé des moutons n’est pas une opération qui va de soi. La toxémie de gestation peut entraîner des pertes élevées si l’on n’agit pas rapidem...

Assurer la santé des moutons n’est pas une opération qui va de soi. La toxémie de gestation peut entraîner des pertes élevées si l’on n’agit pas rapidement. 

(Photo: Fabienne Mäder)

Publié le

Chef du secteur marketing, UFA SA

Spécialiste bovins, UFA SA

En bref

  • La toxémie de gestation reste une maladie métabolique répandue dans la garde de moutons.
  • Les apports en énergie doivent être adaptés à l’état d’embonpoint des brebis avant l’agnelage.
  • Au plus tard un mois avant l’agnelage, les brebis devraient recevoir la même ration que celle du début de lactation.

La santé et la productivité des brebis sont des prérequis indispensables à l’élevage d’agneaux vigoureux. Une attention particulière doit être portée à l’alimentation des brebis au cours des deux derniers mois de gestation, car cette période joue un rôle déterminant dans la période d’allaitement qui suit. La toxémie de gestation demeure l’un des grands problèmes à surmonter pour maintenir les agneaux et les brebis en bonne santé.

Réagir face à la toxémie de gestation

La toxémie de gestation est une maladie métabolique très répandue chez la brebis, mais parfois aussi observée chez la chèvre. Semblable à la cétose des vaches, elle survient toutefois chez les brebis pendant la gestation, et non en début de lactation (comme c’est le cas pour les vaches laitières). Les brebis âgées ou celles concernées par des gestations multiples y sont particulièrement prédisposées.

Aussi désignée par le terme de « maladie des agneaux jumeaux » dans les pays francophones ou anglophones, cette affection résulte d’un déficit énergétique avant l’agnelage. Pour combler leurs besoins, les brebis puisent alors dans leurs réserves de graisse corporelle. Or, en cas de mobilisation excessive de cette dernière, le foie peine à transformer les acides gras libres en glucose et produit des corps cétoniques, perturbant le métabolisme autant que le système nerveux. Parallèlement, le foie transforme les acides gras libres en triglycérides qu’il stocke, entraînant une dégénérescence graisseuse du foie (stéatose hépatique), qui, à son tour, affaiblit l’organe et entrave encore davantage le métabolisme énergétique ainsi que la production de glucose.

Le déficit énergétique peut être lié à plusieurs facteurs qui, s’ils sont combinés, aggravent encore le tableau clinique. D’une part, la croissance des fœtus au cours du dernier mois de gestation réclame de l’énergie. A son tour, l’augmentation de taille de ces derniers réduit considérablement le volume à disposition de la panse. A partir du cinquième mois de gestation, selon le nombre d’agneaux présents, la brebis ne dispose plus que d’environ 50 % du volume originel de la panse, ce qui limite d’autant l’ingestion de fourrage et donc l’assimilation de nutriments. D’autre part, les fourrages grossiers, lorsqu’ils sont de piètre qualité, ne suffisent pas à couvrir les besoins accrus. Sans intervention rapide, la toxémie de gestation peut entraîner des taux de mortalité allant jusqu’à 90 % chez les brebis. Et même avec un traitement, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des attentes.

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La toxémie de gestation touche surtout les brebis âgées et celles qui ont des gestations multiples, car leur métabolisme est particulièrement sollicité.

(Photo: UFA SA)

Réduire les facteurs de risque

La prévention de la toxémie de gestation repose sur la réduction des facteurs de risque généraux. A cet effet, il s’agit par exemple de veiller à la bonne santé des onglons au moyen de soins adaptés, car les animaux qui peuvent se tenir debout sans problèmes sont mieux à même d’ingérer de grandes quantités de fourrage, tant au pâturage qu’à l’étable.

Par ailleurs, il faut éviter les sources de stress pendant le dernier mois de gestation, telles que l’exposition aux intempéries. En effet, l’humidité et le froid augmentent les besoins énergétiques pour l’entretien, ce qui a une incidence négative supplémentaire sur le bilan énergétique. Parmi les d’autres facteurs de stress à éviter figurent le transport, le regroupement et la tonte. Un autre facteur ayant une incidence sur la toxémie de gestation est la race des animaux : les races très fécondes, connues pour avoir de nombreuses naissances multiples et des poids élevés à la naissance, y sont particulièrement sensibles. Enfin, le risque augmente avec l’âge des brebis.

Notre conseil

  • Préparation précoce  L’approvisionnement en énergie des brebis doit être contrôlé tôt dans la gestation afin d’éviter toute accumulation de graisse. Il doit être augmenté ou réduit en fonction de l’état d’embonpoint.
  • Prévention du stress  Il convient de réduire les facteurs de stress tels que le transport, la tonte, les regroupements et l’exposition aux intempéries pendant le dernier mois de gestation, afin de ne pas influencer négativement le bilan énergétique des brebis.
  • Qualité du fourrage de base  La densité nutritionnelle doit être augmentée au plus tard quatre semaines avant l’agnelage, avec une préférence pour les fourrages de base de haute qualité comme le foin jeune, l’ensilage d’herbe ou de maïs. Les aliments complémentaires doivent être distribués en plusieurs portions afin d’éviter les variations de pH dans la panse.
  • Ration constante  La ration du dernier mois de gestation devrait déjà correspondre à celle du début de la lactation, afin de garantir une période exempte de stress autour de l’agnelage et de maintenir la stabilité du milieu ruminal.

Anticiper

La prévention alimentaire doit débuter dès les premières semaines de gestation. En particulier, il s’agit de surveiller l’état d’embonpoint des brebis au début de la gestation, qui est un indicateur clé : les brebis qui ont accumulé beaucoup de réserves corporelles dès le milieu de la gestation sont plus à risque de développer cette maladie métabolique. Leur approvisionnement en énergie doit donc être modéré jusqu’à environ cinq semaines avant l’agnelage.

Il faut éviter les sources de stress pour les brebis pendant le dernier mois de gestation.

Dans l’idéal, il est défini en fonction du nombre d’agneaux présents. Lorsque la détermination précise par échographie du nombre de fœtus est possible, regrouper les brebis sur cette base est une mesure ciblée bien appropriée. Plusieurs études ont montré que le moment propice pour ce faire est situé entre le 45 e et le 90 e jour de gestation. En effet, durant cette période, les fœtus sont déjà bien développés, tandis que l’utérus n’est pas encore trop grand pour fausser la représentation. Une fois les animaux répartis dans les groupes, l’alimentation peut être adaptée aux besoins spécifiques, par exemple avec un apport plus restrictif pour les gestations simples et un peu plus intense pour les gestations multiples.

La dernière ligne droite

La préparation à l’agnelage est essentielle pour garantir un allaitement réussi et des agneaux en bonne santé. Le moment où augmenter l’intensité de l’alimentation dépend surtout de l’état d’embonpoint des brebis. En principe, la densité nutritionnelle devrait être augmentée au moins quatre semaines avant l’agnelage, en utilisant les meilleurs fourrages de base disponibles. De même, la ration du dernier mois devrait être identique à celle prévue pour le début de lactation, afin d’éviter tout changement d’alimentation pendant la phase déjà stressante qui entoure l’agnelage. Autre avantage, la flore ruminale n’a ainsi pas besoin de s’adapter. En effet, seul un milieu ruminal stable permet une conversion alimentaire et un apport énergétique maximaux.

Au cours du dernier mois de gestation, la ration totale devrait contenir au moins 6,0 MJ NEL et 155 g / kg MS de protéine brute. Plus le fourrage de base est pauvre en nutriments (p. ex. vieux foin, foin écologique), plus l’aliment complémentaire doit être riche en nutriments. Il convient cependant de veiller à ne pas administrer de trop grandes quantités d’aliment complémentaire à la fois, car la taille de la portion a un impact direct sur le pH dans la panse et donc sur la flore ruminale. Toute variation de pH induit à son tour une baisse tant de la consommation totale que de l’indice de conversion alimentaire. 

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